Par Ibrahim CHERIF
Incherif@yahoo.ca
La consolidation des libertés individuelles et la dignité humaine a toujours été le socle sur lequel toutes les sociétés qui aspirent à la paix sociale et le progrès se sont fondées.
De tout le temps, les libertés fondamentales ont été partagées par l’humanité en des termes simples : tous les être humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Quand aux gouvernements, ils émanent de la volonté souveraine du peuple et ils sont établis pour défendre les droits inaliénables des citoyens.
Les gouvernements sont mis en place par les peuples et ont pour mandat principal de sauvegarder les libertés par une stabilisation et une continuité des institutions.
À la lumière de ces constats, on pourrait s’interroger sur la relation entre le piétinement des libertés individuelles par les pouvoirs Africains en place et l’effondrement des institutions de leur pays.
C’est à cette démonstration que nous allons nous atteler dans ce texte en faisant l’hypothèse sous-jacente que la stabilité de toute institution requiert le respect des libertés fondamentales.
Sans un système de gouvernance démocratique transparent, c’est la dignité humaine qui s’érode au profit de la dictature.
Cette dernière s’établit au détriment des lois et des institutions par la seule volonté d’un individu ou d’un groupe d’individus. En Afrique, il est aujourd’hui impératif que les peuples se mettent débout pour faire face aux pouvoirs qui les réduisent à l’esclavage. Toutefois, pour remporter cette lutte cruciale, il est primordial qu’il y ait un véritable questionnement sur le véritable projet de société que nous voulons dans nos pays, avec la participation de tous les segments de la société.
Une fois ce processus d’introspection entamé, il sera plus facile d’exprimer sur toutes les tribunes le chemin que nous nous sommes tracé pour la liberté et l’expression des capacités.
De tous les défauts que l’on peut noter en Afrique le manque de la conviction dépasse de loin tous les autres. Les hommes politiques se départissent de leurs convictions sans aucun état d’âme, le plus souvent au grand désarroi des populations gouvernées. Ceci nous amène à nous interroger sur le concept même de la conviction. Dans les faits, c’est ce manque de conviction qui rend la lisibilité politique particulièrement difficile en Afrique.
La conviction, c’est cette force intérieure qui amène l’individu à dominer ses faiblesses et à se distinguer par la constance de ses idéaux. L’histoire nous renseigne que les hommes qui ont réussi à marquer leur époque sont ceux qui ont donné corps et âme à la matérialisation de leur idéal.
C’est à ce titre qu’un grand penseur comme Karl Marx, issu d’une famille bourgeoise Allemande, a renoncé à l’opulence afin de ne pas trahir sa conviction d’homme libre capable d’influer sur le devenir des peuples.
L’homme a été calomnié, critiqué, poussé à l’exil par la classe dirigeante, mais cela ne l’a pas empêché de promouvoir son idéologie d’une société qu’il juge plus juste. Quand on choisit de défendre sa conviction jusqu’au bout, c’est qu’on a fait un pari sur la liberté.
Dans le même sillage, Nelson MANDELA, par conviction et par respect pour son peuple a préféré rester en prison durant vingt sept ans plutôt que d’abdiquer. Il s’est battu non pas pour sa gloire personnelle, mais pour donner la liberté à un peuple qui a beaucoup souffert de la discrimination raciale. Grâce à sa constance, il a fini par rendre à tous les sud Africains leur dignité, et au-delà, à toute l’Afrique.
Au courant de son mandat, Nelson MANDELA a valorisé la portée de la liberté individuelle et collective ainsi que la stabilité des institutions.
Le respect des institutions renforce la paix sociale et promet le progrès. Aujourd’hui, le constat décevant est que l’Afrique est le seul continent qui a du mal à composer avec ses institutions.
Les lois sont souvent foulées au pied par ceux-là même qui sont sensés la défendre. Le cas du Niger est assez illustratif. L’actuel président de ce pays, Mamadou TANDJA, foule au pied toutes les institutions du pays pour satisfaire son désir personnel de se pérenniser au pouvoir. Peu à peu il instaure la dictature, après la dissolution du parlement et la cour suprême, il gouverne par décret spéciaux. Le pouvoir dépouille ainsi les citoyens de tous leurs droits. La puissance publique que représente l’État, détruit l’essence même des institutions alors qu’elle est sensée les protéger.
Pour sortir de ce cercle vicieux, nous Africains, sommes condamnés de faire face aux tyrans et défendre l’idée de la libération des peuples. Par la force de la conviction, les nations du monde qui ont eu le courage de faire face aux régimes dictatoriaux, ont aujourd’hui réussi à prendre leur destin en main et arpentent le chemin du progrès.
