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Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur.










Monday, July 06, 2009

Entre Tel Aviv et Téhéran par Uri Avnery



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Mondialisation.ca, Le 5 juillet 2009
Gush Shalom



DES CENTAINES DE MILLIERS de citoyens iraniens se sont répandus dans les rues pour protester contre leur gouvernement ! Quel spectacle merveilleux ! Gideon Levy a écrit dans Haaretz qu'il envie les Iraniens

Et en effet, ceux qui tentent ces temps-ci de faire descendre des Israéliens en nombre dans les rues, ont de quoi mourir d'envie. Il est très difficile d'obtenir même de quelques centaines de personnes qu'elles protestent contre les mauvaises actions ou les mauvaises politiques de notre gouvernement – et ce n’est pas parce que tout le monde le soutient. Au plus fort de la guerre contre Gaza, il y a six mois, il n'était pas facile de mobiliser 10.000 personnes. Ce n'est qu'une fois par an que le camp de la paix parvient à réunir 100.000 personnes sur la place, et c'est seulement pour commémorer l'assassinat de Yitzhak Rabin.

Le climat en Israël est un mélange d'indifférence, de fatigue et de “perte de croyance en la capacité de changer la réalité”, comme l'a estimé cette semaine un juge de la Cour suprême. Un changement très spectaculaire est nécessaire pour obtenir qu'un grand nombre de personnes manifestent pour la paix.

POUR MIR-HOSSEIN MOUSSAVI des centaines de milliers de personnes ont manifesté, et des centaines de milliers de personnes ont manifesté pour Mahmoud Ahmadinejad. Cela dit beaucoup sur le peuple et sur le régime

Peut-on imaginer 100.000 personnes rassemblées sur la place Tahrir du Caire pour protester contre les résultats électoraux officiels ? La police ouvrirait le feu avant qu'un millier de personnes arrivent sur les lieux.

Est-ce que seulement un millier de personnes pourraient être autorisées à manifester à Amman contre Sa Majesté ? L’idée même est absurde.

Il y a quelques années, les forces de sécurité saoudiennes ont ouvert le feu à La Mecque contre des pèlerins indisciplinés. En Arabie Saoudite, il n'y a jamais de protestations contre des résultats électoraux – tout simplement parce qu'il n'y a pas d'élections.

En Iran, toutefois, il y a des élections, et comment ! Elles sont plus fréquentes que les élections aux Etats-Unis, et les présidents iraniens changent plus souvent que les présidents américains. Et toutes les manifestations et les émeutes montrent combien les citoyens prennent au sérieux les résultats électoraux.

CERTES, le régime iranien n'est pas démocratique dans le sens où nous entendons la démocratie. Il y a un Guide suprême qui fixe les règles du jeu. Les institutions religieuses écartent les candidats qu'elles n'aiment pas. Le Parlement ne peut pas adopter de lois qui contrediraient la loi religieuse. Et les lois de Dieu sont immuables – tout au plus leur interprétation peut-elle changer.

Tout ceci n'est pas totalement étranger aux Israéliens. Dès le début, le camp religieux a essayé de transformer Israël en Etat religieux, dans lequel le droit religieux (appelé Halakha) serait au-dessus du droit civil. Des lois “révélées” il y a des milliers d'années et considérées comme immuables prendraient l’avantage sur les lois promulguées par la Knesset démocratiquement élue.

Pour comprendre l'Iran, nous n'avons qu'à observer un des partis israéliens importants, le shas. Lui aussi a un Guide suprême, le rabbin Joseph Ovadia, qui décide de tout. Il nomme la direction du parti, il sélectionne les candidats du parti à la Knesset, il ordonne au groupe parlementaire comment voter sur toutes les questions. Il n'y a pas d'élections au Shas. Et, comparées aux fréquentes explosions du rabbin Ovadia, Mahmoud Ahmadinejad est un modèle de modération.

LES ELECTIONS diffèrent d'un pays à l'autre. Il est très difficile de comparer l’honnêteté des élections d'un pays à l'autre.

A un bout de l'échelle il y avait les élections dans la bonne vieille Union soviétique. Là-bas une blague circulait : un électeur entrait dans un bureau de vote, il recevait une enveloppe fermée des mains d'un fonctionnaire qui l'invitait poliment à la déposer dans l'urne. “ Comment ? Je ne peux pas savoir pour qui je vote ? “ demanda l'électeur. Le fonctionnaire fut choqué. “Bien sûr que non ! En Union soviétique, nous avons le vote à bulletin secret !”

