Par JuanS, dimanche 9 août 2009
Le secrétaire d'Etat à la Coopération n'a eu aucun état d'âmes à assister à la cérémonie d'intronisation du nouveau président mauritanien. La France en Afrique reste telle qu'elle est: attentive à ses intérêts, aux détriments des populations concernées. Pourtant, le candidat Sarkozy avait promis une rupture dans les relations entre la France et ses anciennes colonies. Là comme ailleurs, la rupture n'a pas eu lieu.
1. Sarkozy a beaucoup promis et vite renié
Dans une interview au magazine Jeune Afrique, le 5 novembre 2006, le candidat "officieux" promet : "Je favoriserai le développement des pays pauvres, en cessant d’aider les gouvernements corrompus, en mettant en place une Union méditerranéenne avec les pays du Sud, en donnant la priorité à l’Afrique."
Le futur président était également très exalté quand il s'agissait des droits de l'homme: "Les droits de l'homme sont, pour toutes les démocraties du monde, à la fois un point de départ et un horizon qui se déploie toujours devant eux. La France ne fait pas exception, et il appartiendra au prochain président de lui faire franchir de nouvelles étapes dans la préservation et la conquête des libertés."
En février 2008, alors que les Français médusés avaient vu le Colonel Khadafi planter sa tente dans la cour d'un hôtel parisien le jour même du 60ème anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Homme de l'ONU, Nicolas Sarkozy voulait encore faire illusion, en allant saluer Nelson Mandela et livrer ses ambitions de réformes : "Aujourd'hui, l'ancien modèle des relations entre la France et l'Afrique n'est plus compris par les nouvelles générations, comme d'ailleurs par l'opinion publique française". Il n'avait qu'une chose en tête: réduire la présence militaire, signer des accords d'expulsions de sans-papier et consolider la présence économique française, notamment en matière d'extraction d'uranium.
Ces promesses "africaines" de Nicolas Sarkozy sont parmi celles qu'il a le plus vite reniées. Dès l'été 2007, le président français signifiait sa reconnaissance à Omar Bongo. La "rupture" est définitivement rompue avec le limogeage de Jean-Marie Bockel, au printemps 2008. Le discret Alain Joyandet qui l'a remplacé est vite allé au Gabon, rencontrer Omar Bongo. La légende raconte que le président gabonais était encore trop énervé des vélléités réformatrices de Bockel, et que Joyandet dut patienter 3 heures dans le hall présidentiel, puis repartir bredouille de rencontre à Paris.
2. Sarkozy inefficace en Afrique
Jugé à l'aune de la soit-disante efficacité nécessaire de la diplomatie française en Afrique, le bilan sarkozyen est maigre. Avec la Côte d'Ivoire, Nicolas Sarkozy n'a pas réussi à rétablir de relations de confiance. Son prédécesseur Jacques Chirac et le Laurent Gbagbo étaient sérieusement brouillés. Il y a deux mois, Sarkozy s'est emporté contre Gbagbo. Un sursaut droit-de-lhommiste ? Rien de tout cela. Un simple sursaut d'orgueil. Le président ivorien a boudé un mini-sommet françafricain organisé à la dernière minute par Chirac et Sarkozy en marge des obsèques d'Omar Bongo.
Au Gabon justement, Sarkozy fut le chef d'Etat occidental présent aux funérailles du dictateur, et le seul à se faire siffler. Plus récemment, le déplacement d'Alain Joyandet en Mauritanie (mercredi) et en Guinée (lundi), deux pays victimes de coups d'Etat, fait jaser. La France qui donne des leçons de démocratie aux talibans afghans et au président iranien applaudit des deux mains l'élection contestée du général putchiste Mohamed Ould Abdel Aziz en Mauritanie. "Ils ont respecté les demandes de la communauté internationale. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz a démissionné de l'armée. Il est redevenu un candidat comme les autres. Tous ceux qui voulaient se présenter aux élections ont pu le faire." a justifié le secrétaire d'Etat à la Françafrique dans les colonnes du JDD.
Au Niger, le président s'est arrogé les pleins pouvoirs et a organisé un référendum. En des termes très diplomatiquement polis, Joyandet se contorsionne pour éviter le blâme: "selon les premiers résultats qui ne sont pas contestables, le "oui" l'emporte largement. Mais la procédure reste très contestable."
La France persiste à soutenir les mascarades électorales en cascade en Françafrique.
Cette situation pourrait n'être que triste. Elle en devient ridicule quand Alain Joyandet avance l'idée d'un "Bingo spécial Afrique" qui permettrait de récolter... 10 millions de dollars pour le continent. A peine le coût d'un meeting UMP Porte de Versailles pour introniser le candidat à la présidentielle ! La France est loin de respecter son engagement de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement d’ici à 2015.
