« Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir »
- 8 août 2008 @11h58 »
Israël va être confronté à un nouveau problème avec le Mur :
Au moins partiellement, il fixe des frontières tangibles à un état qui ne s’en donnait pas au nom d’une idéologie hégémonique.
Pas encore terminé, il semble qu’il soit déjà dépassé.
Israël autorise la construction de logements dans des colonies de Cisjordani.
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CPI :
La ligue arabe a dit que les autorités de l’occupation sioniste ont augmenté de douze fois la colonisation dans les territoires palestiniens depuis la conférence de paix d’Annapolis...
Et Tzipi Livni a dit que ce n’est pas du tout une raison valable pour que les Palestiniens ne poursuivent pas le “processus de paix”.
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Pourquoi les Israéliens voteront Natanyahu :
« Les Israéliens ont perdu la foi dans la paix », a dit le commentateur du Ha’aretz Tom Segev. « Ils ne croient plus en elle. Les gens vont voter pour Bibi parce qu’ils se disent que “s’il n’y a pas de paix, autant avoir un leader fort” ».
- Les chiens, la rage et la volonté.
Le contrôle des frontières donne à ceux qui se sont octroyé la mission de défendre Israël le sentiment enfantin des nations en devenir, de dominer les hommes et donc l’ esprit des hommes par la brutalité.
C’est un sentiment d’une incroyable candeur, qui leur fait oublier, ce que cette position leur donne comme responsabilités et comme devoirs.
La fermeture de toutes les frontières de la Bande de Gaza et en particulier le passage de Rafah au sud de la Bande de Gaza malgré la trêve annoncée depuis plus de deux mois dans la Bande de Gaza entre armée israélienne et factions palestiniennes empêche le centre de la paix de l’université Al -Aqsa de Gaza de participer à une rencontre régionale au Liban sur la non violence.
les "propagandistes" se permettent d’affirmer :Naturellement, Israël s’est retiré de Gaza en août 2005, ce qui fait que les Palestiniens ne peuvent pas dire qu’ils subissent l’occupation ou la présence de colonies pour justifier le tir de plus de 5000 fusées contre ce pays depuis le désengagement. Bien que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ait initialement condamné l’attentat de Jérusalem, il a élevé par la suite le tueur au statut de martyre. Ce dernier est à présent célébré dans les médias palestiniens comme un héros de la résistance.
alors qu’en réalité ça devrait les mettre dans l’obligation de souligner la nécessité vitale et prioritaire, d’aider les voisins de la nation qu’ils prétendent défendre. Car par définition toute nation viable a nécessairement des voisins.Comment imaginer qu’une telle naïveté ne se retourne contre ses auteurs. Toute nation a des frontières, donc des voisins, donc des obligations envers ses voisins. Au delà de la Palestine, il y a l’Égypte, la Syrie, le Liban, et au delà de ces pays, il y a la terre entière, ça a pourtant l’air simple à comprendre ? Non ?
Devant un tel aveuglement il est difficile de ne pas y voir les conséquences d’une contrainte exercée sur les communautés juives pour tenter l’expérience d’Israël. Les "idéologues" paraissent vouloir retarder le moment où l’état d’Israël sera réellement une nation.
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Philip Weiss aborde le « paradigme » de l’interdiction faite aux “juifs de la diaspora” de critiquer Israel. Il se veut optimiste dans la mesure ou les Juifs américains seraient de moins en moins rares à vouloir repousser le dit paradigme. Comme ceux du Meretz US qui déclarent : "Les vieilles règles [imposées par Israel] des relations Diaspora-Israel ne sont plus acceptables pour nous"
Ce rejet serait facilité par le fait que « 62 % des Juifs américains en-dessous de 35 ans sont mariés à des non-Juifs ».
Mais briser ce paradigme n’est pas suffisant estime Philip Weiss, parce qu’on reste “entre Juifs” : Seuls des Juifs auraient le droit de critiquer la politique israélienne. La prochaine étape serait de briser ce deuxième paradigme afin de s’allier à des non-juifs pour lutter contre l’occupation israélienne.
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@ K.
Si "62% des Juifs americains sont mariés a des non-juifs", il y a fort a croire que l’avenir soit moins pro-israel.
Je dirais que l’etape, bien qu’elle soit bien qu’entre Juifs et non-Juifs on puisse opiner ensemble contre un Etat delinquant (l’Etat d’Israel), est particulierement celle ou il sera legitime de le faire, et meme un acte non pas courageux suicidaire de "radicals" tels que les traditionnels parias Finkeltstein & co, mais un acte normal pour critiquer dans le NYT des choses devenues politiquement incorrects.
Mais les realistes, tels que les tenants du chomskysme, diront que cela sera possible uniquement le jour ou l’armee US cessera de considerer comme sa prolongation naturelle Tsahal.
Amicalement
- Judaisme and beyond
Mais il est vrai que la plupart des etudes sur le judaisme contemporain montrent que l’identite juive est en crise, ou plutot, en transformation rapide, notamment du fait des mariages mixtes qui sont legions.
Certains s’en inquietent, avec le ton tragique habituel des gens qui voient leur monde s’ecrouler.
D’autres essayent d’y voir la naissance d’un nouveau vivre ensemble des Juifs dans le monde, et sinon une possible disparition de l’identite, du moins d’une modification salutaire, car non-sectaire, etc.
Mais l’ombre portee par Israel dans ce debat tranche par son aspect, (deformee par les anxietes de disparation identitaire), uniforme et puissant.
C’est aussi, une raison du succes d’Israel chez les menages juifs de France, des Us etc.
Cette force rassurante de l’identite stable. Tout cela sur fond de crise economique en decades. Ajoutee a la crise cilmatique. Quoique la realite israelienne tendrait a demontrer tout le contraire.
Mais si les comportements humains etaient guides par la raison et la verite, ca se saurait.
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Asher, plus généralement cette question du repli identitaire est globale. C’est un sujet qui me parait capital. Certains comme Serge Latouche y voient une conséquence de la mondialisation néolibérale. Faisal Devji aborde souvent la question aussi.
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Bonjour,
"M. Zeev Sternhell (...), grande voix intellectuelle de la gauche sioniste, n’hésite pas a parler de « fascisation rampante de la société israélienne (...) »."
Il ne me semble pas que ce diagnostic, fort juste, soit limité à Israël. Depuis le 11 septembre 2001, on peut dire que c’est l’ensemble du monde "occidental" qui a versé dans le camp de la barbarie et de l’insensibilité au sort des autres, pourvu que son bien-être et que sa "sécurité" soient assurés.
La France avait été relativement épargnée par ce phénomène jusqu’en mai 2007, mais elle a depuis "rattrapé son retard" en mettant les bouchées doubles (cf. Hortefeux et la politique d’emprisonnement systématique des étrangers en "situation irrégulière").
La situation est peut-être pire qu’il y a 70 ans (en 1938, à la veille de la Seconde Guerre mondiale et à l’apogée du fascisme et du nazisme) : à cette époque-là, il subsistait au moins quelques îlots de résistance. A présent, la contamination est générale et aucun pays ne peut se dire a priori exempt de cette barbarisation.
Comme le montre l’essor de la Chine, l’Occident a définitivement perdu sa suprématie : il est incapable de le supporter et se montre prêt à tout, quelles qu’en soient les conséquences, dans une tentative désespérée pour essayer de conjurer l’inéluctable.
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Zeev Sternhell justement, Ha’aretz 08/08/2008 (1) :
"L’entreprise sioniste", a déclaré Berl Katznelson en 1929, date à laquelle il a résumé les 10 premières années du mouvement Ahdut Ha’Avoda, est une "entreprise de conquête." Et dans le même souffle, il a ajouté : « Ce n’est pas par hasard que j’utilise des termes militaires pour décrire la colonisation du pays." Et en effet, le sionisme était un mouvement de conquête, et tous les moyens étaient autorisés pour accomplir la tâche.
Toutefois, ce qui était essentiel et donc justifié à l’époque pré-étatique est aujourd’hui une laide et violente forme d’occupation coloniale : régime autoritaire dans les territoires, création de deux systèmes juridiques, mise de l’armée et de la police au service du mouvement de colonisation, vol des terres palestiniennes. Tout cela symbolise non pas la réalisation du sionisme, mais plutôt son enterrement. C’est là, entre Hébron et Yitzhar, que les colonies sont en train d’enterrer l’Etat juif démocratique.
