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Wednesday, June 25, 2008

La rhétorique du Métissage ou l'art de neutraliser l'affirmation identitaire

La rhétorique du Métissage


lundi 23 juin 2008 | par Tshibwabwa Mua Bay

Le 22 septembre dernier, Hewan et Max-Laure, initiatrices de Kheperankh-Street, un nouveau concept de transmission culturelle à travers le chant et la danse Hip-Hop, donnaient une conférence de presse pour présenter leur projet.

Etaient présents dans la salle, des médias communautaires et généralistes, des associations, des parrains, des supporters et des curieux. Après l'exposé du projet, le public est invité à poser ses questions et les créatrices s'attendent à donner plus de détails sur l'organisation et le contenu des cessions de transmission. Mais l'attention du public est en réalité focalisée sur un seul mot : « Noir ». Partant du constat que « à enseignement et talent égaux dans le Hip-Hop, ce sont toujours les même qui réussissent et toujours les mêmes qui restent sur le tard… », Kheperankh-Street est dédié à la « Jeunesse noire » et s'appui sur « les arts de rue Noirs ». Une affirmation tellement extraordinaire qu'elle en étonne une assistance pourtant à 90% noire. La première question qui fuse est donc : « Kheperankh-Street est-il ouvert à tout le Monde ? ». Personne n'a de mal à comprendre le sens de ce « ouvert à tout le Monde ? », qui veut dire en réalité « ouvert aux Blancs ? » Et les créatrices de réaffirmer un positionnement pourtant clair et sans concession : « Kheperankh-Street est fait par Nous, pour Nous et avec Nous ». Comme incrédules face à une telle "transgression", certaines personnes dans le public s'entêtent et reposent la question : « Kheperankh-Street est-il ouvert à tout le Monde ? ».

C'est alors qu'une jeune femme métisse prend la parole pour dire : « Moi je suis Métisse, mon fils il est métis, la race noire c'est plein de nuances de couleurs, du très foncé au très clair, dans l'histoire il y plein de métis qui ont fait plus pour la cause des Noirs que les Noirs eux-mêmes, donc quand vous parlez de Noirs, vous parlez de quoi exactement ? ». Cette intervention est aussitôt suivie de la prise de parole d'une autre invitée qui vient occuper la scène pour affirmer son métissage « corse-guadeloupéen », sans se soucier du fait que son ego n'a aucun rapport avec le sujet de cette conférence de presse. Et de fait, on se demande si ces personnes sont là pour s'intéresser au projet de fond qu'est Kheperankh-Street ou si elles s'en servent comme exutoire à leur malaise identitaire. A ce stade tout le monde comprends que le message de Max-Laure et de Hewan va être brouillé, parasité par cette revendication du métissage, qui remet constamment en cause la notion même d'identité noire, et par conséquent, toute initiative visant à la valoriser, à la singulariser, à l'affirmer.

Un métissage qui, comme par hasard, remet toujours en question l'identité noire, mais jamais l'identité blanche… Inutile de dire que l'intervenante "guadeloupéenno-corse" n'aurait jamais, au grand jamais, osé revendiquer son métissage devant une assemblée de Corses et encore moins leur reprocher leur manque « d'ouverture ». Mais au sein de la communauté noire, le métissage est une « vache sacrée », tout le monde doit s'en émerveiller. La question-piège fonctionne donc à la perfection, les créatrices de Kheperankh-Street sont prises entre deux feux : réaffirmer leur engagement communautaire et passer pour des racistes anti-Métis et anti-Blancs ou céder au chantage du métissage, de l'antiracisme, de l'ouverture, de la tolérance et autres "bien-pensances", et accepter de diluer leur message. Cette anecdote, qui est en fait une véritable récurrence, est une parfaite illustration de la manière dans la rhétorique du métissage neutralise l'identité noire de l'extérieur comme de l'intérieur…

De l'extérieur, car les médias généralistes présents ont édulcoré sans états d'âme la dimension identitaire du projet Kheperankh-Street. La journaliste de Libération, présente à la conférence de presse, a totalement dilué le sens de l'initiative visant à prendre en main une jeunesse noire en perte de repères, et à lui ré-inculquer des valeurs culturelles qui lui sont propres, à travers des arts qui lui sont propres. Quant au magazine Vibrations, qui a également relayé l'information, le mot « Noir » n'est pas cité une seule fois dans sa chronique. Ces choix éditoriaux ne sont pas le fait du hasard et concourent à cette construction idéologique paternaliste et politiquement correcte qui vise, d'une part, à ne jamais donner la moindre visibilité aux Noirs, surtout lorsque celle-ci est positive, sous prétexte « d'antiracisme », et d'autre part, à s'approprier leur créativité en l'englobant dans des concepts vagues, impersonnels et totalement creux. Ainsi, jamais on ne parlera de « cultures noires » mais de cultures « urbaines », « métissées », « plurielles », de « diversité », de « multiculturalisme ».

Ce sont les publicitaires et agences de communication aux Etats-Unis qui ont été les premiers à diffuser ces concepts marketing, car dès la fin des années 70, il était évident que 90% de la culture américaine sur le plan musical, vestimentaire, vernaculaire, voir gestuel, provenait des ghettos noirs tels que Harlem. Il leur fallait donc trouver un moyen pour que la population blanche puisse s'approprier le Baggy, le Bling-Bling, le Hip-Hop et autres codes culturels noirs, sans avoir à admettre qu'elle était fascinée par la créativité de ces populations marginalisées et encore moins à reconnaître qu'elle la copiait. C'est ainsi que le concept de « culture urbaine » est né, pour se substituer à celui de « culture noire ». De l'extérieur donc, c'est-à-dire dans le discours marketing, médiatique et « républicain », tout est fait pour que les Noirs ne puissent jamais revendiquer ou affirmer la paternité de leurs attributs culturels, savamment dilués dans un discours « universaliste ». Et le mécanisme est tellement bien ficelé, que si l'envie leur prenait de passer outre, ils devraient s'attendre à des accusations de racisme et de sectarisme.

