C’est à Nuremberg, la ville des immenses rassemblements nazis, que se tient, du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946, un grand procès mettant en accusation les hauts responsables du IIIe Reich. En avril 1946, un second procès débute à Tokyo.
Procès de Nuremberg, qui sont les accusés ?
Même si beaucoup de gardiens et d’officiers SS se sont enfuis à l’étranger, le procès de Nuremberg juge les principaux responsables du Reich encore en vie. Certes Hitler s’est suicidé, ainsi que Goebbels et Himmler ; Bormann, le confident du Führer, a disparu, mais vingt et un accusés sont présents. Qui sont-ils ? Ce sont les proches de Hitler : Goering, Rudolph Hess, Ribbentrop… mais aussi des hommes politiques tels que Frick, le ministre de l’Intérieur du Reich, ou encore Rosenberg, le théoricien du parti nazi. Sont aussi jugés des militaires, les généraux Keitel et Jodl, les amiraux Raeder et Dönitz ainsi que Speer, le ministre de l’armement.
Accusés de « crimes contre l’humanité »
Les crimes dont le tribunal les accuse sont regroupés en quatre catégories appelées les chefs d’accusation. En voici la liste : crimes contre la paix, préparation et incitation à des guerres d’agression, crimes de guerre avec mauvais traitements à l’égard des prisonniers, sévices contre les populations civiles et, surtout, crime contre l’humanité.
Cette dernière notion est nouvelle. Elle regroupe « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout acte inhumain contre les populations civiles avant ou pendant la guerre ou bien les persécutions pour ses motifs politiques, raciaux ou religieux. »
Nicht gültig ! Non coupables !
Témoignages poignants et débats se succèdent, les massacres perpétrés par les nazis éclatent au grand jour. La liste des crimes commis par le IIIe Reich s’allonge d’heure en heure : accords internationaux violés, pays agressés, occupés et pillés, exactions commises sur les populations civiles. Les accusés refusent de regarder la projection des films montrant ce qu’à été la réalité des camps. Se réfugiant derrière leur obéissance aveugle à Hitler et malgré les preuves fournies, les accusés plaident non coupables, en allemand, Nicht gültig.
Les vainqueurs jugent les vaincus
Huit juges, représentants les quatre pays vainqueurs, composent la cour, le président du tribunal est britannique, mais ce sont les Américains qui ont joué le rôle majeur dans la préparation du procès. Les pays neutres ne sont pas invités à siéger. S’il apparaît normal que les vainqueurs jugent les vaincus, certains s’interrogent sur le fait que les bombardements alliés sur les villes allemandes et les bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki, n’ont fait l’objet d’aucune mise en cause.
Le procès de Tokyo
Six mois après le début du procès de Nuremberg, le 3 mai 1946, s’ouvre le procès de Tokyo qui va juger les crimes commis en Extrême-Orient. Vingt-huit accusés font face au tribunal dont le président est australien. La plupart des hommes présents dans le box sont âgés, vêtus de costume civils, et leur petite taille les fait presque apparaître inoffensifs. Les onze juges appartiennent aux nations qui ont signé l’acte de capitulation du Japon, mais aussi à l’Inde et aux Philippines.
L’acte d’accusation reprend les grands chefs d’accusation de Nuremberg : crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il fait apparaître aussi la notion de « complot » qui devient le maître mot du procès. Les Japonais sont accusés d’avoir voulu dominer le monde. Ils sont aussi accusés d’avoir terriblement maltraité les prisonniers et massacrés les populations civiles, en particulier en Chine et aux Philippines. Les accusés plaident non coupables, invoquant leur fidélité absolue à l’empereur Hiro Hito.
Le verdict
Le jugement est rendu le 12 novembre 1948, soit deux ans et demi après le début du procès. Après 818 séances, 48 500 pages de procès-verbaux et plus de 4 000 pièces à conviction, le verdict tombe. Tous les accusés sont déclarés coupables : sept sont condamnés à mort par pendaison, dix-huit autres sont emprisonnés. Les sentences sont exécutées le 23 novembre 1948. En 1958, les condamnés à la prison à vie seront libérés.
Pourquoi l’empereur du Japon n’est-il pas jugé ?
Bien que la guerre ait été menée en son nom, l’empereur Hiro Hito n’est pas poursuivi. Ayant abandonné son statut divin, l’empereur du Japon a appelé les militaires japonais à cesser le combat et s’est soumis au général Mac Arthur. Tojo, ministre de la Guerre, qui, en l’absence de l’empereur, porte l’entière responsabilité de la guerre, est condamné à la peine capitale par pendaison.
Le procès de Nuremberg en chiffres
1 an de débats
400 audiences
300 000 déclarations
1 600 pages de procès-verbaux
3 000 tonnes de documents
100 témoins
Atlas de la Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier et Marc Pottier, Casterman, 2006
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