À l’instar d’autres régimes coloniaux, le gouvernement est en train d’essayer d’agir dans le secret dans les territoires. Une délégation menée par La Paix Maintenant, il y a trois semaines, avec environ 250 participants, a été interdite d’entrer dans Hébron. La zone a été déclarée zone militaire fermée par le chef de la brigade d’Hébron, mais la police d’Hébron n’a pas empêché les durs du coin de tenter d’attaquer les participants à la tournée. La police n’a pas non plus empêché d’autres voitures d’entrer et quitter Hébron sans être inquiétées. Nous pouvons raisonnablement supposer que si des membres du Likoud et du Parti national religieux s’étaient présentés pour une visite, la région n’aurait pas été fermée, et l’armée aurait été au service des visiteurs.
Le chef de la brigade d’Hébron est la même personne qui à une autre occasion pouvait être vue à la télévision en train d’arrêter brutalement le photographe de B’Tselem : L’homme filmait de ce qui se passait sous ses yeux, et dans les territoires c’est un crime grave. Quand il y a une caméra sur place, il n’y a pas de possibilité de nier les cas de sévices et d’humiliation, ou d’incidents tels que le tir sur un Palestinien ligoté.
Mais le pire de tout est le fait que derrière le commandant de brigade - qui n’est qu’un rouage mineur qui opère dans l’esprit de ses commandants- derrière le commandant de bataillon dont le soldat a appuyé sur la gâchette a Na’alin, se trouve l’ensemble de la chaîne de commandement des territoires. C’est sous la responsabilité de ces personnes que les jeunes soldats sont placés.
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Zeev Sternhell, Ha’aretz 08/08/2008 (2)
Toutefois, dans la mesure où le public est concerné, Ehoud Barak est la personne qui porte la responsabilité globale du partenariat entre les colons et les forces de sécurité. Nous devons immédiatement mettre un terme à cela et une fois pour toutes mettre fin à la culture de la violence qui domine dans les territoires, une culture qui favorise la criminalité juive et le harcèlement quotidien de la population civile palestinienne.
La visite des terres des colons est une nécessité vitale pour toute personne qui veut en apprendre davantage sur ce qui se passe autour de lui. Toute personne qui va sur le terrain comprend immédiatement que le problème ne réside pas dans les soi-disant avant-postes "illégaux". Bien que le refus de faire face à des groupes de durs qui bafouent la loi et les décisions du gouvernement soit une honte en soi, ce n’est pas le principal obstacle pour mettre fin à l’occupation. Le problème réside dans le mouvement de colonisation lui-même, dans la faim israélienne de terres.
La vraie raison des colonies, d’abord dans les hauteurs du Golan et plus tard dans la vallée du Jourdain et la région montagneuse centrale, est l’occupation de la terre : Les héritiers et disciples spirituels de Berl Katznelson, et même ceux de sa génération qui étaient encore en vie, n’ont vu aucune raison pour ne pas poursuivre l’entreprise. Des réalistes comme Levi Eshkol et Pinhas Sapir et n’ont pas eu de réponse intellectuelle et morale à la demande de poursuite de la voie qui jusqu’alors avait été considéré comme la seule connue du sionisme. De l’autre côté de la carte se tenaient la droite révisionniste et Gush Emunim.
En somme, droite et gauche ont été partenaires dans cette entreprise. La ferveur nationalisto-messianiste et le désir de mettre fin à la guerre de l’indépendance ont fusionné pour donner la dynamique de l’occupation : L’ensemble de la droite et la plupart de gauche - “Nous sommes retournés à la terre des Juges et des Rois de la dynastie de David”, a déclaré ému le ministre de la défense Moshe Dayan lors de l’été 1967 - portent une responsabilité commune quant à la mise en place progressive de la catastrophe dans laquelle baigne la société israélienne.
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Zeev Sternhell, Ha’aretz 08/08/2008 (3 et fin)
Comme il était impossible de prendre le contrôle des terres légalement, une culture mafieuse de vol, de mensonge et de tromperie s’est développée dans les territoires, ou les différentes autorités gouvernementales baignent encore, des ministres en costumes sur mesure au dernier policier transpirant sur les routes.
Contrairement aux règles du droit international et israélien, contrairement aux règles élémentaires de la justice, contrairement à toute logique et tout véritable intérêt israélien, de grands domaines ont été confisqués dans l’intérêt des colons et d’énormes sommes y ont été versées.
Mais au fil des ans, le golem s’est dressé contre son créateur : Lorsque le public a fini par comprendre que si le mouvement national juif n’adoptait pas les fondements universels des droits de l’homme, la démocratie et la primauté du droit, il se condamnerait à la destruction, une force avait déjà surgi sur la Ligne verte qui menace aujourd’hui de noyer tout Israël.
Ainsi, une minorité a pris le contrôle du sort de la société toute entière et le tient en otage, et ceci est du à la fois a l’impuissance idéologique de la gauche et un manque de caractère, de détermination et de leadership. Si la société ne trouve pas la force émotionnelle de supprimer la corde des colonies, rien si ce n’est sa triste mémoire ne restera de l’Etat juif comme il existe encore.
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« A Hébron, en Cisjordanie, (..), 600 colons juifs sont installés, sous la protection de 2000 soldats. Et au milieu de 170 000 palestiniens. »
La partie palestinienne de Hébron est sous le “controle” des hommes de Abbas. Voici en quoi consiste le dit controle :
Les forces israéliennes [y mènent des raids depuis] l’année 2000 [suite aux soulèvements palestiniens après l’échec des pourparlers de paix de l’époque]. Elles continuent à mener des raids presque tous les jours.
C’est un problème pour le chef de la sécurité palestinienne dans la région d’Hébron, qui cherche [à promouvoir l’agenda] du Président Mahmoud Abbas (soutien de la "feuille de route" et maîtrise des militants.)
"Les Israéliens viennent juste d’appeler pour me dire qu’ils ont un raid à mener et que je dois dire à mes hommes de quitter les rues", a dit le brigadier-général Samih al-Saifi à Reuters en visite dans son quartier général. Une demi-heure plus tard, le téléphone sonne à nouveau. Le raid israélien est terminé.
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Quant au second paradigme de Philip Weiss, celle de l’interdiction faite aux Juifs de la diaspora de critiquer Israel avec des non-Juifs, je voudrais vous repondre, K. Figurez-vous (je ne sais si vous etes Juif vous-meme, mais il m’a semblé que non, d’ou l’interet de debattre avec vous pour moi), figurez-vous que c’est un paradigme tout a fait reel. Le premier aussi d’ailleurs. J’ai du moi-meme faire un travail sur moi pour vaincre les interdits (plus ou moins d’ordre seculaire), qui pesent sur mes opinions sur Israel et Palestine. Vous n’avez pas idee de la verite de vos propos me concernant. C’en est a un tel point qu’a une epoque de mes "jeunes annees", j’avais beaucoup de mal a lire des auteurs non-juifs... C’est dire. Alors quant a debattre d’Israel avec des non-juifs, c’etait ardu. Tendu je dirais surtout. Avec des Arabes, c’etait carrement inconcevable. Une espece particuliere de trahison...
C’etait il y a bien des annees. Heureusement, je n’ai pas fait le processus radical de l’un de ces francais juifs qui ont rejoint Tsahal ou la colonisation, et cela ne m’a pas effleure. Mais j’ai des amis qui l’ont fait. Helas !
J’ai plutot fait le chemin inverse, avec douleur.
Et satisfaction. Je crois que quoi qu’il en soit, les opinions qui reposent sur des bases universelles sont presque toujours plus satisfaisantes pour la personnalite.
Je ne peux pas concevoir qu’il n’y ait quelque tristesse chez un sioniste, un fasciste, un raciste, un neoconservateur.
- où la douleur du bourreau reste de la douleur... ou pas
Palestine : La "comédie" de la douleur ... par Mona Chollet
Du tas de décombres et de victimes palestiniennes sur lequel il trône, Sharon se dit « scandalisé ». Il reproche à son ministre de « donner des arguments à la propagande anti-israélienne », « sur la foi d’images des télévisions arabes », sans « vérifier leur véracité » (« Libération », 24 mai) - comme si les exactions de Rafah n’avaient aucune réalité, comme si c’étaient une fois de plus ces fourbes d’Arabes qui nous jouaient la comédie de la douleur, voire qui auraient dynamité eux-mêmes leurs maisons par pure malveillance antisémite... Il ne vient apparemment à l’idée de personne que ce sont les opérations criminelles de Tsahal qui « donnent des arguments à la propagande anti-israélienne », et que les paroles de Lapid, au contraire, sauvent l’honneur.
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que ce sont les opérations criminelles de Tsahal qui « donnent des arguments à la propagande anti-israélienne », et que les paroles de Lapid, au contraire, sauvent l’honneur.
Tout a fait d’accord, et c’est precisement cela, la justification que je me donne, contre le chantage israelien, a la cause que je defends, la cause de la Palestine, de la paix juste au Proche-Orient.
