Barack Obama était décidément prêt à devenir président des États-Unis. Depuis son arrivée, il annonce ses intentions, presque tous les jours.
Il promet des changements importants. Il propose des bouleversements majeurs pour la société américaine. Tout ça avec le sourire, avec une énergie qui semble débordante et malgré une crise économique.
D'ailleurs, c'est ça qui est le plus intéressant: Barack Obama s'attaque à la crise tout en faisant avancer ses projets visant à réduire les inégalités aux États-Unis.
Depuis le 20 janvier, depuis l'annonce de la fermeture de Guantanamo jusqu'au budget 2010 présenté jeudi dernier, Barack Obama fonce à vive allure. Il ne craint aucun affrontement avec les républicains conservateurs du Congrès. Il se permet de lever le ton et même de se faire « moralisateur », selon le Wall Street Journal.
Ce même journal a d'ailleurs coiffé son éditorial par le titre « La révolution Obama » vendredi dernier pour faire référence au budget du président.
Rarement dans les dernières décennies a-t-on pu lire un budget aussi dense, ambitieux et détaillé aux États-Unis. Barack Obama veut du changement, dit avoir été élu pour du changement, et les débats seront houleux.
« Les Américains ne font que commencer à comprendre l'ampleur des ambitions de M. Obama, écrivait le Wall Street Journal, et combien de dollars de leurs revenus seront nécessaires pour répondre à ces ambitions. Les républicains ont l'obligation d'insister pour qu'on mène un débat large et profond sur le plan Obama, sinon les Américains vont découvrir dans un an ou deux qu'ils vivent dorénavant dans un pays très différent. »
Déficits
Pour y arriver, le président prévoit les déficits budgétaires les plus importants de l'histoire de son pays: 1700 milliards en 2009-2010 et 1200 milliards en 2010-2011. Il emprunte à Roosevelt son désir de réduire les inégalités de revenus. Il rejette Reagan et annonce que le gouvernement est la solution et non le problème.
Ses choix répondent, en bonne partie, à ce que réclame l'économiste de gauche Paul Krugman. Il ne serait pas étonnant que Barack Obama ait pensé déposer un « New Deal », mais il s'est gardé une petite réserve.
Impôts
Ainsi, il projette augmenter les impôts pour les contribuables gagnant plus de 200 000 $/année et pour les ménages touchant plus de 250 000 $/année. De combien? On verra. En ce moment, le taux d'impôt le plus élevé est d'environ 35 %.
Sous Roosevelt, le taux le plus élevé s'est retrouvé entre 60 et 80 %. Ça va crier si Barack Obama s'aventure à de tels niveaux... Ce n'est qu'un petit bout du virage que le président veut faire prendre aux Américains.
Santé
L'un des grands objectifs de Barack Obama, c'est de faire en sorte que tous les Américains, sans exception, aient accès à une assurance maladie.
Aujourd'hui, 46 millions de personnes ne bénéficient d'aucune assurance. Des millions d'autres doivent composer avec des contrats d'assurance très restrictifs, qui ne s'appliquent qu'en de rares cas. Le président propose la création d'un fonds de 630 milliards de dollars sur 10 ans.
Éducation
Autre petite révolution: finis, les prêts de fonds privés pour les études. C'est l'État qui va dorénavant gérer les prêts étudiants.
Washington entend épargner 4 milliards de dollars de subventions versées à des prêteurs privés. Le budget éducation va bondir de près de 13 % pour un total de 46,7 milliards de dollars.
Environnement
Le ton en matière d'environnement change totalement, on le savait, on s'y attendait. Barack Obama veut faire adopter une loi pour plafonner les émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis et ainsi créer un marché du carbone. Comme en Europe, où le marché a bien fonctionné pendant quelques années.
L'arrivée des États-Unis dans un tel marché changerait totalement la dynamique. Barack Obama prévoit aussi une forte augmentation dans les budgets de recherche sur les changements climatiques.
Agriculture
Les subventions agricoles seront réduites, notamment pour les producteurs de coton. Une telle mesure est saluée par les pays pauvres, qui produisent du coton, en particulier le Mali.
De telles subventions déséquilibrent le marché. D'ailleurs, l'agriculture demeure l'enjeu le plus complexe en terme de commerce international. Barack Obama envoie un signal dans ce dossier.
Défense
Le président démocrate prévoit aussi doubler l'aide étrangère, augmenter l'aide aux propriétaires immobiliers en difficulté en plus d'injecter de l'argent pour contrer la fraude immobilière.
Il a prévu aussi augmenter de 1,4 % les dépenses pour la Défense en 2010, à 663,7 milliards de dollars. Toutefois, il entrevoit réduire ces dépenses avec le retrait des soldats américains d'Irak d'ici 2011. Ce qui est dénoncé, encore par le Wall Street Journal, qui craint une autre « décennie perdue », le retour des « erreurs » des années Clinton.
En ligne avec Paul Krugman
Les projets de Barack Obama rejoignent les propositions de l'économiste Paul Krugman, dont on a déjà parlé. Dans son livre L'Amérique que nous voulons, Paul Krugman insiste tout particulièrement sur la nécessité de créer une couverture universelle en matière de santé. « Une société où 40 % de la population n'est pas assurée ou l'est si insuffisamment qu'elle doit différer des soins trop coûteux n'est pas une société de classe moyenne. »
Aussi, « l'idée-force du New Deal, selon Paul Krugman: la société doit aider ses membres défavorisés ». Et c'est ce que semble vouloir faire Barack Obama à cause ou malgré la crise économique. Franklin Delano Roosevelt voulait une société plus juste. Il a mis sur pied la sécurité sociale et l'assurance-chômage.
Aujourd'hui, « la révolution Obama » est engagée. Le président veut aller plus loin: il veut réformer la santé, bonifier l'éducation, réduire les inégalités en touchant le haut et le bas des classes sociales. Son combat est déjà engagé, à peine un mois après son accession à la présidence.
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