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Saturday, May 16, 2009

Le Parti démocrate au pouvoir pour vingt ans ?

Au-delà de l’élection de M. Barack Obama


Autant les premières annonces économiques de M. Barack Obama (relance budgétaire et aide à l’industrie automobile) paraissent s’éloigner des priorités de ses prédécesseurs (baisse des impôts et réduction des dépenses sociales), autant les premières nominations du président élu privilégient de vieux routiers de Washington. M. Paul Volcker a déjà dispensé ses conseils économiques à Ronald Reagan ; M. Robert Gates demeurerait à la tête du Pentagone. Politiquement, M. Obama a pourtant les mains libres.

Par Jerome Karabel

Au cours du siècle écoulé, seules deux élections présidentielles ont réellement bouleversé le paysage politique américain. La victoire de Franklin Roosevelt en 1932, qui donna l’avantage aux démocrates pendant toute une génération, et l’élection de Ronald Reagan en 1980, qui plaça le pays sous hégémonie républicaine pendant l’essentiel des vingt-huit années qui allaient suivre. Même s’il est trop tôt pour l’affirmer avec certitude, l’accession de M. Barack Obama à la Maison Blanche marque le début d’une période à nouveau propice aux démocrates.

Certes, M. Obama ne l’a emporté que de sept points environ (52,7 % contre 45,9 %), ce qui ne constitue pas un raz de marée. Mais une victoire écrasante n’est pas forcément le signe annonciateur d’un changement social susceptible de donner l’avantage à un parti sur le long terme. En 1964, Lyndon Johnson écrasait Barry Goldwater de vingt-trois points (61 % contre 38 %) ; en 1972, Richard Nixon battait George McGovern avec la même avance (60,6 % contre 37,5 %). Mais quatre ans après ces deux triomphes électoraux, c’est un candidat du parti adverse qui a occupé la Maison Blanche.

A l’inverse, une élection gagnée avec une marge plus modérée peut amorcer une révolution du paysage politique. L’exemple le plus parlant est celui de Reagan, qui, après une victoire de neuf points, reconfigura entièrement la politique américaine en posant le gouvernement fédéral comme « le problème et non la solution ».

Pendant un quart de siècle, les idées néolibérales qu’il incarna dominèrent le paysage idéologique et, lors de chaque élection, les démocrates furent contraints d’affronter les républicains sur leur terrain. M. William Clinton, le seul démocrate élu entre 1980 et 2008, le reconnut implicitement lorsqu’il déclara en 1996 qu’il fallait cesser de « toujours compter sur l’Etat ». En ce sens, M. Obama avait raison d’affirmer en janvier dernier, au grand dam de membres de son parti, que « Ronald Reagan a eu une influence bien plus profonde que Bill Clinton sur l’ensemble du pays ».

Cependant, l’importance de la victoire de Reagan ne devint évidente que quatre ans plus tard, lorsqu’il battit M. Walter Mondale de dix-huit points (59 % contre 41 %). C’est donc au terme du premier mandat de M. Obama que l’on saura si son élection a constitué un tournant. Plusieurs éléments semblent déjà l’indiquer. En effet, bien plus qu’une réaction à la crise financière, cette victoire est le résultat de tendances lourdes, qui suggèrent l’émergence d’une majorité démocrate capable de conserver le pouvoir sur le long terme. Six aspects sont à souligner en particulier.

Les jeunes

Ils ont voté pour M. Obama dans des proportions jamais vues jusqu’alors, celui-ci recueillant 66 % des suffrages de la tranche d’âge 18-29 ans contre 32 % pour M. John McCain. Or les grands réalignements politiques ont toujours pris leur élan dans ces classes d’âge, le rattachement à un parti se décidant très tôt et ne se modifiant que rarement par la suite. Ainsi, la génération qui porta Roosevelt au pouvoir en 1932 continua à favoriser les démocrates jusque dans les années 1960. C’est l’émergence de la génération Reagan au début des années 1980 qui permit aux républicains de dominer si longtemps la vie politique du pays. Le vote de 2008 semble confirmer une tendance longue favorable aux démocrates : le dernier candidat républicain à avoir emporté les suffrages des jeunes était M. George H.W. Bush en 1988, et son avance n’était que de cinq points.

La population hispanique

Connaissant une très forte croissance démographique, elle a basculé dans le camp démocrate. M. Obama l’emporte là aussi avec 66 % des suffrages contre 32 %, en très nette progression par rapport au précédent candidat démocrate, M. John Kerry (58 % contre 40 %). Cette population ayant été choquée par la manière dont les républicains ont abordé la question de l’immigration, ce basculement a de fortes chances d’être durable. Et le vote hispanique va prendre plus d’importance encore dans la vie politique américaine. La proportion de citoyens d’origine hispanique, qui était déjà de 12,5 % en 2000, devrait atteindre 20 % en 2020, et peut-être 30 % en 2050. Le choix électoral des jeunes Hispaniques, qui ont voté pour M. Obama à plus de 76 %, est donc particulièrement inquiétant pour les républicains.