Il me semble que c’est un aspect du debat qui gagnerait a etre mieux mis en avant par les defenseurs de la cause palestinienne, du pacifisme, etc.
Surmonter les fausses oppoistions et fausses symetries concernant les uns et les autres (qui amenent egalement certaines positions a se polariser, et a se radicaliser, etc.).
- Trop de Shoah tue la Shoah
Tony Judt, Le Monde diplomatique, juin 2008
Dernier point préoccupant, les rapports entre la mémoire de l’Holocauste européen et l’Etat d’Israël. Depuis sa naissance en 1948, l’Etat d’Israël entretient des rapports complexes avec la Shoah. [...] Mais, ces dernières années, la relation entre Israël et l’Holocauste a changé. Aujourd’hui, lorsque le pays s’attire des critiques internationales en raison des mauvais traitements qu’il inflige aux Palestiniens et de son occupation des territoires conquis en 1967, ses défenseurs préfèrent mettre en avant la mémoire de la Shoah. Si vous critiquez Israël trop vigoureusement, vous mettent-ils en garde, vous allez réveiller les démons de l’antisémitisme. En fait, insinuent-ils, les critiques trop vives ne font pas que réveiller l’antisémitisme. Elles relèvent de l’antisémitisme. Et, avec l’antisémitisme, la voie est ouverte — en avant ou en arrière — vers 1938, la Kristallnacht (Nuit de cristal), et, de là, Treblinka et Auschwitz.
Je comprends les émotions qui motivent de telles affirmations. Mais celles-ci sont extraordinairement dangereuses en soi. Lorsque certains nous reprochent, à moi et à d’autres, de critiquer Israël trop violemment, craignant que nous fassions resurgir le spectre des préjugés raciaux, je leur réponds qu’ils ont complètement inversé le problème. C’est précisément ce tabou qui risque d’attiser l’antisémitisme. Depuis plusieurs années déjà, je donne des conférences dans des collèges et des lycées, aux Etats-Unis et ailleurs, sur l’histoire de l’Europe d’après-guerre et la mémoire de la Shoah. J’enseigne également ces matières à l’université. Et je peux rendre compte de ce que j’ai constaté.
Les élèves et les étudiants n’ont pas besoin qu’on leur rappelle le génocide des Juifs, les conséquences historiques de l’antisémitisme ou le problème du mal. Ils connaissent la question — comme leurs parents ne l’ont jamais connue. Et il doit en aller ainsi. Mais j’ai été frappé dernièrement par la récurrence de questions nouvelles : « Pourquoi nous focalisons-nous autant sur l’Holocauste ? » ; « Pourquoi est-il interdit dans certains pays de nier l’existence de la Shoah, mais pas celle d’autres génocides ? » ; « N’exagère-t-on pas la menace de l’antisémitisme ? » ; et, de plus en plus, « Le génocide nazi ne sert-il pas d’excuse à Israël ? ». Je n’ai pas souvenir d’avoir entendu ces questions dans le passé.
- Qui est plus en sécurité un Juif aux Etats-Unis ou un Roumain en Italie ?
Je crains que deux choses ne se soient produites. En soulignant le caractère historique unique de l’Holocauste tout en l’invoquant constamment par rapport à des problèmes actuels, nous avons semé la confusion dans la tête des jeunes. Et, en criant à l’antisémitisme à chaque fois que quelqu’un attaque Israël ou défend les Palestiniens, nous fabriquons des cyniques. Car la vérité est qu’Israël n’est pas menacé dans son existence. Et que les Juifs d’aujourd’hui, ici, en Occident, ne sont aucunement confrontés à des menaces ou à des préjugés comparables à ceux du passé — ou même à ceux dont sont victimes à l’heure actuelle d’autres minorités.
Posons-nous la question suivante : nous sentirions-nous en sécurité, accepté, bienvenu, en tant que musulman ou qu’« immigré illégal » aux Etats-Unis ? En tant que « Paki » au Royaume-Uni ? Marocain au Pays-Bas ? Beur en France ? Noir en Suisse ? « Etranger » au Danemark ? Roumain en Italie ? Rom n’importe où en Europe ? Ne nous sentirions-nous pas plus en sûreté, plus intégré, plus accepté en tant que Juif ? Je pense que nous connaissons tous la réponse à cette question. Que ce soit aux Pays-Bas, en France, aux Etats-Unis, pour ne pas mentionner l’Allemagne, les Juifs sont largement représentés dans le monde des affaires, les médias et les arts. Et ils ne sont stigmatisés, menacés ou exclus dans aucun de ces pays.
La menace dont les Juifs — et chacun d’entre nous — devraient se préoccuper vient d’une autre direction. Nous avons si solidement ancré la mémoire du génocide à la défense d’un seul pays, Israël, que nous courons le danger d’en provincialiser la signification morale. Le problème du mal, du mal totalitaire ou du mal génocidaire, est un problème universel. Mais, s’il est manipulé à l’avantage d’un pays, ce qui va se passer (ce qui se passe déjà), c’est que ceux qui gardent une certaine distance avec la mémoire du crime perpétré en Europe — parce qu’ils ne sont pas européens, ou qu’ils sont trop jeunes pour se souvenir de sa signification — ne comprendront pas en quoi cette mémoire les concerne et cesseront de nous écouter lorsque nous tenterons de le leur expliquer.
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Les admonitions morales venant d’Auschwitz qui planent sur l’écran mémoriel des Européens sont invisibles aux yeux des Asiatiques ou des Africains. Et, avant tout peut-être, ce qui semble aller de soi pour les gens de la génération concernée va avoir de moins en moins de sens pour leurs enfants et petits-enfants.
Tous nos musées, mémoriaux et voyages scolaires ne sont peut-être pas le signe que nous sommes prêts à nous souvenir, mais le signe que nous pensons avoir fait pénitence et pouvons maintenant commencer à lâcher prise et à oublier, en laissant les monuments se souvenir pour nous. Je ne sais pas : la dernière fois que j’ai visité le mémorial de l’Holocauste à Berlin, des jeunes y effectuant une sortie scolaire jouaient à cache-cache au milieu des stèles pour tromper leur ennui. Ce que je sais en revanche, c’est que, si l’histoire doit faire son travail, qui est de préserver à tout jamais la preuve des crimes passés et tout le reste, mieux vaut la laisser tranquille. Lorsque nous fouillons dans le passé à des fins de profit politique — en triant les bouts qui peuvent nous servir et en chargeant l’histoire de donner des leçons de morale opportunistes —, nous obtenons tout à la fois une mauvaise moralité et une mauvaise histoire. Il y a la banalité tristement célèbre dont parlait Arendt, le mal troublant, normal, proche, quotidien dans l’être humain. Mais il existe une autre banalité : celle de l’usage abusif — l’effet affadissant, désensibilisant à force de voir, de dire ou de penser la même chose trop de fois, qui engourdit notre public et l’immunise contre le mal que nous évoquons. C’est à cette banalité-là — ou à cette « banalisation » — que nous sommes confrontés.
Au lendemain de 1945, la génération de nos parents a écarté le problème du mal, car, pour elle, il était trop lourd de sens. Le danger qui guette la génération qui viendra après nous est de l’écarter parce qu’il a maintenant trop peu de sens. Comment pouvons-nous empêcher cela ? Tony Judt.
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Tanya Reinhardt : « Il semble que tout ce que nous avons intériorisé de la « mémoire de l’Holocauste », c’est que tout mal de moindre ampleur est acceptable »
Pierre, c’est etonnant a quel point elle resume bien ce que j’ai plus ou moins compris de ce que pense ma famille israelienne, et de nombreux Juifs que je connais en France, des crimes de Tsahal.
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L’un des grands arguments de la guerre israélienne de l’information consiste à demander pourquoi le monde entier s’émeut davantage du sort des Palestiniens que de celui des Tchétchènes ou des Algériens - insinuant par-là que la raison en serait un fonds incurable d’antisémitisme. Au-delà de ce qu’il y a d’odieux dans cette manière de nous ordonner de regarder ailleurs, on peut assez facilement répondre à cette question. On s’en émeut davantage (et ce n’est qu’un supplément d’indignation très relatif, d’ailleurs) parce que, avant que les Etats-Unis n’envahissent l’Irak, c’était le dernier conflit colonial de la planète - même si ce colonisateur-là a pour caractéristique particulière d’avoir sa métropole à un jet de pierre des territoires occupés -, et qu’il y a quelque chose d’insupportable dans le fait de voir des êtres humains subir encore l’arrogance coloniale. Parce que la Palestine est le front principal de cette guerre que l’Occident désoeuvré a choisi de déclarer au monde musulman pour ne pas s’ennuyer quand les Rouges n’ont plus voulu jouer. Parce que l’impunité dont jouit depuis des décennies l’occupant israélien, l’instrumentalisation du génocide pour oblitérer inexorablement les spoliations et les injustices subies par les Palestiniens, l’impression persistante qu’ils en sont victimes _en tant qu’Arabes_, nourrit un sentiment minant d’injustice.
