France Inter a diffusé un reportage éloquent sur la présence de Bolloré au Cameroun. Bien entendu, les dirigeants du groupe ont essayé, jusqu’au dernier moment, de fuir les questions du journaliste…
Bolloré, c’est le roi des communicants. Sa voix résonne partout sur le territoire national et à toute heure du jour et de la nuit. À la télévision via la chaîne Direct 8, dans ses journaux gratuits (ou ses tracts publicitaires, c’est au choix) que sont Direct Soir et Direct Matin Plus et par le biais, aussi, du groupe Havas dont il est le principal actionnaire. Mais il est un sujet que l’ami intime du président n’aime pas évoquer : ses activités en Afrique. Dernier exemple en date, à l’occasion d’un reportage de Benoît Collombat diffusé ce dimanche sur France Inter dans le cadre de l’émission « Interception » (pour l'écouter, c'est ici).
« Un groupe tout puissant »...
Intitulée « Cameroun : l’empire noir de Vincent Bolloré », cette enquête montre la main mise du groupe sur ce pays. L’entreprise française a en effet décroché, pour une durée de trente ans, l’exploitation de la société ferroviaire locale, la Camrail, mais se préoccupe visiblement très peu des passagers qu’elle transporte. Bolloré contrôle également, en partie, le port autonome de Douala qu’un ex-directeur général remercié décrit comme le « poumon économique du Cameroun et de l’Afrique centrale. »
Le journaliste de France Inter a par ailleurs rencontré le directeur du Free Media Group, la société éditrice du journal Le Messager qu’il présente lui-même comme « le seul quotidien à peu près indépendant » du Cameroun. Le patron de presse est sans concession avec son « homologue » français : Bolloré, c’est « une sorte d’Etat dans l’Etat », un groupe « tout puissant » qui bénéficie d’une « couverture en haut lieu ». Il évoque notamment le rôle de Michel Roussin, vice-président du groupe Bolloré pour l’Afrique, ancien des services secrets français, ex-directeur de cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris et ex-ministre de la Coopération du gouvernement Balladur.
... ou un groupe « exemplaire » ?
On comprend mieux pourquoi les responsables du groupe français n’ont pas voulu s’exprimer. Ou plutôt ont tardé à donner signe de vie. « Sur place, au Cameroun, j’ai essayé de rencontrer les différents représentants des filiales de Bolloré mais, à chaque fois, ils ont refusé, confie Benoît Collombat, En France, j’ai tenté de joindre à plusieurs reprises par mail, par téléphone, les responsables du groupe, mais j’ai très vite compris que je ne pourrais pas interviewer Vincent Bolloré, ni Michel Roussin. »
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