M. Girot de Langlade, rejeton d’une famille auvergnate qui doit tout à Napoléon, n'est évidemment pas agent de sécurité. Il est préfet. Mis en position hors cadre en 2007 du fait de déclarations visant les Roms qui n’ont abouti à aucune condamnation, on a considéré qu’il était particulièrement qualifié pour s’occuper à La Réunion des états généraux de l’Outre mer, la réponse du gouvernement aux grèves de Guadeloupe et de Martinique. De retour de cette mission, il aurait agressé deux agents de sécurité de l’aéroport d’Orly au motif de leur couleur qu’il jugeait inacceptable en France. L’un des agents de sécurité, une "Antillaise", précise la presse française, a déposé plainte. Le ministre de l’Intérieur a alors annoncé qu’il suspendait le préfet auvergnat de sa mission de correspondant des états généraux de l’Outre mer. Mais cette mission était achevée. Tout le monde a pourtant dit que M. Girot de Langlade était « suspendu ». Mais, apparemment, il est toujours préfet et bénéficie du traitement associé à ce titre. Il est par ailleurs toujours membre de la Légion d’honneur, celle que l’on continue, sous différents prétextes, à refuser au général Dumas. M. Girot de Langlade est-il raciste ? Pas plus, certainement, que Georges Frêche et Alain Finkielkraut qui déploraient naguère la couleur des joueurs de l’équipe de France de football, que feu Pascal Sevran qui déclarait que le sexe des Africains males est responsable des malheurs de leur continent et qu’il faudrait les stériliser, qu’Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, soutenant que Paris n’est pas un village africain et que les immigrés n’y sont pas à leur place, que les békés Alain Hugues Despointes, gardien de la «race blanche» à la Martinique et Hervé Damoiseau qui déclarait récemment que les Guadeloupéens colorés, s’ils ne sont pas contents, n’ont qu’à retourner au Sénégal. Aucune de ces personnes n’ayant été condamnée, on doute que M. Girot de Langlade le soit. En France, quand on a la bonne couleur, être raciste n’est pas répréhensible. Le dire ne l’est pas non plus. La loi n’intervient (timidement et tout en légitimant au passage la notion de "race humaine") que lorsque le racisme accompagne certains délits. Mais, s’agissant des populations d’origine antillaise ou africaine, force est de constater qu’elle est rarement appliquée. Il faut dire que deux Français sur trois affirment croire à la notion de "race humaine" (sondage CNCDH) et que près d’un Français sur cinq n’hésite pas à dire que certaines "races" sont supérieures aux autres. Tout ce qu’on sait de M. Girot de Langlade, c’est que cet Auvergnat de 63 ans est un bon chiraquien. Après avoir passé 11 ans dans la Corrèze (il officie dès 1987 dans l’arrondissement d’Ussel où réside Jacques Chirac) il réussit le tour de force de passer du poste de sous-préfet de Brive à celui de préfet sans changer de département. Hormis les meuglements des vaches limousines et le fumet du lisier de porc, dans la Corrèze, point de ces « bruits » ni de ces « odeurs » que M. Chirac jugeait insupportables, s’agissant des populations immigrées. Girot fut nommé, le 7 juillet 2004, préfet de la Guadeloupe sur proposition de Dominique de Villepin et de Brigitte Girardin, ministre de l’Outre mer, (depuis présidente du club villepiniste). Grâce au grand poète, spécialiste des exploits haïtiens de Napoléon, les Guadeloupéens ont eu la chance d’hériter ainsi de la fine fleur du corps préfectoral. On s’étonne qu’ils ne soient pas contents. Ah les ingrats ! Pauvre Langlade ! Que fait-on de la présomption d’innocence puisqu’on le sanctionne avec une sévérité inouïe, en le suspendant d’une mission qu’il venait d’achever au moment des faits qui lui sont reprochés ? Le voici remplacé par Françoise Vergès dont on va certainement entendre la réaction. Cette mission sensible, imaginée pour calmer le sentiment d’injustice des Français descendants d’esclaves, qui donc a eu l'idée de la confier à ce pauvre Paul ? Certains agités s’empressent d’emblée d’accuser Richard Samuel, le coordinateur des « états généraux de l’Outre mer ». M. Samuel serait, dit-on, d’origine afro-guadeloupéenne. On peut supposer, du fait de cette indiscrétion, que c’est à M. Samuel qu’on attribuera, le moment venu, la responsabilité de l’échec des états généraux de l’Outre mer. Même si cela se murmure en coulisse, fallait-il l’annoncer si tôt ? Dans un pays comme la France, quand un Afro-descendant mâle est nommé à un poste de responsabilité, on peut être sûr qu’on le croit sot et soumis. Quoi qu'il en soit, il faut avoir la curiosité d’aller sur le site des états généraux de l’Outre mer (où M. Girot de Langlade, pourtant « suspendu », figure toujours) Mis à part les figures habituelles de la Françantille, mis à part un fou furieux qui vitupère contre son ex-ami Girot de Langlade (une occasion inespérée de démontrer que lui-même n’est pas plus raciste qu’il n’est homophobe et de se venger de n’être pas préfet) mis à part les quelques bons nègres connus pour être, par nécessité sans doute, amis des négrophobes, mis à part quelques descendants de négriers sur lesquels on n’aura pas la cruauté d’insister puisqu’ils ne s’en vantent pas, qui sont-ils ces préfets métropolitains, ces hauts fonctionnaires assurant, pour les « états généraux », des fonctions de « correspondants locaux » dans les départements d’outre mer ou de «rapporteurs nationaux» ? Le fait qu’un Girot de Langlade se soit glissé parmi eux est-il un hasard ou les autres sont ils tous comme lui ? On se réjouit en tout cas qu’on n’ait pas retiré sa Légion d’honneur à ce pauvre homme et qu’il continue au moins à percevoir son traitement sans rien faire. Qu’il continue à profiter, dans son Auvergne natale, d’un repos bien mérité en attendant que la justice démontre, une fois de plus, qu’il n’est pas raciste, mais victime de l’acharnement de quelques excités : des « noirs » (en France tous, par nature, « anti-blancs ») et des voleurs de poules, certainement. Le temps que la justice se soit prononcée, cette victime aura atteint l’âge de la retraite. N’est-ce pas injuste ? Puisqu’enfin il est presque sûr que Paul Girot de Langlade n’est pas raciste (le risque d’une condamnation étant minime) on devrait le nommer dans le 93 pour finir sa carrière. À Bobigny, cet homme « qui n’a pas l’habitude de se cacher derrière son petit doigt » mettrait de l’ordre chez tous ces sauvages qu’on a parqués aux portes de Paris. On attend en tout cas avec impatience le résultat de ces fameux « états généraux » dont il fut l’un des artisans et qui pourraient peut-être, tant qu'on y est, servir de charte française de l’antiracisme puisque les personnalités qualifiées et méritantes qui y ont participé ne sont pas plus racistes, certainement, que Paul Girot de Langlade.