Bien dit n’est-ce pas ?
Cela dit, il faudrait ajouter, tout simplement, le fait que pour un Europeen occidental, le sort des Juifs et des Arabes de "Terre sainte" est, de surcroit, tout sauf anodin et marginal.
Les Juifs sont les grandes victimes interieures, a travers les persecetions du XIXe et XXe et la Shoah, et les Arabes, celles du XIXe et XXe et XXIe a travers la colonisation, la Guerre d’Algerie pour la France, et les guerres d’Irak et de Palestine.
Tout ceci n’est pas neutre pour quelqu’un de culture europeenne...
Et cela se comprend !
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" J’ai trouvé que la terre était fragile, et la mer, légère ; j’ai appris que la langue et la métaphore ne suffisent point pour fournir un lieu au lieu. ( ... ) N’ayant pu trouver ma place sur la terre, j’ai tenté de la trouver dans l’Histoire. Et l’Histoire ne peut se réduire à une compensation de la géographie perdue. C’est également un point d’observation des ombres, de soi et de l’Autre, saisis dans un cheminement humain plus complexe. "
Mahmoud Darwich -
@ Asher
En complément d’un de vos posts, il y a aussi ce passage de Francis Martens :
Pourquoi cette disparité en faveur d’Israël ? Sinon, pour des motifs qui excèdent largement les registres habituels du politique. Tout d’abord probablement, la mauvaise conscience – tristement fondée - des Européens vis à vis des Juifs. Ensuite, le fait que bon gré, mal gré, Israël fait partie de la famille. À tout niveau. Un parti politique comme le Likoud a tout naturellement sa section belge. Les liens entre Européens juifs et non-juifs, entre Juifs européens et israéliens, sont tels qu’il est impossible de ne pas se sentir concerné de manière qualitativement différente par des attaques contre la démocratie perpétrées au Tibet et en Israël.
En d’autres termes, je me sentirai plus touché par les inconduites de mon cousin ou de mon neveu (surtout si je leur ai prêté ma voiture…) que par les méfaits sanglants de quelques voyous du Bronx — pourtant bien pires.
C’est essentiellement pour cette raison qu’Israël est médiatisé tout autrement que la Tchétchénie, et non parce que nous serions revenus aux temps de Dreyfus. En d’autres termes, s’il arrive qu’un psychiatre africain se fasse odieusement tabasser dans un commissariat d’Ixelles, cela me touche plus directement que les exactions, sans commune mesure, de la junte birmane. Mais s’il s’avère que la dite junte est sponsorisée par Totalfina, voici que la lointaine Birmanie se rapproche et que je me sens différemment concerné, voire doté de quelque pouvoir. Last but not least, Israël étant un pays à visée démocratique, c’est évidemment respecter cette aspiration que de ne pas le jauger à l’aune de la Chine ou de l’Iran. Comme le dit Tommy Lapid (Chinouï) : « Physiquement, Israël se trouve en Orient, mais, mentalement, nous sommes en Occident. Nous devons prendre modèle sur la Suède et le Benelux, pas sur les pays voisins. »
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Coïncidence ? Après avoir lu la clairvoyance de Tanya Reinhardt rapportée par Asher, je suis tombé sur l’article en ligne de Tony Judt dans le Monde Diplo, signalé par Rezo.net et que beaucoup de lecteurs de ce blog ont pu déjà lire sur le papier.
Merci Asher pour vos excellentes contributions et votre très respectable engagement personnel.
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Jeff,
Je vous retourne les remerciements. Et me sens tres honore.
K.,
Je ne connaissais pas Francis Martens, mais je pense que je vais desormais suivre de pres ses ecrits.
Il a raison, Israel fait, en quelque sorte, partie de la famille, et c’est aussi pourquoi on peut etre qui tres indulgent, qui tres severe, jamais, ou presque, insensible.
Avec l’Angleterre, la France etant le pays europeen vivant avec le plus de Juifs et Musulmans rassembles, c’est a peu pres inevitable de considerer la question de Palestine et d’Israel comme positivement cruciale.
Meme si parfois on se prend de vertige devant l’etendue de l’ignorance de certains, et leur arrogance, pourtant.
Tres amicalement
- La stratégie d’Israël dans les territoires occupés : le pari de la "guerre ingagnable".
Saïda Bédar, Arabies, n° 177, Octobre 2001
Depuis l’occupation des territoires en 1967 Israël tente d’équilibrer une stratégie de la négociation sur la base de la restitution des territoires contre des accords de paix (land for peace) et de l’acquisition de la profondeur stratégique. Le processus d’Oslo s’inscrit dans cette logique. C’est (c’était ?) un cycle de négociations visant à aménager une position palestinienne modérée concernant le droit au retour et Jérusalem, mais également un cycle de repositionnement stratégique. La géographie urbaine des territoires a été reconfigurée pour faciliter l’intervention des forces israéliennes et assurer un contrôle informationnel permanent, de nouveaux systèmes d’armes, une nouvelle doctrine ont été adaptées à la "guérilla urbaine" que les Israéliens envisagent protractée et plus létale dans le long terme après la création de l’Etat palestinien. Leur stratégie préemptive vise à façonner leur périphérie arabe de demain, par la contrainte diplomatique, l’appauvrissement et la dépendance économique mais également le contrôle par le conflit de basse intensité protracté.
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Prétendre qu’Israël serait né de la mauvaise conscience des Européens vis à vis des Juifs, c’est porter une lourde responsabilité quant aux désastres à venir.
Parce que le régime nazi à mis en place un système, ou chacun se considérait comme victime (les uns de l’occupation "bosch", les autres du traité de Versailles, d’autre encore de conspirations judéo-bolchéviks). Il faut se rappeler qu’au procès de Nuremberg, Goering lui-même réfutait l’accusation d’antisémitisme.
Dans ces conditions il est facile de voir que la seule culpabilité qui se soit développée soit celle des victimes.
Cette idée selon laquelle les Européens auraient fait amende honorable en reconnaissant leurs erreurs, fait partie d’une propagande qui vise à faire authentifier le statut de victime des Juifs (comme si c’était nécessaire), venant d’éléments qui n’ont pas vécu ces évènements.
En réalité Israël, est né de la rencontre des sordides marchandages de Lord Balfour pendant la premières guerre mondiale (qui comme bien souvent avec les diplomates, n’étaient pas destinés à être honorés), et le sentiment de culpabilité des rescapé de la Shoa, qui ont éprouvé le besoin de prendre en main leur destin contre la volonté des "libérateurs" supposés honteux.
"Les liens du Sionisme à la création de l’Etat d’Israël, c’est le Procès Eichmann. Le lien entre le Sionisme et la Shoah est incarné par l’arrivée massive des rescapés des camps de la mort. Non, l’Etat d’Israël n’est pas né de la culpabilité de l’Europe." - Georges Bensoussan
Le jour où les Européens auront mauvaise conscience de quelque chose n’est pas encore arrivé. -
Pierre,
Vous avez surement raison de developper quelque nuance envers la notion complexe et discutable de culpabilite europeenne envers les Juifs.
Cela etant, je trouve relativement douteux l’exemple de l’historien que vous citez. Sans avoir lu dans sa totalite son "Histoire du sionisme", et sans vouloir nier son interet, il s’agit en tout cas d’un point de vue tres favorable au sionisme. Ce n’est pas sans consequence pour le debat, me semble-t-il.
Que le sionisme et l’Etat d’Israel ne soient pas reductible a la Shoah et moins encore a la culpabilite europeenne, c’est un fait certain.
Mais alors pourquoi reduire, pour ne pas dire exclure, balayer d’un revers dedaigneux de la main, toute tentative d’etablir un lien, somme toute assez evident, entre Shoah et Israel ?
Sans y faire de lien systematique ou de causalite.
Quant a dire qu’il n’existe pas du tout de "mauvaise conscience europeenne", c’est me semble-t-il pour le moins reducteur...
Pourquoi tant de pessimisme concernant la culture europeenne ?
Ca me fait l’effet de la pose du Juif maudit eternellement...
