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Tuesday, July 21, 2009

Les Fossoyeurs Français du Congo Brazzaville TOUBON et compagnie, meilleurs amis du Congo de NGUESSO

Les Fossoyeurs Français du Congo Brazzaville
TOUBON et compagnie, meilleurs amis du Congo de NGUESSO

Par Th. FESSY - A. ZAJTMAN - C. NININ | Journalistes 


Contredisant l'Union européenne, l'ancien ministre et des députés ont applaudi les conditions de la réélection du président Congolais.
Le scrutin présidentiel du dimanche 12 juillet au Congo-Brazzaville a permis, sans surprise, à Denis SASSOU NGUESSO de s'offrir un nouveau mandat de sept ans.
Totalisant déjà vingt-cinq années au pouvoir, "Papa Sassou" (comme il se fait appeler) a donc été réélu avec 78,6% des suffrages pour un taux de participation s'élevant officiellement à 66%, bien surprenant quand on sait le peu d'électeurs qui se sont rendus aux urnes.
La question de la participation est cruciale : en appelant les électeurs au boycott des urnes, les principaux opposants en avaient habilement fait l'enjeu véritable du scrutin.
Si nous n'avons vu aucune file d'attente -hormis celle, très bien organisée, à la mairie de Ouenze quelques minutes avant l'arrivée du président sortant et de son épouse- nous avons cependant croisé quelques députés Français visiblement ravis de leur petite balade électorale dominicale.

"Ne soyons pas des Occidentaux arrogants. Essayons d'aider les Africains"
Ce qui nous a surpris : ni l'Union Européenne, ni la France n'avaient envoyé de mission d'observation pour ce scrutin. Ces élus répondaient en réalité à l'invitation de membres ou organes du gouvernement Congolais. Parmi eux, le député Européen UMP sortant Jacques TOUBON.
Ce proche de CHIRAC, ancien ministre de la Justice, a balayé devant la presse internationale les réservées émises par Miguel AMADO, le chef de la délégation de la Commission Européenne :
"Ne soyons pas des Occidentaux arrogants. Essayons d'aider les Africains et non de les condamner avant qu'ils n'aient fait quoique ce soit, ce qui a été le cas en particulier du représentant de l'Union européenne"
Miguel AMADO avait en effet expliqué l'une des raisons ayant poussé l'UE à ne pas envoyer d'observateurs :"Les corrections apportées depuis le scrutin de 2002 ne sont pas suffisantes" 
Le diplomate pointait notamment du doigt le recensement électoral qui "n'a pas été fait en bonne et due forme", faisant remarquer qu'un fichier électoral de 2.2 millions d'électeurs pour une population totale estimée à 3.8 millions d'habitants, "c'est trop, surtout en Afrique où un grand pourcentage de la population est jeune"
Regrettant de "ne pas avoir été préalablement informé de leur visite", l'ambassadeur de l'UE a reconnu avoir eu un "échange tendu"  avec les édiles français, et notamment avec Jacques TOUBON. Rappelons que ce dernier a été nommé le 21 juin par Nicolas SARKOZY à la tête d'une mission chargée de préparer et d'assurer la mise en œuvre d’une initiative "2010 – Année de l’Afrique"
 
"Un grand moment démocratique" pour le député-maire UMP d'Elancourt
A la tête d'une obscure Coordination des observateurs franco-africains (Cofa), se déplaçant dans le sillage de"Papa SASSOU" le jour de l'élection, on trouve Jean-Michel FOURGOUS, député UMP.
Le président du groupe Amitié France-Gabon de l'Assemblée nationale a expliqué qu'il était là pour représenter son homologue d'Amitié France-Congo (François Michel-GONNOT), ce dernier n'ayant pu faire le déplacement pour ce "grand moment démocratique".
Dès 11 heures du matin, le maire d'Elancourt affichait sa satisfaction devant la presse Congolaise : "L'élection est libre (…), le taux de participation va certainement dépasser les 50% (…), la démocratie fonctionne"
Le lendemain, il cosignait avec Jean-François MANCEL, député UMP de l'Oise faisant lui aussi partie de la Cofa, un communiqué dans la presse progouvernementale en forme de diatribe contre Miguel AMADO, indiquant même qu'ils demanderaient des "sanctions"  à l'encontre du représentant européen.
De son coté, l'ambassadeur de France Nicolas NORMAND, a refusé de répondre à une interview au sujet de ces députés et autres personnalités françaises venus observer les élections.
Nous recevant tout de même après que nous avons été brutalisés lors d’une manifestation d’opposition par les forces de l’ordre -nos équipements ont été confisqués et détruits-, Nicolas NORMAND affirme lui aussi ne pas avoir été mis au courant de l'arrivée des députés pour l'observation du scrutin.
 