Les fiefs historiques

M. Obama a rompu avec une tendance structurelle dangereuse pour les démocrates, dont les bastions électoraux perdaient peu à peu leur importance (1). Du fait de leur faible croissance démographique, les Etats de New York, de Pennsylvanie, de l’Illinois, du Michigan et du Massachusetts ont toutes les chances de perdre des grands électeurs en 2012. En l’absence de progrès électoraux notables dans les Etats républicains, ce déclin risquait de saper les bases du Parti démocrate. Mais M. Obama a fait bouger les frontières électorales en remportant la Floride, la Virginie, le Colorado et le Nevada, des Etats à forte croissance démographique. Et il a également obtenu des scores prometteurs dans d’autres fiefs républicains, comme le Montana. Les démocrates ont ainsi montré qu’ils étaient capables de progresser et de gagner partout, notamment dans le Sud et dans la région des Rocheuses. On ne peut pas en dire autant des républicains, largement battus dans tout le Nord-Est et sur la Côte ouest.

Les retraités

Le phénomène que les démographes désignent sous le terme pudique de « remplacement générationnel » va également éroder la base électorale des républicains. M. McCain a fait son meilleur score chez les plus de 65 ans, où il a battu M. Obama par 53 % des voix contre 45 %. Mais le temps va réduire inexorablement le poids de cette génération, et la suivante, les 45-64 ans, correspond à celle du baby-boom. Malgré la tendance des personnes plus âgées à voter davantage à droite, le Parti républicain craint de ne pas trop pouvoir compter sur les baby-boomeurs.

L’électorat flottant

M. Obama a fait une percée chez les indécis (les swing voters), dont les démocrates ont besoin pour rassembler une coalition. Il a convaincu 52 % des indépendants (qui constituent aujourd’hui 29 % de l’électorat) et 60 % des « modérés » (2). Il dépasse donc la performance de Reagan, qui, en 1980, avait rassemblé 55 % des indépendants mais seulement 49 % des « modérés ». Si ces résultats sont confirmés en 2012 et au-delà, ils contribueront à renforcer la majorité démocrate.

Les diplômés

Depuis plusieurs élections, les républicains perdent du terrain auprès des électeurs ayant suivi des études supérieures. La tendance s’est accentuée en 2008, M. Obama remportant 53 % des voix dans cet électorat. En 1988, les républicains dominaient cette catégorie de treize points (56 % contre 43 %), la partie la plus favorisée de la classe moyenne votant traditionnellement républicain. Mais les choses ont évolué au cours des vingt années écoulées, jusqu’au basculement constaté aujourd’hui. Comme les diplômés du supérieur participent beaucoup plus au scrutin que le reste de la population, au point de représenter aujourd’hui 45 % des suffrages exprimés, s’il y a un électorat que les républicains ne peuvent se permettre de perdre, c’est bien celui-ci.

Ces six tendances de fond suggèrent que la majorité qui s’est retrouvée autour des démocrates en 2008 a de bonnes chances de se renforcer lors des prochaines échéances électorales. Bien sûr, certains facteurs ayant contribué à la victoire de M. Obama — l’extrême impopularité du gouvernement Bush, le gigantisme de la crise financière, la guerre en Irak, le charisme du candidat — ne profiteront pas aux prochains postulants démocrates. Mais alors surgit un autre facteur, d’une importance capitale : la crise idéologique à laquelle est dorénavant confronté le Parti républicain, dont la méfiance instinctive envers l’Etat s’est transformée depuis Reagan en haine irraisonnée. Les événements récents, et les catastrophes mondiales qui vont en découler, ne peuvent que mettre à mal le dogme néolibéral. Les ravages de l’ouragan Katrina et la débâcle de Wall Street l’ont prouvé, les Etats-Unis ont plus que jamais besoin d’un gouvernement puissant et efficace, principe fondateur du progressisme américain depuis plus d’un siècle.

Rien ne prouve que M. Obama et les démocrates réussiront à saisir cette occasion historique, mais la possibilité de redonner une place centrale aux idées progressistes est désormais réelle. S’ils remportent leur pari, les historiens pourront comparer 2008 à 1980, année au cours de laquelle une victoire électorale qu’on ne peut pourtant pas qualifier de raz de marée marqua le début d’une réorientation fondamentale de la politique américaine.

Jerome Karabel.


Jerome Karabel

Professeur de sociologie à l’université de Californie, Berkeley. Il est l’auteur de The Chosen : The Hidden History of Admission and Exclusion at Harvard, Yale, and Princeton. Houghton Mifflin, Boston, 2005.


ue recensement, les Etats dont la population augmente proportionnellement gagnent des élus à la Chambre des représentants et pour le collège électoral pendant que ceux dont la population diminue en perdent. La Chambre des représentants compte un nombre fixe de membres (435) et le collège électoral aussi (538). Au Sénat, en revanche, chaque Etat conserve ses deux élus, quelle que soit sa population.

(2) Les indépendants sont les Américains qui, au moment de s’inscrire sur les listes électorales et de choisir une affiliation politique (ce choix leur est demandé afin de déterminer la primaire du parti — républicain, démocrate, ou autre — à laquelle ils participeront), n’en déclarent aucune. La catégorie des « modérés », comme celle des « conservateurs » ou des « progressistes », est constituée lors de sondages d’opinion.

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