A l'autre bout de l'échelle il devrait y avoir le bastion de la démocratie : les Etats-Unis. Mais au cours des élections là-bas, il y a seulement neuf ans, les résultats furent tranchés par la Cour suprême. Les perdants, qui avaient voté pour Al-Gore, sont convaincus jusqu'à aujourd'hui encore que les résultats étaient frauduleux.

En Arabie Saoudite, en Syrie, en Jordanie et maintenant, semble-t-il, en Egypte, le pouvoir passe de père en fils, ou de frère à frère. C'est une affaire de famille.

Nos propres élections sont irréprochables, plus ou moins, même si après chaque élection, des gens affirment que dans les quartiers orthodoxes les morts votent aussi. Trois millions et demi d'habitants des territoires occupés eux aussi ont tenu des élections démocratiques en 2006, élections que l'ancien Président Jimmy Carter décrivit comme exemplaires, mais Israël, les Etats-Unis et l'Europe refusèrent d'accepter les résultats parce que ceux-ci ne leur convenaient pas.

Donc il semble que la démocratie soit une question de géographie.

LES RÉSULTATS des élections en Iran ont-ils été falsifiés ? Pratiquement aucun d'entre nous – à Tel-Aviv, à Washington ou à Londres – ne peut le savoir. Nous n'avons pas la moindre idée, parce qu'aucun d'entre nous – et cela inclut les chefs des services de renseignement – ne sait vraiment ce qui est en train de se passer dans ce pays. Nous ne pouvons qu'essayer de faire appel à notre bon sens, basé sur la petite information dont nous disposons.

Il est clair que des centaines de milliers d'électeurs croient honnêtement que les résultats ont été falsifiés. Autrement, ils ne seraient pas descendus dans les rues. Mais ceci est presque normal chez les perdants. Dans l'ivresse d'une campagne électorale, chaque parti croit qu'il va gagner. Quand ce n'est pas le cas, il est tout à fait sûr que les résultats ont été trafiqués.

Il y a quelque temps, l'excellente troisième chaîne de télévision satellite allemande diffusa un reportage saisissant sur Téhéran. On y voyait l'équipe sillonner la rue principale du nord au sud de la ville, s'arrêtant fréquemment sur son chemin, entrant dans les maisons, visitant les mosquées et les boites de nuit.

J'y appris que Téhéran est très semblable à Tel-Aviv, au moins sous un aspect : dans le nord résident les riches et les gens aisés, dans le sud les pauvres et les défavorisés. Ceux du nord imitent les Etats-Unis, vont dans de prestigieuses universités et dansent dans les clubs. Les femmes sont libérées. Ceux du sud sont attachés à la tradition, révèrent les ayatollahs ou les rabbins, et détestent le nord dévergondé et corrompu.

Mousavi est le candidat du Nord, Ahmadinejad celui du Sud. Les villages et les petites villes (que l'on appelle la “banlieue”) s’identifient au sud et se détournent du nord.

A Tel-Aviv, le sud a voté pour le Likoud, le Shas et d'autres partis de droite. Le Nord a voté pour le parti travailliste et Kadima. Dans nos élections, il y a quelques mois, la Droite a remporté une victoire retentissante.

Il semble que quelque chose de très semblable soit arrivé en Iran. Il est raisonnable de supposer qu'Amadinejad a vraiment gagné.

La seule organisation occidentale qui ait conduit un sondage d'opinion sérieux en Iran avant les élections, a sorti des chiffres très proches des résultats officiels. Il est difficile d'imaginer d'énormes manipulations, concernant plusieurs millions de votes, quand des milliers de personnes dans les bureaux de votes sont impliqués. En d'autres termes : il est tout à fait plausible qu'Ahmadinejad ait réellement gagné. S'il y a des fraudes – et il n'y a pas de raison de croire qu'il n'y en a pas eu – elles n'ont probablement pas atteint des proportions qui changeraient les résultats définitifs.

