Vous l’aurez compris, le choix d’un titre aussi contendant à l’égard des relations franco-africaines ou plus exactement de la politique étrangère de la France vis-à-vis de l’Afrique traduit parfaitement l’opinion que je m’en fais. Je crois en effet que la Françafrique défini à merveille la logique exemplaire qui fonde les relations entre la France et le continent africain. Ces rapports sont un modèle de coopération, que dis-je, l’horizon indépassable en matière d’amitié et de soutien mutuel entre nations, en un mot une référence pour le monde diplomatique. Et comment peut-il en être autrement ? La France, cette grande nation, et l’Afrique, ce grand continent, ont depuis bientôt un demi-siècle entretenu des liens qui ont été tissés selon un rapport de force équilibré. La page de la colonisation tournée, les Etats africains et l’ancienne puissance coloniale ont de facto renversé le vieux paradigme du colon et de l’indigène pour installer celui du président et de son homologue. Elle est belle l’imposture! Venant de moi, on saisit aisément que pas une seule ligne de cette entéralgie verbale n’est véridique. Pourtant c’est bien ce que les hôtes successifs de l’Elysée, depuis l’avènement de la Vème République, nous ont vendu : le pire c’est que cela trouvait preneur. Une lueur d’espoir s’était cependant créée pour nous autres pourfendeurs de la Françafrique ; en 2007, l’élection du virevoltant Nicolas Sarkozy était synonyme de la fin des agissements obscurs et de la diplomatie aux allures de mafia ou plutôt de la mafia aux allures de diplomatie. Sarkozy laissait en effet entendre qu’il romprait avec la ligne de conduite de ses prédécesseurs en mettant un terme au clientélisme et à la connivence avec les dictatures du continent. Ce que nous pensions être une lueur n’était en réalité qu’un leurre, tellement la Françafrique trouve sous la présidence de Sarkozy un souffle nouveau. Pour illustration, la dernière visite du chef d’Etat français en Angola en février 2008 a permis à TotalFinaElf de se mettre dans une position très avantageuse dans l’exploitation du pétrole angolais. Et rappelons au passage que l’Angola a aujourd’hui surclassé le Nigéria et est désormais le premier producteur de pétrole sur le continent. Le dernier exemple de pillage en date est celui de l’exploitation par la firme française AREVA des mines nigériennes d’uranium. Ce minerai est utilisé comme combustible dans l’industrie nucléaire et les gisements nigériens sont parmi les plus importants au monde. Grâce à la politique agressive du gouvernement français, AREVA a réussi à faire main basse sur ces ressources et débutera bientôt l’exploitation d’une mine d’uranium, qui sera la plus importante au monde.
Ce qui reprend du poil de la bête c’est cette « coopération bilatérale » entre la France et son ancien empire colonial, ces pratiques que l’on désigne aussi par « partenariat privilégié », autre terme politiquement correcte pour néo-colonisation. Depuis le démantèlement de l’AOF et de l’AEF, la France a usé de nouvelles stratégies pour garder sa mainmise sur ces colonies nouvellement souveraines. Cette stratégie vise à perpétuer la logique de la colonisation, c’est-à-dire exploiter les ressources du continent en mettant en œuvre les moyens les moins onéreux pour en tirer un maximum de profit. Et les moyens de cette prédation se nomment affairisme, ingérence, appui de dictature, autant de machinations répréhensibles qui rendent caduque l’aide publique au développement (qui s’élève à 0,51% du PIB de la France, une des plus importante de l’OCDE).
Il s’est avéré qu’avec la présidence de Nicolas Sarkozy, la Françafrique s’est décomplexée2. Le président français affiche au grand jour, contrairement à ses prédécesseurs, son ambition d’exploiter économiquement le continent et ce sans aucun scrupule. Cette nouvelle posture a trouvé son écho dans les propos tenus par Alain Joyandet, son secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie : « Nous voulons aider les Africains, mais les Africains doivent comprendre qu’il faut que cela nous rapporte ». Et cela se vérifie de manière empirique : lors de ces visites officielles en Afrique, le président français est toujours accompagné d’une horde d’hommes d’affaires venus pour décrocher des contrats juteux.
Et pour rajouter d’autres motifs de désolation, notons que l’exploitation de l’Afrique et des Africains par la France trouve une légitimation idéologique. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler l’insulte qu’a proférée Nicolas Sarkozy à l’endroit des filles et fils du continent en avançant que l’homme africain n’était pas assez entré dans l’histoire et qu’il ne se tournait jamais vers le futur. De telles propos rejoignent la vision des précurseurs de la colonisation qui voyaient les Africains comme des… incapables. Et tout ceci a son pendant politique avec les mesures dites de l’immigration choisie. Pour se défendre, le président français dit qu’il n’y avait pas de raison à ce que des pays comme les Etats-Unis ou le Canada accueillent des personnes de grande compétence et que le France soit obligée de « subir tout le monde ».
Il est donc clair que la France va de fait se lancer dans une nouvelle forme d’exploitation de l’Afrique : celle de sa matière grise. Pendant ce temps, le système de pillage qu’est la Françafrique est concurrencé par un autre qui, en ce moment, fait son petit bonhomme de chemin : la Chinafrique. Et dans tout ceci, les populations du continent sont prises au piège et assaillies de toutes parts ; à quand la révolte ?
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1 hour ago
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