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Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur.










Wednesday, September 24, 2008

Des « camps Obama » pour booster les troupes démocrates


Au camp Obama de l'Etat de New York (Alexis Buisson).

(De New York) Le parti démocrate organise jusqu’au 4 octobre dans l’état de New York une série de camps d’entraînement pour supporters de Barack Obama. Loin de colonies de vacances, ces « Obama Camps » sont un élément central de la stratégie démocrate de conquête de la Maison-Blanche. Ambiance dans celui de Brooklyn, à New York, le week-end dernier.

Ce n’est pas l’armée, pourtant les méthodes sont les mêmes. Le discours guerrier, la glorification du leader, les cartes d’états à conquérir et l’exaltation des troupes. Pourtant, la bataille qui se prépare ici, dans une salle de cours du Pratt Institute de Brooklyn, est strictement électorale.

Le but : former des supporters démocrates de la première heure à l’exercice difficile de la pêche aux votes. Au menu de la formation de deux jours :

  • faire le point sur la campagne et ses objectifs
  • apprendre à courtiser les indécis par des exercices individuels et en groupe, supervisés par des cadres de la campagne démocrate
  • booster le moral des troupes, avant que les petits soldats du Parti ne quittent dans quelques jours femme et enfants pour le champ de bataille électoral

Apprendre les techniques de persuasion, le démarchage par téléphone…

Dawn Smalls, manager de la campagne dans l’état de New York, animait le week-end dernier l’un des six camps Obama, celui de Brooklyn. Elle en explique le principe. (Ecoutez le son.)


Dans une campagne qui privilégie le contact direct avec les électeurs, les volontaires sont un maillon essentiel de la chaîne. En les formant au porte-à-porte, aux techniques de persuasion par appel téléphonique et au management, le camp Obama est censé remédier aux lacunes organisationnelles de la campagne de John Kerry en 2004. La désorganisation des volontaires sur le terrain aurait handicapé le candidat démocrate.

« Il y a quatre ans, les volontaires sont arrivés sur le terrain un peu avant l’élection et ne savaient ni quoi faire ni à qui s’adresser. Ils étaient complètement perdus », a expliqué Smalls aux participants en ouverture du camp :

« Nous voulons éviter cela à tout prix […] Par rapport à 2004, nous avons appris qu’il ne faut rien prendre pour argent comptant. C’est la première fois que nos volontaires sont présents dans les 50 états. Ce qui n’était pas le cas il y a quatre ans. »

En 2008, les démocrates ont donc fait les choses différemment. Et en plus grand. Ils ont échafaudé ce que le « Boston Globe » a appelé il y a quelques mois « la plus grosse opération de terrain dans l’histoire politique américaine. »

Apprendre les techniques de persuasion, le démarchage par téléphone…

En effet, dès les premières heures de la campagne, les supporters de Barack Obama ont investi villes et campagnes, permettant ainsi de faire basculer des communautés entières dans l’escarcelle d’Obama. Une stratégie qui a permis au sénateur de l’Illinois de remporter la course à l’investiture.

Ainsi, les participants à l’« Obama Camp » ont-ils été triés sur le volet en fonction de leur motivation, leur expérience dans le domaine politique ainsi que leur disponibilité -les participants doivent pouvoir être mobilisés pendant cinq semaines, jusqu’au jour de l’élection.

Dès leur arrivée au camp, ils reçoivent un manuel contenant le programme de la formation, des exercices et des conseils pratiques. Le programme est divisé en plusieurs sections, parmi lesquelles :

  • Session 1 : rappel des objectifs de la campagne
  • Session 4 : Barack Obama vs John McCain : les idées
  • Session 5 : Contact avec les électeurs

« Je ne reconnais pas le pays qui m’attirait a mon arrivée »

Ce matin-là, sur le campus du Pratt Institute à Brooklyn, les participants apprennent à se construire une « histoire de soi », dont ils pourront se servir pour convaincre un électeur indécis de voter pour Barack Obama. L’exercice, supervisé par une équipe d’animateurs, doit s’exécuter en moins de deux minutes. (Ecoutez le son.)


Parmi la centaine de participants, Bernard Guerra, un entrepreneur français installé aux Etats-Unis depuis 1972, écoute attentivement, assis au premier rang :

« Pour moi, les Etats-Unis ont toujours été une terre d’opportunités. Mais je ne reconnais pas le pays qui m’attirait a mon arrivée. »

Le pays a changé en huit ans de présidence Bush, dit-il. La politique fiscale, la guerre en Irak ou encore l’absence de volonté de reforme du système de sécurité sociale l’ont poussé à faire une donation au parti démocrate, puis à s’inscrire au camp Obama il y a un peu plus d’un mois : (Ecoutez le son.)


Les volontaires seront affectés dès la semaine prochaine dans des états cruciaux, comme la Pennsylvanie voisine, où iront probablement la plupart des volontaires des trois camps Obama de New York.

L’objectif, martelé pendant la formation, est de rapporter à Barack Obama un minimum de 270 grands électeurs, des « super-électeurs » qui élisent le Président en fonction du vote populaire. En 2004, John Kerry en avait obtenu 252.

« Il faut faire au moins aussi bien. Sinon, c’est la honte », dit Dawn Smalls, en montrant une carte d’états à conquérir. « Les démocrates sont déjà sur le terrain. Nous consacrons la plupart de nos ressources à 22 États. Nous allons aller à L’Ouest et en Alaska.»

Une « carte d’identité électorale » pour chaque quartier, chaque rue

Mais avant le grand départ, certains participants font part de leurs inquiétudes : « Et si l’électeur ne m’écoute pas ? Est-ce qu’il y a des sujets de conversation qui les touchent plus que d’autres ? », demande une participante à l’équipe d’animateurs.

Réponse bien rodée de Tara Martin, une animatrice :

« Quand vous arriverez sur place, l’équipe de campagne aura établi un « voter I.D. » [carte d’identité électorale] pour chaque quartier, chaque rue, avec les tendances électorales des dernières années.

« Quand vous frapperez à la porte d’un électeur ou que vous lui passerez un coup de téléphone, vous saurez exactement qui il est et quelles sont ses préoccupations. Vous pourrez adapter votre discours personnel en fonction de cela. »

Une intervenante prend le relais :

« N’oubliez pas que vous avez plusieurs « histoires de soi » : par exemple, moi je suis noire, je suis une femme. Dites que vous avez des parents immigrés qui ont réussi… Pensez aussi à la sécurité sociale, tout le monde a eu au moins un problème avec la sécurité sociale.»

Un autre orateur conclut :

« Il faut penser en termes de temps et de volume. Vous allez avoir beaucoup de personnes à convaincre. Il ne faut vous attarder sur une personne. Si vous voyez que vous ne la convaincrez pas, passez à un autre électeur sans perdre de temps. »

A l’issue du camp, les participants retrouvent leur famille, qu’ils laisseront dans quelques jours pour se rendre sur le terrain. Pour cette élection, 61% des démocrates seraient enthousiastes, contre 39% des républicains, selon un sondage projeté sur écran géant lors du camp.

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