Nous devons tourner le dos aux leaders qui instaurent l’usage de force en forme de gouvernance. Ce dont les Africains ont besoin, ce sont des hommes et des femmes capables de se battre pour des institutions stables au service de la population.
Lors de son séjour au Ghana, le président américain Barack OBAMA, s’adressant à l’Afrique affirmait : "l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes". Partant de cette vérité, il est impératif pour les populations de remplacer tout individu ou groupe d’individus qui serait tenté de détruire leurs institutions. Toutefois, pour remplacer une dictature, les peuples ont besoin de leaders fiables capables de se battre pour le bien être collectif.
À ce sujet, beaucoup d’effort restent à faire dans plusieurs pays Africains. Le cas de la Guinée Conakry en est assez éloquent. Dans ce pays, trouver un leader politique capable de défendre la liberté et la dignité de ses concitoyens sort de l’ordinaire.
Ils sont incapables de défendre une ligne de conduite claire et y rester. Par ailleurs, ils peinent énormément à dénoncer les écarts de conduite du régime pour ne pas s’attirer les foudres du pouvoir militaire en place. Ils ont tous pris l’habitude de s’abriter derrière le slogan de la "lutte pour le peuple" et en profiter pour lier des alliances complices avec le régime en place, chacun cherchant à avoir sa part du gâteau par le chemin le plus court. Qu’est ce que les leaders politiques ont fait quand les jeunes se faisaient massacrer par les militaires de Lansana CONTE en janvier-février 2007 ?
Que font-ils aujourd’hui pour dénoncer les écarts du pouvoir actuel et promouvoir la démocratisation de la Guinée?
N’est-il pas légitime de se demander s’il ya une force d’opposition digne de nom en Guinée ?
Malheureusement, la réflexion des leaders politiques Guinéens ne transcende pas leur personne pour s’intéresser à la masse populaire. Toute leur démarche consiste à promouvoir leur carrière.
Le rôle de toute opposition crédible est à la fois de dénoncer la mal gouvernance, mais également faire des propositions crédibles et réalistes pour le bien être collectif. L’opposition doit être un pont qui s’érige entre le pouvoir et le peuple.
Elle représente la conscience de tout un peuple. Mais en Guinée, l’opposition est tétanisée par la peur au point de se renier et d’oublier sa raison d’être. Au lieu de dénoncer la corruption et la tyrannie, elle contribue à alimenter ce fléau. Tous les anciens dignitaires du pouvoir de Lansana Conté, pour échapper à la justice, ont créé leur propre formation politique et cherchent de multiples manières à retourner au pouvoir. L’opposition ne devrait en aucun cas servir de levier pour se mettre en dehors de procédures judiciaires après tant de souffrance imposée à un peuple.
Ceux qui aujourd’hui disent que seul Dadis CAMARA peut faire face aux maux qui accablent le pays, sont les mêmes qui jadis disaient que sans Sékou Touré le soleil n’éclairera plus le pays et que sans Lansana CONTE la pluie ne tombera plus sur la Guinée.
Existe-t-il un humain indispensable à la bonne marche d’un pays ? Seul un effort collectif de tous les Guinéens peut les faire sortir de l’impasse dans laquelle leur pays se trouve.
Le spectacle désolant auquel participent tous les Guinéens aujourd’hui est que quiconque cherche un poste de responsabilité renonce à sa condition d’homme libre, renonce à sa dignité d’être humain et se met à chanter les louanges du Tout puissant chef suprême.
Pour recueillir des prébendes et des strapontins, l’homme politique est prêt à toutes les bassesses. Il renonce ainsi à sa conviction d’homme libre et prend en otage un peuple qui aspire au progrès.
La deshumanisation de l’être commence par la négation de soi. La première étape de ce processus consiste à dire qu’on ne peut rien faire par soi même, et qu’on est rien sans le concours de quelqu’un d’autre. Ceux qui pensent ainsi, sont les premiers à tomber dans la démagogie et à renoncer à leur liberté.
En Afrique, il est temps de mettre la dignité de nos concitoyens au centre de nos réflexions. Le respect des institutions, la mise en place d’un processus démocratique et la liberté de disposer de sa personne sont des conditions indispensables au développement d’une nation.
En aucun cas la démocratie ne saurait être un luxe pour les Africains. Tout ce qu’on peut demander à nos hommes politiques, c’est de se battre avec force et conviction pour ce dont ils déclarent croire profondément. Le seul parti du leader Africain devrait être celui de la liberté et de la dignité humaine.
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