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E. do REGO

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Le Mensonge peut courir un an, la vérité le rattrape en un jour, dit le sage Haoussa .

Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur.










Monday, June 01, 2009

Obama lance l'opération GM (Government Motors)


Obama en campagne à l'usine General Motors de Janesville (Wisconsin) en octobre 2008 (John Gress/Reuters)

La passion des Américains pour le « laisser faire » économique est très surfaite. Lorsque la crise frappe à la porte, ils sont les plus grands keynésiens de la terre. Et si un fleuron industriel vient à trember sur ses bases, ils ne disent pas non à une petite collectivisation des moyens de production. C'est ainsi que General Motors devrait tomber dans les jours prochains sous le contrôle de l'Etat fédéral.

Une opération monstreuse par son ampleur, le gouvernement injectant 50 milliards de dollars au premier constructeur automobile en faillite. Tout le monde, au sein de la nouvelle administration, patauge un peu dans ce dossier (ce n'est pas une opération très habituelle), mais le Trésor affiche un incroyable aplomb, suivant le vieil adage, « lorsque les événements nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs ».

Message central de l'opératon : la nationalisation est provisioire, et les 50 milliards seront revenus dans les poches du contribuable d'ici cinq ans.

Selon les projections du Trésor, rendues publiques par le Washington Post, la compagnie, qui croule sous le poids de ses engagements (retraites, notamment) va rebondir comme une fleur et va redevenir un acteur majeur du marché mondial. L'opération permettra de la débarrasser de tout ce qui l'encombre : ses marques en perte de vitesse, ses usines vétustes, son réseau de commercialisation archaïque…

Sans attendre, GM a déjà commencé à se délester d'Opel, au profit du canadien Magna. Par ailleurs, le syndicat automobile (United Auto Workers) a accepté des sacrifices salariaux qui permettront une économie d'un milliard de dollars. UAW, qui devrait devenir un des actionnaires importants de GM, a également renoncé à toute grève avant 2015.

« Très excités »

« Nous sommes très excités », a même osé s'enthousiasmer un conseiller ministériel, dans des confidences anonymes au Washington Post.

Les analystes, eux, restent un peu sceptiques. Cela fait des années que GM se débat dans ses problèmes financiers, la crise ayant donné le coup de grâce. Moins de 10 millions de voitures de toutes marques sont vendues chaque année sur le marché américain, contre 16 millions de voitures pendant les années fastes.

Le groupe devrait être mis « sous la protection du chapître 11 » dès lundi (c'est-à-dire en faillite), ce qui permettra de se débarrasser d'une partie de sa dette. Les gouvernements américains et canadiens devraient hériter de 72,5% du capital. Le syndicat devrait en prendre 17.5% et les porteurs d'obligations GM sont invités à renoncer à celles-ci, en l'échange de 10% du capital. Les actionnaires actuels, eux, n'auront que leurs yeux pour pleurer.

Selon les prévisions officielles rapportées par le Washington Post, le groupe vaudra 75 milliards de dollars en 2013… à comparer aux pauvres 450 millions de dollars que la Bourse attribuait vendredi à GM, et aux 25 milliards que le groupe valait encore il y a deux ans.

Mais à part le doigt mouillé d'un haut fonctionnaire inspiré, on ne voit pas trop quel instrument statistique a pu conduire à une telle projection. La part de l'Etat, qui aura alors été un peu « diluée » du fait de quelques augmentations de capital, vaudra 46 milliards de dollars.

Si le pari optimiste du Trésor échoue, si le constructeur ne retrouve pas en Bourse la valeur prévue, le contribuable ne sera pas le seul à perdre des plumes : de la valeur de GM dépendra également le niveau de couverture d'assurance maladie des centaines de milliers de retraités du groupe.

Interventionnisme fédéral ou pas, c'est toujours le marché qui finira par avoir le dernier mot.



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