FOURGOUS et MANCEL sont des proches du régime de Denis SASSOU NGUESSO
Amis de la famille KOLELAS -des opposants historiques ralliés à SASSOU-, les députés FOURGOUS etMANCEL constituaient ainsi la "délégation française"  lors de la création de la Conférence des démocrates humanistes africains (Codeha) fin avril. Son coordinateur n'est autre que Guy Brice Parfait KOLELAS, ministre Congolais de la Pêche.
De même, Jacques TOUBON, venu à Brazzaville en compagnie de Patrick GAUBERT, président de la Licra, ancien conseiller de Charles PASQUA et député européen jusqu'en juin dernier, répondait à l'invitation de la Commission nationale des droits de l'homme, contrôlée par le régime Congolais.
Patrick GAUBERT au Congo ? On se souvient de son rôle controversé dans l’affaire des disparus du beach, dénoncé par la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).
En 1999, ces 353 réfugiés, rapatriés du Congo-Kinshasa voisin  par le HCR après la guerre pour être remis aux autorités de Brazzaville, n'ont jamais été revus par leurs familles. Un procès tenu par la justice Congolaise en 2005 n'avait pas permis de faire la lumière dans cette affaire.
Selon la FIDH, GAUBERT a fait pression, en 2004-2005, sur les familles des disparus pour qu'elles abandonnent les poursuites intentées en France contre plusieurs responsables du régime de Denis SASSOU NGUESSO.

Le représentant des éditions L'Harmattan mélange les genres
Avant le scrutin, quelques 350 observateurs de la dite société civile -elle aussi sous contrôle du régime en place- ont reçu le manuel du parfait observateur, rédigé et signé par Anatole COLLINET MAKOSSO.
Ce dernier est aussi représentant des éditions L'Harmattan à Brazzaville, et co-auteur d'un livre sur l’affaire des disparus du beach publié par l'éditeur parisien, le seul ouvrage sur ce thème… qui nie la disparition des 353 réfugiés Congolais.
Interrogé sur la compatibilité de toutes ses fonctions en période électorale, Anatole MAKOSSO assure "être capable de dissocier" ses occupations pour livrer une analyse impartiale du scrutin.
La plupart des 350 observateurs, dont Geo-Ecostrapol compilera les conclusions, ont pourtant été recruté dans les rangs de l'association Concertation pour l'encadrement de la jeunesse, fondée et présidée par le mêmeMAKOSSO.

Pour TOUBON, "plus difficile d'avoir des cadenas à Brazzaville qu'à la Samaritaine"
Jacques TOUBON a lui aussi émis quelques réserves, pour la forme. L'ancien maire du XIIIe arrondissement de Paris a constaté que "beaucoup d'urnes n'étaient pas fermées, faute tout simplement de cadenas", avant d'ajouter qu'il est "probablement plus difficile d'avoir des cadenas à Brazzaville qu'à la Samaritaine à Paris".
Selon TOUBON, ce sont des élections qui "correspondent à l'état de la démocratie dans un pays comme le Congo". Les critères de démocratie et de droits de l'homme ne sont-ils pas universels ? Réponse : "Du haut de votre arrogance, vous jugez les Africains."
Dans un pays où, selon les Nations unies, 70% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté, nombre de Congolais nous ont pourtant répété tout au long de notre séjour qu'ils voudraient percevoir les dividendes de la manne pétrolière et de la coupe du bois. Les entreprises françaises Total et Bolloré en ont les plus gros contrats.

