jeudi 14 mai 2009
C’est sans doute l’initiative sociale la plus attendue de la présidence Obama : la réforme d’un système qui accomplit le prodige d’être l’un des plus coûteux du monde (17,6 % du PIB des Etats-Unis), tout en laissant à l’écart une proportion considérable de la population du pays (15 % environ des Américains ne bénéficient d’aucune couverture médicale).
Bien sûr, il s’agit aussi du serpent de mer de la politique américaine : rares sont les présidents qui n’ont pas un jour promis de réformer un état de fait aussi ruineux qu’inique. Il y a une quinzaine d’années, Mme Hillary Clinton avait même été chargée par son mari de proposer une solution très ambitieuse au problème. Echec cinglant. Le poids des lobbies fut tel, la campagne de peur qu’ils instrumentèrent à coup de dizaines de millions de dollars de spots de publicités tellement efficace que les démocrates renoncèrent à aller plus loin.
M. Barack Obama montrera-t-il davantage de détermination ? Il a promis qu’il « ne prendrait pas de repos avant que le système de santé ne soit réformé ». C’est d’autant plus envisageable que ce système, déjà plus que déficient en temps ordinaire, est calamiteux en période de crise et de chômage de masse. Aux Etats-Unis, ce sont en effet souvent les entreprises qui couvrent leurs salariés, lesquels se retrouvent donc doublement dépourvus quand ils perdent leur emploi.
L’attente d’une réforme est telle, y compris auprès des chefs d’entreprises, que même les lobbies des médecins, de l’industrie pharmaceutique, des avocats et des assurances promettent de ne pas contrarier le nouveau président.
Toutefois, au vu des enjeux – les primes d’assurances ont augmenté de 119 % depuis dix ans, trois fois plus que le coût de la vie … –, mieux vaut ne pas trop prendre pour argent comptant ce genre de promesses. Et mieux vaut surtout se demander de quel prix elles risquent d’être payées. Pour ces lobbies, très influents auprès du Congrès, puisqu’ils financent les campagnes de nombre de parlementaires, s’agit-il, là encore, de concéder un peu pour ne pas risquer de tout perdre ?
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