février 21, 2009
En atteignant en 2008 le chiffre record de 20,5 milliards de dollars, Total a fait le plus gros profit jamais réalisé par un pétrolier français. Principalement en puisant sans retenue le pétrole des pays du golfe de Guinée et sur le dos des consommateurs.
Les dirigeants du pétrolier français peuvent croisés les doigts sans faire la fine bouche. L’année 2008 a été très bonne en ceci que les bénéfices ont progressé de 22% pour atteindre 20,5 milliards de dollars.
Un montant en hausse obtenu en grande partie grâce à la flambée des cours du pétrole sur le marché l’année écoulée. C’est le plus gros profit jamais réalisé par un groupe français. C’est pratiquement le quart des bénéfices réalisés par les 40 plus grands groupes privés français en 2008 : 85 milliards d’euros.
En effet,Total doit ses bénéfices record à l’envolée des prix du baril du brut qui, en juillet 2008, ont atteint les 147 dollars. Une véritable euphorie qui a duré huit mois dans le secteur pétrolier et permis aux compagnies pétrolières de réaliser des profits importants. Le géant américain Exxon mobil est arrivé en tête avec 45, 2 milliards de dollars de bénéfices. Des bénéfices jamais réalisés par une entreprise.
Afrique mamelle et souffre-douleur
Il importe de souligner que l’Afrique est, comme en 2007, le plus gros contributeur en 2008, avec 783.000 barils par jour. Elle est suivie par le Moyen-Orient avec 432.000 barils par jour. Total exploite des champs de pétrole et vent également l’essence. La hausse des marges liées aux raffinages a battu les records. Notamment sur le diesel.
Les Africains continuent pourtant de vivre dans la faim, la misère, la pauvreté et sont terrassés par des maladies telles que le paludisme, le Vih-sida, la tuberculose…Tandis que leur pétrole est exploité et surexploité par des pétroliers qui font de gros profits et ne se distinguent même pas par des activités humanitaires.
Derrière Total, c’est la France qui pille le pétrole africain dans l’ensemble des pays producteurs de pétrole du golfe de Guinée. Des pays qui comptent presque essentiellement sur l’or noir pour réaliser des grands projets nationaux. Le pétrole est la principale source de revenus dans des pays comme le Nigeria, le Congo, le Gabon, le Cameroun, Le Tchad,Sao Tomé et Principe, l’Angola et désormais la Guinée équatoriale dont le statut de nouvel eldorado pétrolier du Golfe de Guinée est connu de tous. En 1998, la Guinée équatoriale produisait 90 .000 barils par jour. Elle produit trois à cinq fois plus aujourd’hui. Cette production pourrait décupler en 2020 selon les prévisions.
L’année 2008 a été mauvaise pour les consommateurs dans plusieurs pays dans le monde entier. A commencer paradoxalement par les pays producteurs de pétrole en Afrique. Au Cameroun, la grève des transporteurs qui revendiquaient la baisse des prix du carburant a ouvert la voie aux “ émeutes de la faim ” qui ont secoué le pays du 25 au 29 février 2008 et entraîné la mort de plusieurs dizaines de personnes qui manifestaient leurs mécontentements dans les rues de plusieurs capitales régionales du pays.
En France, des associations de défense des consommateurs accusent Total de faire des profits sur le dos des consommateurs. Dans la mesure où les prix à la pompe ne baissent jamais à hauteur de la baisse du pétrole sur le marché international. Certaines associations proposent la création d’une taxe sur les pétroliers que l’Etat français pourrait prélever au profit de la création des emplois supplémentaires ou de la mise en œuvre des programmes sociaux…en France ! Et l’Afrique alors ?
Le prix du baril est tombé à 35 dollars en décembre 2008. Au dernier trimestre de l’année dernière, un climat d’insécurité dans les zones pétrolifères de la côte et du Delta du Niger a entraîné des arrêts de production qui ont débouché sur une baisse de production de 1% du nombre de barils extraits sur la période concernée. Cette baisse de production a conduit à une baisse des bénéfices de 8%. Total a aussi procédé à un arrêt de la production en Libye. A cause du tarissement naturel des exploitations et surtout le respect de la régulation de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Selon Christophe de Margerie, le Directeur général de Total, les résultats de 2009 ne seront pas aussi performants que ceux de 2008. D’abord, à cause de la chute du baril du pétrole dont le prix est en ce moment inférieur à 40 dollars, mais ensuite et surtout le ralentissement de la demande liée à la crise économique mondiale.