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Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir
Asher, vous dites :
« Cela etant, je trouve relativement douteux l’exemple de l’historien que vous citez. Sans avoir lu dans sa totalite son "Histoire du sionisme", et sans vouloir nier son interet, il s’agit en tout cas d’un point de vue tres favorable au sionisme. Ce n’est pas sans consequence pour le debat, me semble-t-il. »
alors pourquoi monter aux créneaux en brandissant, l’article de Tony Judt, qui commence par :
Loin de réfléchir au problème du mal, la plupart des Européens en détournèrent résolument leur pensée dans les années qui suivirent la fin de la seconde guerre mondiale. Cela nous paraît difficile à comprendre aujourd’hui, mais le fait est que, pendant de nombreuses années, la Shoah — le génocide des Juifs d’Europe — n’a en aucune façon été une question fondamentale dans la vie intellectuelle de l’après-guerre, pas plus en Europe qu’aux Etats-Unis. La majorité des gens, penseurs et autres, firent en effet de leur mieux pour l’ignorer.
Que cherchez-vous à nous dire au juste ? Avez-vous lu « la totalité de cet article » ? Essayez vous de nous faire comprendre que Tony Judt est un propagandiste sioniste ? Ou agitez-vous le titre parce qu’il contient deux fois le mot Shoa ? Ou tout simplement utilisez-vous un discours écran pour une fois de plus cacher la réalité palestinienne ?Comme vous l’avez très bien compris il ne s’agit pas seulement « de developper quelque nuance » mais bien de l’épine dorsale du discours sioniste, qui consiste à dire " nous avons souffert des exactions nazis et de votre complicité, comme nous souffrons du mal que nous infligeons aux Palestiniens, et nous savons que vous partager notre douleur, car vous la ressentez aussi".
Si vraiment cette culpabilité vous rend malade, la prescription est simple, enlevez votre étoile jaune, être juif n’est plus une obligation et reconnaissez la dignité des Palestiniens.
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Tout d’abord, il est faux de croire que la Shoah constitue l’epine dorsale du sionisme. Ce n’est que depuis les annees 1960, le proces Eichmann particulierement, que ce terrible evenement est entre par la grande porte dans ce pays, en Israel.
Moi aussi je peux citer Tony Judt, et pas seulement pour le plaisir (meme si c’en est, en effet) :
Dernier point préoccupant, les rapports entre la mémoire de l’Holocauste européen et l’Etat d’Israël. Depuis sa naissance en 1948, l’Etat d’Israël entretient des rapports complexes avec la Shoah. D’un côté, la quasi-extermination des Juifs d’Europe justifiait la cause du sionisme. Les Juifs ne pouvaient survivre ni prospérer dans des territoires non juifs ; leur intégration et leur assimilation dans d’autres nations et cultures étaient une illusion tragique, d’où la nécessité d’un pays à eux. De l’autre, l’idée répandue chez les Israéliens selon laquelle les Juifs d’Europe avaient concouru à leur propre perte, qu’ils étaient allés, comme on l’a dit, « à l’abattoir tels des agneaux », signifiait que l’identité première d’Israël consistait à rejeter le passé et à voir en la catastrophe qui avait frappé les Juifs la preuve d’une faiblesse : une faiblesse qu’il était dans la destinée du nouvel Etat de surmonter en engendrant une nouvelle sorte de Juif (4).
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Bonjour,
Le sionisme ne prend pas ses origines dans la Shoah, mais dans l’affaire Dreyfus : le "fondateur" du sionisme, Théodore Herzl, a façonné cette doctrine après avoir assisté, en tant que correspondant d’un grand journal autrichien, à la condamnation frauduleuse du capitaine Alfred Dreyfus pour trahison envers l’Allemagne. Il en avait tiré la conclusion qu’aucun pays ne pouvait plus être un lieu d’asile sûr pour les Juifs, même la France, en laquelle il avait pourtant placé ses espoirs jusqu’alors, en tant qu’héritière de la Révolution de 1789 ; et que donc, le seul moyen pour les Juifs de vivre en paix était d’avoir leur propre pays, de préférence à l’emplacement même de la Terre promise biblique. Il est intéressant à ce sujet de remarquer que Herzl, mort prématurément en 1904, n’assista pas à la réhabilitation et à la réintégration dans l’armée française du capitaine Alfred Dreyfus le 13 juillet 1906 : si cela avait été le cas, le sionisme aurait peut-être eu un aspect différent de celui qu’il a pris jusqu’à aujourd’hui. D’ailleurs, les manuels scolaires israéliens ont toujours affirmé, là encore jusqu’à aujourd’hui inclus, que le capitaine Dreyfus n’avait jamais été réhabilité et réintégré dans l’armée française, et passent sous silence la cérémonie du 13 juillet 1906 où cette réhabilitation et cette réintégration ont eu lieu.
Cela n’empêche pas les campagnes internationales contre les manuels scolaires de l’Autorité Palestinienne, accusés systématiquement et sans fondements d’antisémitisme et de déformation tendancieuse de l’histoire. Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais.
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Asher, merci de clarifier votre démarche, dire : « Tout d’abord, il est faux de croire que la Shoah constitue l’epine dorsale du sionisme. » en réponse à mon propos sur « l’épine dorsale du discours sioniste ». Il s’agit bien de votre part d’une volonté d’opacifier le propos et de ne surtout pas parler de l’épreuve que le sionisme israélien fait subir aux Palestiniens.
Pour appuyer mon discours, je me permettrais de citer un article de UJFP :
Le génocide est devenu un argument politique pour justifier la politique israélienne. D’où les réactions de ceux qui croient contrer l’argumentation sioniste en niant un génocide qui aurait été inventé par ce mouvement pour mieux justifier son agression contre les Palestiniens. D’autant que, en concentrant une part de son activité sur la mémoire du génocide, le mouvement sioniste savait qu’il faisait d’une pierre deux coups. D’une part il rappelait aux Juifs qui tardaient à (re)venir dans leur pays qu’ils vivaient toujours sous le risque d’une nouvelle Shoah, d’autre part il rappelait à ses alliés qu’ils restaient toujours suspects d’antisémitisme et qu’ils devaient donner des gages de bonne conduite à ceux qui se sont autoproclamés les représentants exclusifs des Juifs dans le monde.
Face à ces manœuvres, il était tentant de chercher à démonter la mauvaise foi sioniste en empruntant au discours antisémite européen les arguments permettant, une fois pour toutes, de convaincre de la mauvaise foi de l’ennemi. Le négationnisme arrive à point pour dénoncer la manœuvre qui serait le fait, non seulement du sionisme, mais plus généralement des Juifs considérés dans leur ensemble. On peut alors opposer à l’instrumentalisation de la mémoire par le sionisme et ses sympathisants la souffrance des Palestiniens.
Ces deux discours, le sioniste et le négationniste, se confortent l’un l’autre.
Dans cette affaire, seules les victimes ne comptent pas, que ce soient les Juifs exterminés par les nazis ou les Palestiniens massacrés par l’Etat d’Israël.
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« Israël marche sur des œufs », explique le chroniqueur militaire Allon Ben David Harel. « Certes, ses ventes d’armes [à la Géorgie] représentent un apport budgétaire en devises fortes d’autant plus appréciable que la Géorgie paie rubis sur l’ongle. Mais la Russie dispose de moyens de pression sur Israël. Elle pourrait par exemple renforcer sa collaboration militaire avec l’Iran ou vendre des armes plus sophistiquées à la Syrie en sachant très bien qu’une partie se retrouvera dans les entrepôts du Hezbollah. Cette perspective donne des sueurs froides à nos dirigeants qui cherchent à se sortir du bourbier géorgien sans vexer Tbilissi et sans donner l’impression de plier devant les ukases de Moscou. »
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Guerre en Géorgie : la connection israélienne.
...le ministre géorgien de la Défense (..) a vécu un temps en Israël avant de retourner dans son pays nous apprend Serge Dumont.
Y net est plus explicite : Davit Kezerashvili, le ministre géorgien de la Défense est un ancien Israélien qui parle couramment l’Hébreu.
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« Une majorité d’Israéliens estiment que les dirigeants de leur pays les entraînent sur un mauvais chemin, selon une enquête publiée dimanche, menée par KEEVOON Research, Strategy & Communications, un important institut de sondage et d’enquête israélien. »
« Les Palestiniens vont organiser une cérémonie pour saluer les bateaux défiant le blocus israélien » (et qui devraient arriver dans deux jours)
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(1/2)
Bonjour,
Quelques extraits d’une interview ancienne (03/11/1989) de Noam Chomsky sur la nature psychotique de l’élite américaine. NC parle ici du Nicaragua, mais on pourrait dire la même chose en remplaçant "Nicaragua" par "Irak" ou "Russie", ou en remplaçant "Etats-Unis" par "Israël". (Interview complète disponible à http://www.chomsky.info/interviews/... )
(...) It’s a very psychotic culture, the United States, and it’s been that way since its origin. It’s not that it’s unique in that respect (it may be unique in degree), it’s generally true of national cultures—the establishment cultures that are associated with whatever power is in the society—state power or economic power, or something else—they tend to be fanatical. And the intellectual community in the United States is unusually fanatical. To find anything comparable to the American intellectual community you’d have to go to some weird religious community where everybody is sitting around intoning something. That’s basically American intellectual culture, and it’s been that way for years.
