Par François Soudan, jeudi 18 juin 2009
De là où il repose désormais, le « boss » doit observer cette comédie humaine avec le sourire en coin d’un diablotin malicieux. À peine venait-il de frapper à la porte du village des ancêtres qu’à Paris le plus âgé des chefs d’État français encore en vie, Valéry Giscard d’Estaing, 83 ans, jouait les balances avec cette acidité jubilatoire dont il est coutumier. Eh oui ! Bongo a financé en 1981 la campagne de Jacques Chirac ! VGE lui en a fait le reproche au téléphone et le Gabonais, après un long silence que Giscard dit entendre encore aujourd’hui, aurait tout avoué d’un « Ah, vous le savez… »
Invérifiable bien sûr, puisque l’intéressé est mort et que les « Bongo m’a dit » n’auront plus désormais d’autre valeur que l’honnêteté de ceux qui les énoncent.
Mais suffisant pour briser une omerta de polichinelle et déclencher sur l’air du « pas vu, pas pris » le chœur effarouché des vierges du marigot françafricain. Il fallait les entendre réagir, outrés, au dernier coup de griffe du Raminagrobis de Chamalières. Roland Dumas, Dominique de Villepin, Charles Pasqua – le « Batéké des Hauts-de-Seine » –, Jacques Chirac bien sûr, par conseiller interposé, jurant la main sur le cœur qu’ils n’avaient jamais, ô grand jamais, bénéficié de la générosité intéressée de l’ami Omar. Même si tous ou presque confessent avoir « entendu parler » de ce genre de pratiques, il va de soi qu’elles ne les concernaient pas. D’ailleurs, le rideau est déjà baissé sur la case à secrets. Pressé d’en dire plus, Valéry Giscard d’Estaing a posé son doigt délicat sur sa bouche gourmande : « Plus un mot ! »
Les Africains, eux, n’ont rien ou presque de ces préventions passablement hypocrites. Opposants, ministres, candidats, journalistes, starlettes, veuves et orphelins, celles et ceux qui sont ressortis d’une audience au Palais du bord de mer un peu plus lestés qu’en y entrant, soulagés d’un souci personnel ou gratifiés d’une aide pour leur combat politique, se sont abstenus de cracher dans la soupe. « Papa » était ainsi vous dira-t-on : il donnait sans qu’on lui demande, et refuser, c’était l’offenser. En Afrique, somme toute, on assume, alors qu’en France, on dément. Jusqu’à quand ? Une question ne semble pas avoir traversé les esprits : et si Bongo avait laissé quelque part, dans un coffre de son bureau, des documents, des cassettes, des lettres, bref des traces palpables, tangibles, signées, de son immense bienveillance ? À cette simple pensée, qui ne relève pas forcément de la fiction, certains seront pris de vertige. Va-t-il donc falloir que les paras sautent sur Libreville et procèdent au grand nettoyage du Palais ? Après tout, cela s’est déjà vu. En septembre 1979, des agents français ont, pendant une semaine, passé au peigne fin les moindres recoins des résidences de l’empereur déchu Bokassa à Berengo et à Bangui, remplissant des camionnettes d’archives. À l’époque, l’hôte de l’Élysée s’appelait… Valéry Giscard d’Estaing.
Mais suffisant pour briser une omerta de polichinelle et déclencher sur l’air du « pas vu, pas pris » le chœur effarouché des vierges du marigot françafricain. Il fallait les entendre réagir, outrés, au dernier coup de griffe du Raminagrobis de Chamalières. Roland Dumas, Dominique de Villepin, Charles Pasqua – le « Batéké des Hauts-de-Seine » –, Jacques Chirac bien sûr, par conseiller interposé, jurant la main sur le cœur qu’ils n’avaient jamais, ô grand jamais, bénéficié de la générosité intéressée de l’ami Omar. Même si tous ou presque confessent avoir « entendu parler » de ce genre de pratiques, il va de soi qu’elles ne les concernaient pas. D’ailleurs, le rideau est déjà baissé sur la case à secrets. Pressé d’en dire plus, Valéry Giscard d’Estaing a posé son doigt délicat sur sa bouche gourmande : « Plus un mot ! »
Les Africains, eux, n’ont rien ou presque de ces préventions passablement hypocrites. Opposants, ministres, candidats, journalistes, starlettes, veuves et orphelins, celles et ceux qui sont ressortis d’une audience au Palais du bord de mer un peu plus lestés qu’en y entrant, soulagés d’un souci personnel ou gratifiés d’une aide pour leur combat politique, se sont abstenus de cracher dans la soupe. « Papa » était ainsi vous dira-t-on : il donnait sans qu’on lui demande, et refuser, c’était l’offenser. En Afrique, somme toute, on assume, alors qu’en France, on dément. Jusqu’à quand ? Une question ne semble pas avoir traversé les esprits : et si Bongo avait laissé quelque part, dans un coffre de son bureau, des documents, des cassettes, des lettres, bref des traces palpables, tangibles, signées, de son immense bienveillance ? À cette simple pensée, qui ne relève pas forcément de la fiction, certains seront pris de vertige. Va-t-il donc falloir que les paras sautent sur Libreville et procèdent au grand nettoyage du Palais ? Après tout, cela s’est déjà vu. En septembre 1979, des agents français ont, pendant une semaine, passé au peigne fin les moindres recoins des résidences de l’empereur déchu Bokassa à Berengo et à Bangui, remplissant des camionnettes d’archives. À l’époque, l’hôte de l’Élysée s’appelait… Valéry Giscard d’Estaing.
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