Bourrages d'urnes, fichier électoral obsolète, dépouillement à la bougie…
La France continue-t-elle d'apporter un soutien infaillible au régime de Denis SASSOU NGUESSO ?
Ce serait critiquable, après les deux prises du pouvoir par les armes de l'intéressé -en 1979 lors d'un coup d'état, et en 1997 à l'issue d'une guerre civile qu'il a provoquée-, et après une élection considérée comme non démocratique par les observateurs internationaux en 2002.
Pourtant, les hommes politiques Français rencontrés le jour du scrutin encensaient la stabilité retrouvée sous le régime de SASSOU, refusant d'admettre que la confiscation de l'espace démocratique par le pouvoir porte en elle les germes même de la contestation par les armes, de la gabegie et du sous-développement.
Ce dimanche électoral, nous avons ainsi été témoins d'une distribution de billets par "des hommes du Rassemblement pour la majorité présidentielle", comme les décrivent les habitants, dans un quartier sud de Brazzaville, où l'abstention a été la plus élevée.
"Ils donnaient de l'argent en échange du vote pour Denis SASSOU NGUESSO", a expliqué un habitant. "On ne peut pas nous intimider avec de l'argent ! ", s'est exclamée une jeune fille.
L'Observatoire Congolais des droits de l'homme (OCDH), membre de la FIDH, a rapporté nombre d'irrégularités lors du scrutin, boycotté par six candidats de l'opposition. Bourrages d'urnes -peut-être facilités par l'absence de cadenas que relevait Jacques TOUBON-, fichier électoral non mis à jour, électeurs n'ayant jamais reçu leur carte, bureaux de vote installés chez des particuliers, dépouillement à la bougie à défaut d'électricité… la liste est longue.

Quand l'ambassadeur de France oublie d'inviter les médias internationaux
Surtout, l'OCDH, qui avait déployé 47 observateurs, estimait qu'il serait "un miracle de voir le taux de participation dépasser 20%", loin des 66% proclamés par la commission nationale électorale.
Cette faible affluence est pourtant signe de la désaffection des Congolais pour un exercice électoral proposé par "Papa SASSOU". Le président sortant avait au moins le soutien de ses thuriféraires venus de France, dont la liste comprend aussi Marcel CECCALDI, ex-conseiller juridique du Front national.
Au cours d'une conférence de presse à laquelle les medias internationaux n'ont pas été invités -sur consigne du Quai d'Orsay, comme on l'a appris de sources diplomatiques- l'ambassadeur de France a pourtant lui aussi salué"le bon déroulement et la bonne organisation de l'élection", qui devrait permettre au Congo "d'entrer dans une ère de stabilité favorable à son développement".
Pas de mot à la presse internationale donc. Cette dernière, et France 24 et RFI en particulier, ont pourtant été la cible d'éditoriaux enflammés de journaux progouvernementaux dont Les Dépêches de Brazzaville, dirigé par un Français et sponsor du centre culturel français de la capitale Congolaise, où l'on ne trouve pas, comme dans ses homologues des pays africains, de posters de RFI ou de France 24.
Menaces téléphoniques en pleine nuit, visite d'agents des services de renseignements à l'hôtel et autres intimidations ont suivi, jusqu'à l'agression policière contre France 24 et la BBC lors de la répression d'une manifestation pacifique d'opposants.

Quand l'ex-colonie érige une statue de son colonisateur français
Une anecdote pour finir : parmi les réalisations de "Papa SASSOU", on peut citer l'érection d'une statue et d'un mausolée, à la gloire de Pierre SAVORGNAN de Brazza, père de la colonisation Française au Congo et au Gabon.
Le monument, de dix mètres de haut, a été érigé et inauguré à grand frais en 2006, en présence de SASSOU, feu Omar BONGOPhilippe DOUSTE-BLAZY, alors ministre des Affaires étrangères, et même Bernard KOUCHNER, qui n'occupait pourtant pas de fonctions officielles à l'époque.
Le coût du monument, de plusieurs millions d'euros, avait été pris en charge par les gouvernements Congolais, Gabonais, et des entreprises Françaises.
Une ex-colonie qui célèbre son ancien colonisateur ! Voilà qui en dit long sur le mariage grassement consommé entre la France et le régime de SASSOU NGUESSO.
Nicolas SARKOZY avait promis qu'il y mettrait un terme, mais au Congo-Brazzaville, la Françafrique a de beaux jours devant elle.


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