Third World people typically don’t understand this, and they’re constantly making the same error. And you can see the nature of the error by the U.S. response. The basic U.S. response is outrage over the fact that anyone should dare to defend themselves against a U.S. attack. That is considered absolutely intolerable, in fact thuggish, outrageous, monstrous. What right does anybody have to defend themselves if the United States decides to attack them or sends forces to attack them ? They have no right. (...) So it’s not just that there’s a group of psychotics, it’s that the culture is psychotic, in fact severely psychotic. And this goes way back.
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Bonjour,
Quelques extraits d’une interview ancienne (03/11/1989) de Noam Chomsky sur la nature psychotique de l’élite américaine. NC parle ici du Nicaragua, mais on pourrait dire la même chose en remplaçant "Nicaragua" par "Irak" ou "Russie", ou en remplaçant "Etats-Unis" par "Israël". (Interview complète disponible à http://www.chomsky.info/interviews/... )
(...) There’s one very simple principle that lies behind that : nobody has a right to defend themselves from us. If we want to attack somebody it’s our right, because we rule the world. And it’s not just that we say that. It’s a moral outrage if they try to defend themselves. I’m not sure that there’s an historical precedent for this, to tell you the truth. For example, I don’t know if Hitler ever said people don’t have the right to defend themselves—it’s an outrage if people in the Warsaw ghetto fight back. It would be interesting to check. But this is uniform in this culture, in fact goes way back to the origins.
(...) In the Bill of Indictment against George III recording all the rotten things he did, they say (it goes something like this) “he incited against us the merciless Indian savages whose known way of warfare is the massacre of women and children”, and so on and so forth. Well, by now there’s been so much mythology that people may not see what’s wrong with that. But this was the eighteenth century, and Thomas Jefferson knew precisely what he was writing. He knew precisely that it was he and his buddies who were the merciless European savages who were teaching the Native Americans that the way you fight a war is you wait till all the braves leave the village and then you go in and murder everybody. That’s the way Europeans fight wars, and the colonists were busy teaching that to the native people who didn’t understand it—they thought you go out and fight each other when you’re armed. But nevertheless they could say that. The fact that they could produce the words is amazing enough. But the fact that those words can be read with reverence for 200 years without anybody noticing that there’s something funny about them, in this “great founding document”, that’s pretty astonishing. It’s the same thing. When scholars write about this they call it “American innocence” or “American naiveté ”, and it’s kind of an endearing characteristic of the United States. If you want to know how endearing it is, ask what it’s like to get slaughtered. And this is constant.
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“Piégée- La punition collective de Gaza.” Par Human Rights Watch 12/8/2008. (non encore traduit en français) :
« Bien qu’il existe un cessez-le-feu entre les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens depuis le 19 Juin 2008, le blocus israélien demeure en place. »
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“Piégée- La punition collective de Gaza.” Un oubli :
"This humanitarian crisis is man-made and entirely avoidable" ajoute HRW.
“Cette crise humanitaire est sciemment fabriquée et entièrement évitable”
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Avirama Golan, Haaretz, 13/08/2008 :
Après tout, chaque gouvernement [israélien] permet [en Israel] à un petit mais très puissant noyau de personnes riches de contrôler les ressources de l’état, et de se rendre cyniquement au diktat des partis ultra-orthodoxes , au prix d’un coût qui s’élève à plusieurs milliards de dollars. Le résultat en est une société qui vénère l’argent, mais s’est habituée à la pauvreté et la dépendance.
(..) Grace à la trésorerie et au gouvernement d’Israël, la révolution ultra-orthodoxe - menée complètement par des laïques - est déjà là.
(..) Les colons sont directement responsables du renvoi des Israéliens, en seulement 40 ans, au temps de l’exil. À partir du moment où le parti travaillliste a soutenu leur mouvement - les considérant à tort comme les héritiers des pionniers- les colons ont porté atteinte à la souveraineté et l’État d’Israë, a exclu toute possibilité de frontières, et le plus grave de tout, a déplacé la question culturelle de l’Israélité en une lamentation sur le judaïsme.
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« Le vrai-faux plan de paix d’Ehoud Olmert » par Benjamin Barthe.
..retour de 20 000 réfugiés palestiniens sur vingt ans, un retrait de 93 % de la Cisjordanie, le long de la frontière dessinée par la barrière se séparation ; l’annexion des grands blocs de colonie comme Ma’aleh Adumim et Gush Etzion ; la cession en guise de compensation de 5 % de terres en lisière de la bande de Gaza ; l’instauration d’un corridor entre ce territoire et la Cisjordanie.
La valeur de cette offre, qui passe sous silence l’épineuse question de Jérusalem, et même la simple existence d’un tel document, a été aussitôt contestée par les dirigeants palestiniens. "Ni le premier ministre, Ehoud Olmert, ni aucun autre responsable israélien ne nous ont jamais proposé d’offre globale et détaillée", a déclaré Saëb Erekat, le négociateur en chef palestinien.
Pour Yasser Abed Rabbo, proche conseiller du président Abbas, le chiffre de "93 %" ne correspond pas à la réalité des ambitions israéliennes. "La zone de Latrun et le Grand Jérusalem ne sont pas inclus dans les blocs de colonies soumis à annexion", a-t-il déclaré à la radio publique palestinienne, alors que, selon lui, Israël entend les conserver. "De plus, Israël veut garder sous son contrôle la vallée du Jourdain et les rivages de la mer Morte. A terme, Israël restera en possession de 30 % à 40 % des territoires de la Cisjordanie. Olmert joue avec les chiffres pour tromper la communauté internationale et reporter sur le camp palestinien la responsabilité de l’échec du processus de paix."
Pour les bons connaisseurs des négociations israélo-palestiniennes, le vrai-faux plan de paix d’Olmert n’est pas sans rappeler la période de Camp David et Taba, deux sommets tenus en juillet 2000 et janvier 2001...
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Une traduction d’une partie de l’article sur Gaza cité plus haut (et attribué par erreur à HRW au lieu de Amnesty International) : « Sanction collective à Gaza : les civils pris au piège »
Les journalistes de Reuters regrettent l’acquittement de l’équipage d’un char qui a tiré un obus sur le véhicule de Reuters il y a 4 mois et qui a tué le cameraman de Reuters, Fadel Shana’a et plusieurs autres Palestiniens dans le camp de réfugiés de Al Boreij au centre de la bande de Gaza, acquittement qui « rend le travail journalistique pratiquement impossible à Gaza » affirment les memes journalistes.
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“La crise de l’eau s’accentue en Israël et frappe durement les Palestiniens”
Shaddad Al-Attili avoue son impuissance. "Il n’est pas possible de creuser un puits sans l’autorisation d’Israël et les accords ne sont donnés que pour le bassin oriental, le plus profond, et quelquefois pour celui du nord, le moins fourni. Pour la nappe occidentale, la plus importante, c’est impossible. Or notre population a doublé depuis que l’Autorité palestinienne a été créée et notre allocation en eau est toujours la même. Nous mourrons de soif alors que les Israéliens pensent seulement à réduire leur consommation." Les Palestiniens veulent que leur eau leur soit rendue. "Israël alloue seulement 20 % de l’eau puisée en Cisjordanie et empêche la PWA [Palestinian Water Authority] de développer des ressources additionnelles", s’insurge B’Tselem.
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Les Israéliens promettent de refouler les bateaux en direction de Gaza, par force s’il le faut, une fois que ceux-ci auront quitté les eaux internationales pour pénétrer dans les eaux de Gaza. Ces dernières seraient « sous la souveraineté d’Israel » parce que « l’Autorité Palestinienne nous a légué cette souveraineté »
Par ailleurs Lauren Booth, une des passagères de ces bateaux, qui habite en France, affirme que son mari a reçu des menaces la concernant par téléphone.
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Bateaux pour Gaza : “Israël pourrait recourir à la force”
Al Faraby : "Si personne ne résiste..."
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Le Sionisme en marche :
La lutte juridique de 35 ans d’un Palestinien pour empêcher un groupe de colons juifs de prendre son domicile dans la Jérusalem-Est occupée entre dans une phase critique cette semaine au moment où un tribunal israélien doit décider s’il doit le garder en prison [où il a été jeté il y a 11 jours] pour avoir désobéi aux ordres [émis en 1973 !] lui demandant de quitter la propriété.
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Meron Benvenisti, Ha’aretz, ce jour (1) :
(...)
