Si la famille kényane de Barack Obama se dit honorée par la remise, ce jour, du prix Nobel de la Paix, la récompense va avant tout aux Etats-Unis. L’Afrique, elle, reste de loin sous-représentée parmi les lauréats.
Les choses avaient pourtant bien commencé en 1951, lorsque Max Theiler avait reçu le Nobel en Médecine pour ses travaux sur le vaccin contre la fièvre jaune. Certes, il vivait aux Etats-Unis mais était né en Afrique du sud. Il a fallu attendre près de 50 ans pour que le biologiste sud-africain Sydney Brenner remporte un second prix scientifique. C’était en 2002.
Rien ne sert de se voiler la face, les Africains ne sont pas des génies scientifiques et quand ils le sont, se gardent bien d’exercer dans leur pays. La recherche ne semble pas être une priorité des gouvernements africains, et le système éducatif est loin d’être au point. En Afrique de l’ouest, la grève est une des règles d’or des enseignants-chercheurs. Il y a donc encore du chemin à parcourir pour recevoir un Nobel.
Le continent mieux récompensé en littérature
En littérature, l’Afrique a connu plus de succès, et ce n’est pas seulement parce que l’écriture ne requiert pas de matériel de laboratoire. Le nigérien Wole Soyinka a été le premier à recevoir le prix en 1986 suivi par Naguib Mahfouz en 1988, fondateur du roman moderne en arabe. En 1991, Nadine Gordimer a été la première femme à recevoir ce prix, pour ses œuvres évoquant les préjugés raciaux dans une Afrique du sud encore sous le joug de l’apartheid.
Mais c’est le prix Nobel de la paix qui a été raflé par le plus d’Africains. Paradoxalement, c’est dans les contrées les plus étrangères à la paix civile que des militants sont sortis du lot pour la défendre. Le premier, Albert Luthuli, a été récompensé « en hommage à l’Afrique et à tous les peuples sans distinction de race, couleur ou credo » en 1960, suivi par l’égyptien Anwar el-Sadat en 1978, pour ses efforts dans le processus de paix israélo-égyptien.
Lutte contre l’apartheid
A cette exception près, c’est la lutte contre l’apartheid qui a été le principal moteur de la reconnaissance de grands hommes africains : Desmond Tutu, en 1984, puis Nelson Mandela et Frederik De Klerk, en 1993, pour l’abolition du régime de ségrégation.
Ensuite, il a fallu attendre la nomination d’un africain comme secrétaire général des Nations unies pour que le ghanéen Kofi Annan soit récompensé en 2001 et le choix de la kényane Wangari Muta Maathai en 2004 pour « sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix » ne peut que renforcer cette émulation. Si l’Afrique francophone est encore absente du palmarès, les années de lutte contre les colonisateurs et de guerres intestines ont formé des écrivains et militants de génie en Afrique. Le revers de la médaille est que ces troubles ont empêché la création d’une plateforme de recherche scientifique sur le continent.
Les Africains "nobélisés"
Années | Pays | Discipline | Lauréat |
1951 | Afrique du Sud | Médecine | Max Theiler |
1960 | Afrique du Sud | Paix | Albert Luthuli |
1978 | Egypte | Paix | Anwar el-Sadat |
1984 | Afrique du Sud | Paix | Desmond Tutu |
1986 | Niger | Littérature | Wole Soyinka |
1988 | Egypte | Littérature | Naguib Mahfouz |
1991 | Afrique du Sud | Littérature | Nadine Gordimer |
1993 | Afrique du Sud | Paix | N. Mandela & F. de Klerk |
1999 | Egypte | Chimie | Ahmed Zewail |
2001 | Ghana | Paix | Koffi Annan |
2002 | Afrique du Sud | Médecine | Sydney Brenner |
2004 | Kenya | Paix | Wangari M. Maathai |
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