En Afrique, la France n'est ni efficace ni honorable.
1. Sarkozy a beaucoup promis et vite renié
Dans une interview au magazine Jeune Afrique, le 5 novembre 2006, le candidat "officieux" promet : "Je favoriserai le développement des pays pauvres, en cessant d’aider les gouvernements corrompus, en mettant en place une Union méditerranéenne avec les pays du Sud, en donnant la priorité à l’Afrique."
Le futur président était également très exalté quand il s'agissait des droits de l'homme: "Les droits de l'homme sont, pour toutes les démocraties du monde, à la fois un point de départ et un horizon qui se déploie toujours devant eux. La France ne fait pas exception, et il appartiendra au prochain président de lui faire franchir de nouvelles étapes dans la préservation et la conquête des libertés."
En février 2008, alors que les Français médusés avaient vu le Colonel Khadafi planter sa tente dans la cour d'un hôtel parisien le jour même du 60ème anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Homme de l'ONU, Nicolas Sarkozy voulait encore faire illusion, en allant saluer Nelson Mandela et livrer ses ambitions de réformes : "Aujourd'hui, l'ancien modèle des relations entre la France et l'Afrique n'est plus compris par les nouvelles générations, comme d'ailleurs par l'opinion publique française". Il n'avait qu'une chose en tête: réduire la présence militaire, signer des accords d'expulsions de sans-papier et consolider la présence économique française, notamment en matière d'extraction d'uranium.
Ces promesses "africaines" de Nicolas Sarkozy sont parmi celles qu'il a le plus vite reniées. Dès l'été 2007, le président français signifiait sa reconnaissance à Omar Bongo. La "rupture" est définitivement rompue avec le limogeage de Jean-Marie Bockel, au printemps 2008. Le discret Alain Joyandet qui l'a remplacé est vite allé au Gabon, rencontrer Omar Bongo. La légende raconte que le président gabonais était encore trop énervé des vélléités réformatrices de Bockel, et que Joyandet dut patienter 3 heures dans le hall présidentiel, puis repartir bredouille de rencontre à Paris.
2. Sarkozy inefficace en Afrique
Jugé à l'aune de la soit-disante efficacité nécessaire de la diplomatie française en Afrique, le bilan sarkozyen est maigre. Avec la Côte d'Ivoire, Nicolas Sarkozy n'a pas réussi à rétablir de relations de confiance. Son prédécesseur Jacques Chirac et le Laurent Gbagbo étaient sérieusement brouillés. Il y a deux mois, Sarkozy s'est emporté contre Gbagbo. Un sursaut droit-de-lhommiste ? Rien de tout cela. Un simple sursaut d'orgueil. Le président ivorien a boudé un mini-sommet françafricain organisé à la dernière minute par Chirac et Sarkozy en marge des obsèques d'Omar Bongo.
Au Gabon justement, Sarkozy fut le chef d'Etat occidental présent aux funérailles du dictateur, et le seul à se faire siffler. Plus récemment, le déplacement d'Alain Joyandet en Mauritanie (mercredi) et en Guinée (lundi), deux pays victimes de coups d'Etat, fait jaser. La France qui donne des leçons de démocratie aux talibans afghans et au président iranien applaudit des deux mains l'élection contestée du général putchiste Mohamed Ould Abdel Aziz en Mauritanie. "Ils ont respecté les demandes de la communauté internationale. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz a démissionné de l'armée. Il est redevenu un candidat comme les autres. Tous ceux qui voulaient se présenter aux élections ont pu le faire." a justifié le secrétaire d'Etat à la Françafrique dans les colonnes du JDD.
Au Niger, le président s'est arrogé les pleins pouvoirs et a organisé un référendum. En des termes très diplomatiquement polis, Joyandet se contorsionne pour éviter le blâme: "selon les premiers résultats qui ne sont pas contestables, le "oui" l'emporte largement. Mais la procédure reste très contestable."
La France persiste à soutenir les mascarades électorales en cascade en Françafrique.
Cette situation pourrait n'être que triste. Elle en devient ridicule quand Alain Joyandet avance l'idée d'un "Bingo spécial Afrique" qui permettrait de récolter... 10 millions de dollars pour le continent. A peine le coût d'un meeting UMP Porte de Versailles pour introniser le candidat à la présidentielle ! La France est loin de respecter son engagement de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement d’ici à 2015.
En Afrique, la France n'est ni efficace ni honorable.
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