La demande de l’Autorité palestinienne à Israël d’annexer les territoires et d’étendre les droits de citoyenneté a leurs habitants est considéré comme plus menaçante pour Israël que la demande d’un État indépendant, dans la mesure où l’égalité civile est une norme universelle et la demande de sa mise en œuvre obtiendrait une vague de soutien en Occident. Et malheur à l’israélien qui ose soutenir le bi-nationalisme ; il est dénoncé comme un traître en proie à la haine de soi.
Mais ce débat, qui resurgit toujours lorsque la frustration quant au processus de paix s’intensifie, ne parvient à se transformer en une véritable discussion sur les deux options et demeure un sujet académique de provocation. Ce n’est pas seulement parce que l’option binationale est considérée par la plupart des Israéliens comme la destruction de leur état, et par la plupart des Palestiniens comme la fin de leur mouvement de libération nationale. C’est principalement parce que le débat sur les deux options est un argument de provocation, qui n’a d’autre valeur qu’intrinsèque, et dont le but est de masquer la robuste et durable nature du statu quo.
Un statut quo est conservé aussi longtemps que les forces qui souhaitent le préserver sont plus fortes que celles qui visent à le saper, et c’est la situation actuelle en Israël / Palestine. Après plus de 40 ans, le système de gouvernement israélien connu sous le nom de "l’occupation", qui assure un contrôle total sur chaque agent ou processus qui met en danger la totale domination de la communauté juive et les avantages politiques et matériels qu’il accumule, est devenu de plus en plus sophistiqué au fur et a mesure des tentatives et des erreurs - sans planification, mais en réponse au code génétique de la société des colons. (suite un peu plus tard)
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Meron Benvenisti (2 et fin)
Ce statu quo, qui semble être chaotique et instable, est beaucoup plus solide que la description classique de la situation comme occupation militaire temporaire ne l’indique. Les tensions et les affrontements internes qui règnent dans la zone sous contrôle israélien sont si graves – et l’écart de puissance entre les Juifs et les Arabes si décisif - qu’il n’y a aucun moyen de faire face à ces tensions, si ce n’est par le biais de la puissance militaire.
Habituellement, l’accent est mis sur l’inégalité politique et civile et le déni des droits collectifs que le modèle de division [en 2 états] - ou, alternativement, l’intégration dans un gouvernement binational - est censé résoudre. Mais l’inégalité la plus grande et la plus dangereuse, qui est caractéristique de la situation actuelle, est de nature économique et ne sera pas inversée par l’une ou l’autre des options : l’écart dramatique du produit intérieur brut par habitant entre les Palestiniens et les Israéliens, qui est de 1:10 en Cisjordanie et de 1:20 et dans la bande de Gaza, ainsi que l’énorme inégalité dans l’utilisation des ressources naturelles (Terre, eau). Cet écart ne peut exister sans la force des armes fournies de manière si effective par l’establishment de la défense, et même la plupart de ceux qui s’opposent à l’Occupation ne sont pas disposés à laisser advenir ce qui porterait atteinte à leur bien-être.
Ce statu quo explosif survit grâce à la combinaison de plusieurs facteurs : la fragmentation de la communauté palestinienne et le retournement des fragments restants les uns contre les autres ; l’engagement de la communauté juive à soutenir le régime d’occupation, qui est perçu comme la condition sine qua non de sa survie, le financement du statu quo par les pays donateurs, qui entraîne la corruption des dirigeants palestiniens ; la conviction des Etats voisins de donner la priorité aux accords bilatéraux et les intérêts mondiaux au détriment de la solidarité ethnique arabe ; le succès de la campagne de propagande connue sous le nom de négociations avec les Palestiniens, qui convainc beaucoup que le statu quo est temporaire (..) le musellement de toute critique comme expression de haine et d’antisémitisme ; et la répugnance psychologique à reconnaître que le statu quo est durable et ne sera pas facilement modifier.
Ce n’est pas agréable à admettre, et c’est une triste prévision, mais si nous n’acceptons pas cette conclusion et n’en tirons pas la leçon, le changement ne sera pas possible.
- Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir
- Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir
Les déclarations à usage multiple (entre autres, dire aux journalistes des MSM ce qu’il faut écrire s’ils ne veulent pas etre virés) de Tzipi Livni :
Une pression trop forte de la communauté internationale sur Israel (quant au “processus de paix”) conduirait à une troisième intifada.
- Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir
« Deux bateaux de militants hostiles au blocus de la bande de Gaza, partis de Chypre vendredi pour gagner le territoire palestinien,y ont accosté, accueillis par des centaines de Gazaouis massés sur la plage. »
- Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir
Al Jazira fait de la provocation :
« Les 2 bateaux ayant brisé le siège de Gaza conduiront-ils les Arabes à essayer de faire de meme ? » demande ce sondage en ligne.
Non à 80 %.
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B. Michael sur Y net, 26/07/2008. « Ce que le Monde ne voit pas » :
Le monde entier a vu l’obéissant soldat israélien (selon sa propre version du moins) suivre sans hésitation l’ordre qui lui a été donné et tirer sur le pied d’un homme menotté.
Le monde entier a également vu notre ministre de la défense exprimer immédiatement son choc et ses regrets concernant l’incident, tandis que les commandants militaires se sont engagés à agir rapidement pour éliminer ce phénomène. Le monde a également vu le porte-parole de l’armée se précipiter pour condamner l’incident, et une enquête être aussitôt lancée.
Et donc, le monde entier a de nouveau vu combien est merveilleuse la seule démocratie au Moyen-Orient, et avec quelle rapidité et de manière décisive, elle traite des cas aussi inhabituels, "qui sont indignes d’un combattant" (selon la réprimande de Ehud Barak.)
Oh, combiens merveilleux et utiles sont ces incidents photogéniques inhabituels, qui servent à cacher la terrible routine. Comme il est pratique et efficace de condamner l’inhabituel, ce qui donne à la norme un certificat de propreté. Comme il est agréable de se louer soi-même d’avoir condamné un acte rare, ce qui revient à se laver de toute faute quand il s’agit des actes fréquents ; de dénoncer joyeusement les péchés apparents, ce qui revient à s’absoudre des crimes en série.
Parce que chaque minute de chaque heure de chaque jour, l’Etat et son armée sont engagés dans des actes qui sont beaucoup plus terribles que l’acte de ce soldat obéissant. Ils sont engagés dans la destruction du tissu de vie de tout un peuple ; la maltraitance délibérée, vicieuse, et calculée de millions de personnes ; la gestion bureaucratique froide et calculée de ghettos assiégés ; une mise sous contrôle de fer, à la Stasi, de l’ensemble de la population ; et le piétinement officiel, méticuleux, "juridique" de toutes les valeurs et de tous les droits démocratiques et humains.
Pourtant, rien de tout cela n’est vu par le monde. (..)
- Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir
Mme Livni continue de parler Orwellien et de mentir, en insistant que le processus de paix n’était "pas affecté par les activités de colonisation" et que "La politique du gouvernement israélien n’est pas d’agrandir les implantations, de construire de nouvelles implantations ou de confisquer des terres palestiniennes"...
...Alors que la construction de logements dans les colonies de Cisjordanie a pratiquement doublé depuis le début 2008 par rapport à la même période de 2007, avec 433 logements en cours de construction.
Et, en visite au Proche-Orient, Mme Rice est au moins aussi fumiste que Mme Livni, elle qui critique la colonisation alors que, nous apprend Adam Entous de Reuters, « les États-Unis encouragent les Américains à aider les colons à construire des colonies en Cisjordanie en offrant des allégements fiscaux sur les dons. »
Et, pour ne pas quitter le domaine de la démence reine, (n’importe quoi peut-etre couronné pourvu qu’il porte le label sionisme), les généreux donateurs affirment qu’« ils ont droit à des allégements fiscaux parce que leur travail est « humanitaire », et non politique »....
- Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir
N’importe quoi, mais aussi n’importe qui, peut-etre couronné pourvu qu’il porte le label sionisme.
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Israel pousse une faction palestinienne à s’armer dans l’espoir d’alimenter une guerre fratricide entre Palestiniens.
Avec ISABEL KERSHNER du New York Times ça devient : Israel Aids Palestinians With Arms.
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Rentrée scolaire en Palestine occupée :
« The UN Relief and Works Agency (UNRWA), which looks after refugees, reports that at least "82 children, including 21 UNRWA students won’t be going back to school. They were killed this year, victims of the violence that frames daily life here for children : 76 were killed in the conflict with Israel and six in intra-Palestinian violence." »
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Mel Frykberg, IPS, 09/08/2008 : « Israel agit en sorte de judaiser Jerusalem-Est. »
"The plan began when Israel annexed East Jerusalem in 1967. The last stage of the plan involves the completion of the barrier with the specific aim of manipulating the demographics and limiting the balance of the Palestinian population to a mere 15-20 percent, with the remainder being Jewish," said Khalilieh, head of the Applied Research Institute in Jerusalem (ARIJ) settlement unit.
