Internet passe souvent pour le vecteur privilégié de la désinformation : il l’est de fait et c’est à chacun d’apprécier la crédibilité des innombrables sources. Mais à l’inverse, la Toile peut servir à dénoncer et corriger le traitement de l’information opéré par les grands médias traditionnels et, ainsi, les forcer à rétablir la vérité. Exemples, de Jean Sarkozy à... la guerre de Gaza.
Chez Morandini, non seulement on oublie d’écouter que le nom de Sarkozy n’est pas prononcé - ne parlons même pas de faire appel à un traducteur -, on ne lit pas les commentaires des internautes sous la vidéo, qui dénoncent le canular, on ne vérifie rien mais en plus, on invente : ce serait une "parodie de journal télévisé" jouée par "un comédien allemand". N’importe quoi !
Mais finalement, qu’un présentateur allemand ait ri ou pas de Jean Sarkozy est loin d’être une information capitale. Il en va différemment quand la manipulation concerne le conflit israélo-palestinien, aux enjeux bien plus cruciaux. Et que France 2 la propage en n’y voyant que de feu, comme nous en avons été le témoin privilégié. Quand la chaîne de service public se fait ainsi avoir par une intox, en pleine guerre de Gaza, en diffusant une vidéo trouvée sur le Net, c’est encore du Réseau que vient la prise en flagrant délit. La chaîne présentera ses excuses et l’affaire remontera jusqu’au CSA, sous la forme d’une réprimande officielle ! Une leçon à méditer pour les anti-Internet notoires comme Frédéric Lefebvre ou Nadine Morano : l’information en ligne sert aussi de garde-fou aux dérives des médias classiques. Mais c’est en fait ce qui les gêne. Ils préfèrent les journalistes à muselière.
D’un côté, la grande chaîne de service public France 2. De l’autre, votre serviteur et son modeste blog d’actualité Plume de presse. Combat inégal ! Pourtant, surprise générale : David étend Goliath pour le compte. Nous vanterions-nous ? Certes un tantinet, mais c’est bien à la suite de notre modeste intervention que France 2 a présenté officiellement ses excuses aux télespectateurs. L’histoire n’est pas banale et mérite récit. Fortement impliqué dans la tragédie gazaouite, nous compulsons toutes sortes d’informations sur le sujet afin d’éclairer notre opinion avant de livrer notre point de vue dans la rubrique Proche-Orient du blog. C’est ainsi que nous tombons sur une vidéo titrée quelque chose comme Ce qu’ils ne veulent pas que vous voyiez : une scène terrible filmée à Gaza au téléphone portable, montrant des Palestiniens fauchés par dizaines à la suite d’un bombardement. Sans jeu de mot, ce document est une véritable bombe ! Mais voilà, même si ce n’est que pour son blog, que fait un journaliste ? Il vérifie. Nous commençons donc la recherche, de liens en liens, traversons des forums de discussion, des sites militants. Une seule question : comment authentifier ces images et savoir si, oui ou non, elles montrent ce qui est dit : "Cette vidéo a été filmée avec un téléphone portable après qu’une frappe aérienne terroriste menée par Israël a touché un marché où une nombreuse foule, des enfants, accompagnés de leurs parents, cherchaient de la nourriture dans l’un des marchés locaux, tôt dans la matinée du 03 janvier 2009, à Gaza". Si c’est vrai, il faut interpeller les médias : pourquoi ne diffusent-ils pas ce témoignage visuel de l’horreur de l’agression israélienne sur la population palestinienne ? Mais avant de s’emballer, il convient de savoir d’où viennent ces fichues images à la source. Elles commencent de fait à circuler, de commentaires postés à la suite d’articles sur toutes sortes de sites d’information en envois de listes de diffusion électronique, canal par lequel elles se retrouvent de fil en aiguille jusque dans votre propre boîte ! Le hic, c’est qu’en cherchant, on trouve : cette vidéo est un leurre. Elle n’a pas été filmée à Gaza en décembre suite à une frappe israélienne, mais en 2005, après l’explosion accidentelle d’un camion du Hamas transportant un chargement de roquettes. C’est ce que nous expliquons dans notre billet du 5 janvier, Gaza : la vidéo amateur qui accuse est une intox. Nous publions également l’article sur la page d’un groupe militant dont nous faisons partie, La Paix pour la Palestine, sur la plate-forme du Post (filiale du Monde Interactif) et, pour faire bonne mesure, sur notre page personnelle là-bas, Le sabre au clair d’Olivier B. C’est alors que le journaliste politique dudit Post nous contacte pour nous informer que l’article est remonté jusqu’à la Une du site. "Je me suis permis de rajouter des liens (un vers You Tube pour montrer que la vidéo buzze) et une capture d’écran du site Live Leak qui appuie votre démonstration", précise le confrère. Parfait ! Puisque notre but est de mettre en garde les défenseurs des Palestiniens de ne pas tomber dans le piège de la désinformation, ce qui dessert la cause, autant que la diffusion de l’avertissement soit la plus vaste possible. À 3h 42 exactement ce matin-là, notre révélation de l’imposture est donc en ligne. Mais voilà que le journal de 13h de France 2, quelques heures plus tard, diffuse un extrait de la vidéo en la donnant pour filmée lors d’un bombardement récent. La rédaction de la chaîne est tombée dans le panneau de cette manipulation. Les journalistes du Post font donc un nouvel article, dénonçant l’erreur (la faute !) de France 2, contactent sa rédaction, la forcent à réagir... Vous connaissez la fin : excuses présentées aux téléspectateurs et réprimande du CSA. Conclusion implacable : si Internet peut propager mensonges et rumeurs, il génère aussi son propre contre-poison et la vérité finit toujours par émerger. Y compris les vérités qui dérangent. Quand le gouvernement ment ou manipule - vous en trouvez dans nos pages des exemples presque quotidiens ! -, des dizaines de blogs démontent méthodiquement l’imposture, présentent faits et arguments objectifs, prennent le pouvoir au piège de sa propagande. Voilà bien pourquoi la clique sarkozyste jette l’anathème sur le Web dans son entier : leur rêve serait de réduire tous ces insolents au silence ! Pour notre part, vous l’aurez compris, nous ne sommes toujours pas décidé à nous taire.
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