Il y a un test simple pour vérifier le succès d'une révolution : l'esprit révolutionnaire a-t-il pénétré l'armée ? Depuis la Révolution française, aucune révolution n'a réussi quand l'armée est restée loyale au régime existant. Les révolutions de février et d'octobre 1917 en Russie ont réussi parce que l'armée était en état de dissolution. En 1918, la même chose s'est produite en Allemagne. Mussolini et Hitler ont pris grand soin de ne pas s'opposer à l'armée, et sont arrivés au pouvoir avec son soutien.

Dans beaucoup de révolutions, le moment décisif arrive quand les foules dans les rues sont confrontées aux soldats et aux policiers, et que la question se pose : vont-ils ouvrir le feu sur leur propre peuple ? Quand les soldats refusent, la révolution gagne. Quand ils tirent, c’en est fini.

Quand Boris Yeltsine grimpa sur le tank, les soldats refusèrent de tirer et il gagna. Le mur de Berlin tomba parce qu'un officier de police d'Allemagne de l'Est refusa au moment décisif de donner l'ordre d'ouvrir le feu. En Iran, Khomeini gagna quand, au dernier moment, les soldats du Shah refusèrent de tirer. Cela n'est pas arrivé cette fois-ci. Les forces de sécurité étaient prêtes à tirer. Elles n'étaient pas contaminées par l'esprit révolutionnaire. A ce qu'il semble aujourd'hui, ce fut la fin de l’affaire.

JE NE SUIS PAS un admirateur d'Ahmadinejad. Mousavi m'inspire plus.

Je n'aime pas les dirigeants qui sont en contact direct avec Dieu, qui font des discours aux masses du haut d’un balcon, qui utilisent un langage démagogique et provocateur, qui surfent sur les vagues de la haine et de la peur. Sa négation de l'Holocauste – exercice idiot en lui-même – ne fait que renforcer l'image d'Ahmadinejad comme un leader primitif et cynique.

Aucun doute qu'il est un ennemi juré de l'Etat d'Israël, ou – comme il préfère dire – du “régime sioniste”. Même s'il n'a pas promis de l'éliminer lui-même, comme cela a été rapporté de façon erronée, mais seulement exprimé sa croyance qu'il “disparaîtrait de la carte”, ceci ne me rassure pas.

Une question reste posée : Mousavi, s'il avait été élu, aurait-il fait une grande différence en ce qui nous concerne ? L'Iran aurait-il abandonné ses efforts de production de l'arme nucléaire ? Aurait-il réduit son soutien à la résistance palestinienne ? La réponse est négative.

C'est un secret de polichinelle que nos dirigeants espéraient qu'Ahmadinejad gagnerait, qu'il exacerberait la haine du monde occidental contre lui et rendrait la réconciliation avec l'Amérique plus difficile.

Tout au long de la crise, Barack Obama s'est comporté avec une admirable retenue. Les opinions publique américaine et occidentales, ainsi que les supporters du gouvernement israélien, le pressaient d'élever la voix, de s'identifier avec les manifestants, de porter une cravate verte en leur honneur, de condamner les ayatollahs et Ahmadinejad en des termes non équivoques. Mais excepté des critiques minimales, il ne l'a pas fait, faisant preuve de sagesse et de courage politique.

L'Iran est ce qu'il est. Les Etats-Unis doivent négocier avec lui, pour son propre salut et pour le nôtre. Ce n'est que par cette voie – si tant est qu'elle existe – qu'il est possible d'empêcher ou de retenir son développement d’armes nucléaires. Et si nous sommes condamnés à vivre sous l'ombre d'une arme nucléaire iranienne, dans une situation classique d'équilibre de la terreur, il vaut mieux que la bombe soit entre les mains d'une direction iranienne qui maintient le dialogue avec le Président américain. Et bien sûr, il serait bien pour nous – avant d'atteindre ce point – d'obtenir, avec le soutien amical d'Obama, une paix totale avec le peuple palestinien, ce qui retirerait la principale justification de l'hostilité iranienne envers Israël.

La révolte des gens du nord en Iran demeurera, semble-t-il, un épisode passager. Elle peut, espérons-le, avoir un impact à long terme, en profondeur. Mais en même temps, il ne sert à rien de nier la victoire du négationniste iranien.


Traduit de l'anglais, “Between Tel Aviv and Tehran”, Gush Shalom, le 27 juin 2009.

Traduction : SWPHL pour l'AFPS .


Uri Avnery est journaliste et cofondateur de Gush Shalom.

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