Puis cette réflexion de Khalilieh, dont je ne vois pas du tout le bien-fondé :
"Les Palestiniens sont dans une position extremement faible. S’ils arretent les négociations sur cette base, Israel rejetterait l’échec des négociations sur eux, avec l’assentiment US, et continuerait de toute façon à etablir des faits sur le terrain"
C’est délirant. Complètement. Khalilieh serait-il un membre de l’AP ?
- Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir
L’article de Irish Times traduit sur Info-Palestine.
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AFP :
Israël tente de forcer des résidents Palestiniens de Cisjordanie originaires de la bande de Gaza, à y retourner, selon un rapport publié mercredi par deux associations israéliennes de défense des droits de l’Homme, B’Tselem et Hamoked.
- Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir
Une Palestinienne en route vers l’hopital pour accoucher a été bloquée à un barrage israélien, malgré une autorisation de passage en bonne et due forme remise par l’Adminstration civile israélienne.
La femme en a perdu son enfant et le soldat sioniste de service en a pris pour 14 JOURS...
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« Selon Desmond Tutu, émissaire de l’Onu pour les droits de l’Homme, le pilonnage par l’armée israélienne de la localité de Beit Hanoun dans la bande de Gaza, en novembre 2006, pourrait être un crime de guerre. Dans un rapport aux Nations unies diffusé lundi [aujourd’hui], le Prix Nobel de la paix 1985 estime qu’Israël doit rendre des comptes pour la mort de 18 civils dans deux maisons de la ville. (..) De son côté, l’armée israélienne attribue la mort des 18 Palestiniens à une "grave et rare défaillance du système de contrôle de tir d’artillerie". [après une enquete "interne" de son armée] »
"Desmond Tutu avait été mandaté par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en Novembre 2006 pour enqueter sur l’incident mais n’a pu se rendre à Gaza via l’Egypte qu’en Mai dernier après que les Israeliens lui en aient refusé l’accès via Israel à 3 reprises." http://news.yahoo.com/s/afp/2008091...
- Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir
Quand Abbas s’adresse à un public arabe ça donne : “Le droit du retour est un droit inaliénable”.
Pour le public israélien c’est : “nous ferons des compromis sur le droit du retour”
Et il est à la fois d’accord avec Abdallah de Jordanie quand celui-ci affirme qu’Israel ne veut pas la paix, mais conclue que "20 ans avant les accords d’Oslo je croyais en la paix avec les Israéliens, et j’y crois toujours."
Rien d’étonnant donc quand l’Israélien Avi Issacharoff déclare (sans ironie aucune) : “Abbas le leader fiable et incorruptible”.
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Desmond Tutu présente son rapport sur Beit Hanoun http://www.un.org/apps/newsFr/story...
« Aucune véritable explication n’a jamais été offerte, aucune enquête indépendante, impartiale et transparente n’a été menée et personne n’a été tenu pour responsable. La réponse tenant à une enquête militaire largement secrète est absolument inacceptable tant d’un point de vue juridique que moral »
Le lien (ONU) reste muet sur d’autres déclarations du prélat sud-africain : comme par exemple "que les Palestiniens paient le prix de la culpabilité occidentale envers les Juifs du fait de la Shoah" http://www.a7fr.com/article/57218.htm , mais aussi que "C’est le silence de la communauté internationale en face de ce qui se passe qui est le plus grave. Ce silence est mère de complicité" et "J’espère seulement que les citoyens ordinaires se réveilleront en Occident et diront : +nous ne voulons pas cela+" http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2...
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Avi Issacharoff est aux anges. Le chef d’Etat-Major de l’Autorité Palestinienne lui a confié que « Nous devons être prêts à reprendre Gaza au Hamas par la force »
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M. Zeev Sternhell, grande voix intellectuelle de la gauche sioniste, n’hésite pas a parler de « fascisation rampante de la société israélienne ».
Ce jour :
L’historien israélien Zeev Sternhell, connu pour ses positions contre la colonisation des territoires palestiniens, a été blessé dans la nuit de mercredi à jeudi dans un attentat à la bombe contre son domicile à Jérusalem, (..).
"Nous avons retrouvé dans les rues voisines des tracts promettant une récompense de 1,1 million de shekels (320.000 dollars) aux auteurs d’attaques ou meurtres contre des membres de La Paix Maintenant", le mouvement israélien anti-colonisation auquel adhère l’historien, a déclaré le porte-parole de la police Micky Rosenfeld.
"Ceux qui n’apppliquent pas la loi aux colons extrémistes dans les territoires (occupés) seront en fin de compte confrontés à une organisation terroriste juive au coeur d’Israël", selon le groupe. "Ce sont les mêmes colons qui, hier, attaquaient les Palestiniens et les soldats israéliens servant en Cisjordanie, et qui, aujourd’hui, attaquent des citoyens israéliens en Israël".
Selon la radio militaire, Zeev Sternhell, prix d’Israël 2008, la récompense civile la plus prestigieuse du pays, a déclaré jeudi soir : si l’attentat est le fait d’un certain courant politique il faut se mobiliser pour éviter que ne soient ébranlés les fondements de notre démocratie".
Professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem et spécialiste du fascisme, M. Sternhell publie régulièrement des tribunes dans le journal israélien Haaretz.
Il a pris des positions contre le camp ultra-nationaliste et la colonisation et prône un compromis avec les Palestiniens. Récemment, il s’est prononcé contre le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza, jugeant cette mesure "immorale et inefficace".
Dans un article qui avait provoqué une vive polémique, il avait affirmé : "si les Palestiniens faisaient preuve de plus de clairvoyance, ils concentreraient leurs actions contre les colonies au lieu de s’en prendre à des femmes et des enfants" en territoire israélien.
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Nouveau recensement démographique en Israel : 24,4 % de non juifs, 20% d’Arabes.
L’occasion de rappeler avec Nir Eisikovits que..
« La démocratie n’est pas seulement la règle de la majorité. Son essence réside plutôt dans l’émancipation de la majorité sans lui permettre de tyranniser la minorité. »
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Merci à K. de cette information. Cela ne montre pas de jours heureux pour la paix, c est sur, mais en meme temps si ces salauds veulent s en prendre a Sternhell, cela veut peut etre aussi dire qu il a quelque influence.
Mais cela demontre sans aucun doute une fascisation de la societe isralienne, qui ne veut jamais progressiste de toutes façons.
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Cet article est bien ecrit. il se veut objectif, prenant en consideration la "souffrance" des 2 parties. pourquoi les hommes sont ils aussi obstines a se faire mal. ca laisse l’impression que chacun veut avir le dernier mot. je ne comprends pas cette obstination pour la peur et la haine.
Il est certain que le probleme est complexe, et, il faudra du temps pour le resoudre. Mais cette obstination ne fait que desservir les 2 parties.
L’europe et les etats unis interviennent souvent, comme s’ils etaient au chevet de 2 enfants malades. peut-etre parce qu’ils sont aussi un peu a l’origine de tous cela.
Peut-etre que malheuresement un guerre larvee est plus destructrice qu’une guerre tout court ou chacun ensuite aspire a la paix et a la reconstruction.
je ne suis pas fataliste mais force est de constater que l’homme est amnesique de ses souffrances passees, et, qu’ils aiment a les repeter.
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Pour montrer sa désapprobation envers l’état israélien la Haute Cour de Justice israélienne lui permet de prolonger jusqu’en septembre 2009 les mesures discriminatoires envers les israéliens Arabes en matière d’éducation, mesures qu’elle avait demandé d’annuler en Février 2006.
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Selon un article d’Ynet rapporté en français ici :
Un Israélien sur cinq et un enfant israélien sur trois vivait en dessous du seuil de la pauvreté en 2007, a révélé dimanche [23 Novembre 2008] le rapport annuel de l’Etat hébreu sur la pauvreté.
Les familles arabes sont les plus touchées par la pauvreté avec 51,5%..
- 22 janvier @02h35 «Proche-Orient : ces deux sociétés qui ne peuvent plus se voir
Pour poursuivre la discussion, l’opération militaire israélienne sur Gaza démontre que l’on a atteint un niveau de violence et de haine profond. Je viens de découvrir sur un blog des témoignages sous forme de lettres de palestiniens de Gaza pendant les bombardements israéliens, c’est bouleversant et tragique, sans parler des armes utilisées (bombes au phosphore, uranium appauvri...). http://www.geographie-sociale.org/b...
Doit-on laisser justement ces deux sociétés seules pour trouver le chemin de la réconciliation ? Après cela, je ne le pense pas, les plaies sont trop vives...
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