mardi 2 juin 2009
Les banques, l’assurance, l’automobile : partout l’Etat américain intervient pour éviter la catastrophe. L’engagement de la puissance publique dans l’économie atteint à présent des niveaux inégalés depuis le New Deal, comme en témoigne un déficit budgétaire qui, en 2009, se situera à 13 % du produit national brut...
Dans le cas de l’automobile, la nationalisation de General Motors (l’Etat va détenir 60% du capital) est justifiée, selon le président Barack Obama, par les « dégâts considérables » qu’aurait provoqués une liquidation de l’entreprise. Le puissant syndicat de l’automobile sera également actionnaire (à hauteur de 17 %) de General Motors au moment où celle-ci va supprimer près de 20 000 emplois pour, dit-elle, en sauver beaucoup plus. Certes ce n’est pas la première fois que la puissance publique américaine se mêle des affaires du secteur automobile : via la politique commerciale, les subventions à la recherche, l’effort en faveur des énergies vertes, les limitations de vitesse, les contrôles anti-pollution, l’absence d’une vraie sécurité sociale, l’Etat intervient en permanence, en faveur ou au détriment de ce secteur. Et, en 1979, Washington avait déjà « sauvé » Chrysler avant de le restituer prospère à ses actionnaires (1).
Reste que dans un pays où la formule « Ce qui est bon pour General Motors est bon pour l’Amérique (2) » fait partie de la culture politique commune, est-ce à dire que les nationalisations, c’est (parfois) bon pour l’Amérique ? Afin d’éviter d’être à nouveau qualifié de « socialiste » par ses adversaires républicains les plus exaltés, le président Obama a promis en tout cas que l’Etat se désengagerait aussi rapidement que possible…
(1) En 1979, l’Etat fédéral accorde à Chrysler une garantie de prêt de 1,5 milliard de dollars si l’entreprise parvient à obtenir 2 milliards de dollars de la part de ses banques et fournisseurs, et sous forme de concessions salariales. Le patron de Chrysler, Lee Iacocca, réduit les coûts, supprime 53 000 emplois. Il rembourse ses prêts en 1983 avec plusieurs années d’avance sur l’échéance prévue. Il deviendra pendant quelque temps une espèce de héros national.
(2) C’est quand le président Eisenhower choisit en 1953 pour secrétaire à la Défense le PDG de la firme automobile, Charles Wilson, que ce dernier répondit aux critiques par la phrase devenue célèbre (bien qu’elle ait été un peu arrangée) : « Ce qui est bon pour General Motors est bon pour les Etats-Unis. »
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