Total dont le niveau de production est resté le même qu’en 2007, à savoir 2,34 millions de barils par jour, table sur la prévision d’un baril à 60 dollars en 2009. Il maintient ses investissements à 18 milliards de dollars, comme l’an dernier. Les trois quarts consacrés à l’exploration et à la production.
En Angola, Total maintient son projet de gaz naturel liquéfié dont la production doit débuter en 2012. Au Nigeria, Total poursuit des travaux pour porter d’ici à 2010 la production du champ d’Ofon à 100.000 barils par jour, contre 40.000 actuellement.
Un autre champ basé à Akpo, en off shore profond, doit entrer en production au second semestre de cette année, avec la prévision de 225.000 barils par jour. Il y’a enfin des études d’ingénierie qui doivent continuer au champ d’Egina.
Total est un pétrolier français bien connu dans le monde entier et en Afrique en particulier; notamment dans l’exploration et l’exploitation de l’or noir partout où il a pu s’établir. Grâce au régime des concessions qui datent des années de l’indépendance sur le continent africain.
Depuis bientôt un demi siècle, des pays africains ont cédé des exploitations, à des compagnies pétrolières. En échange des royalties reversées souvent de manière opaque aux gouvernants des pays dont ces compagnies exploitent les sous-sols. Ce que Total fait en Afrique est pareil à ce qui se passe dans les pays comme l’Arabie Saoudite, au Moyen-Orient et le Venezuela, en Amérique latine.
Sortir de l’engrenage comme la Sonara
Par la suite, il y’a eu le régime dit de partage de la production et de la vente dont les modalités d’application ont rarement été favorables, sur le terrain, aux pays producteurs de pétrole africains. Sans oublier une assistance technique, soit pour la formation des cadres dans la commercialisation du pétrole brut - ce fut le cas au Congo-, soit en matière de maintenance des installations qui était chèrement payée, pour ce qui concernait jusqu’à récemment la Société nationale de raffinage de pétrole (Sonara) du Cameroun. Société qui raffine le pétrole d’autres pays, mais pas le pétrole brut du Cameroun qui est raffiné ailleurs.
Un véritable paradoxe qui pourrait être corrigé si le Cameroun est déterminé dans sa volonté de raffiner enfin son pétrole brut. Ce qui lui permettrait non seulement de gagner davantage dans la production, mais surtout de créer de nombreux emplois. En utilisant des géologues pétroliers camerounais dans l’exploration ou la prospection pétrolière d’une part, et d’autre part, des ingénieurs et techniciens hautement qualifiés ou compétents dans les domaines de la production et de la pétrochimie.
Les compétences ne manquent pas au pays et au sein de la diaspora camerounaise. Certains Camerounais occupent d’ailleurs des fonctions de directeurs techniques dans des sociétés pétrolières étrangères basées en Afrique et au Moyen-orient. L’arrêt du contrat d’assistance technique relatif à la maintenance des installations de la Sonara avec le pétrolier français est une opportunité pour le Cameroun qui va économiser des milliards, envisager rapidement le raffinage de son pétrole brut avec tout ce que cela comporte comme gains issus des produits dérivés du pétrole et enfin valoriser des compétences locales. Les Compatriotes qui travaillent à Total ne sont aussi bien rémunérés que les expatriés français, même lorsqu’ils ont de l’expérience et les meilleures qualifications.
Cela fait penser à la décision stratégique et patriotique du Cameroun de créer la compagnie Cameroon Airlines (Camair). Il y’a une trentaine d’années, le Cameroun se retirait alors de Air Afrique pour créer sa propre compagnie nationale. Ce fut une décision courageuse de feu président Ahmadou Ahidjo qui avait vite compris les enjeux et la nécessité de ce projet. Malgré la disparition de la Camair qui vient d’être remplacée par la Camair -Co, c’est l’Afrique toute entière qui est fière de la qualité et de la compétitivité des pilotes camerounais dans le monde de l’aviation internationale.
© Quotidien La Nouvelle Expression : Écrit par Edmond Kamguia K.
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