De l'intérieur, le métissage a toujours été un bouclier historique et ô combien efficace des populations blanches contre la rébellion des populations noires. Il a même fait l'objet de véritables politiques « raciales » dans de nombreux pays d'Amérique latine et d'Afrique durant les périodes esclavagiste, coloniale et postcoloniale. A la fin du 19ième siècle, alors que l'esclavage vient d'être aboli au Brésil, les classes dominantes prennent peur en constatant leur infériorité numérique face à cette population noire en liberté. Le gouvernement met alors en place la politique du « branqueamento » , qui veut dire littéralement « blanchiment », et qui va consister à favoriser l'immigration massive et subventionnée d'immigrés européens afin de stopper la croissance démographique de la population noire, en la diluant, en la blanchissant racialement, mais aussi culturellement. Le jeune pays d'Amérique latine en quête d'européanité, veut se débarrasser de l'influence « africaine », perceptible à toutes les échelles de la société. Mais au-delà de son idéologie eugéniste, le « branqueamento » répond surtout à une urgence sociale : neutraliser chez cette population à peine sortie de 4 siècles d'esclavage, toute velléité de révolte ou de vengeance. Brésil, Argentine, Colombie, Angola, Mozambique, Namibie et Afrique du sud, Martinique, Porto-Rico, le métissage a toujours servi à créer de multiples teintes, correspondant à autant de strates sociales, et permettant aux classes dominantes de désamorcer l'éternel duel Noir-Blanc.

Tout à leur fascination des teintes claires, qui affirment au sein de leur propre communauté, la suprématie des canons de beauté blancs et toutes les valeurs y attenant, les populations noires sont bien plus occupées à s'auto-dénigrer, à s'aliéner et à se battre entre-elles, qu'à se focaliser sur leurs véritables oppresseurs. Ces hiérarchies savamment instrumentalisées servaient à créer l'illusion d'une proximité, d'une blancheur accessible, d'un lien social et affectif entre maîtres et esclaves. Formant une classe intermédiaire, en quête de reconnaissance et d'élévation sociale, les Métis ont toujours servi de remparts et très souvent d'alliés aux colons blancs lors des insurrections d'esclaves. Hier déjà et aujourd'hui encore, l'idéologie du métissage fonctionne sur le principe de « la carotte et le bâton ». La carotte de l'ascension sociale et raciale, de l'élévation vers une blancheur salvatrice et le bâton d'une négritude humiliante et marginalisante.

Les plaies de l'esclavage et de la colonisation étant encore grandes ouvertes, la culture occidentale s'empresse de se parer des habits de l'humanisme et de l'universalité. Tout à coup, cette science qui a été pendant des siècles la caution de l'asservissement des peuples en leur niant toute humanité, déclare que « les races n'existent pas ». Le métissage en est la « preuve », il est le symbole de « l'amour entre les peuples », de « l'universalité », le gadget républicain d'une société qui ne veut surtout pas rendre des comptes. Et au moindre soupçon d'affirmation identitaire, de revendication communautaire, à la moindre prononciation du mot « Noir », le métissage est dégainé tous azimuts. A la question de la sous-représentation des Noirs dans les institutions politiques et médiatiques, on répond par une sur-présentation de petites têtes bouclées au teint à peine exotique dans les campagnes publicitaires.

Les publicitaires valorisent des Métis plutôt que des Noirs, car ils présentent deux avantages : Ils sont moins « noirs », (il paraît que la ménagère de moins de 50 ans est terrorisée par les Noirs), et en plus, ils mettent les marques à l'abri de toute critique de « lèse-diversité ». Comme toujours, le métissage joue parfaitement son rôle d'alibi, dans un mélange savant d'universalité neutralisante. Car si les Noirs osent contester cette sur-présentation des Métis aussi bien dans les médias généralistes que dans les médias communautaires, ils passent au mieux pour des « racistes-communautaristes-extrémistes », au pire on les accuse de vouloir « diviser le peuple Noir ». Ce qui crée des tensions intra-communautaires opposant ceux qui dénoncent ces manipulations et cette aliénation à ceux, toujours plus nombreux, qui font le choix de conjoints blancs et d'enfants à la peau claire et aux cheveux lisses. Résultats des courses de la « diversité » : Les Métis sont instrumentalisés, les Blancs s'en tirent à peu de frais, et les Noirs restent les dindons de la farce….

La recette est immuable et la rhétorique du métissage redoutable. Car, en effet, comment se rebeller contre ses oppresseurs lorsque l'enfant qui sort de ses propres entrailles porte leur couleur ? Comment affirmer la fierté d'une identité noire que l'on dilue en toute conscience ? On n'est donc toujours dérouté face aux attitudes paradoxales de tous ces Noirs qui tiennent les discours les plus extrêmes contre la domination blanche, et qui, par leurs choix de vie, se font les vecteurs de cette même domination. La plupart d'entre-eux parvient par une impressionnante dissociation mentale, à prôner, quasiment dans la même phrase, désaliénation et mixité, rejet des valeurs occidentales et métissage. En effet, la véritable force de cette propagande "métissante" vient du fait que ce sont les Noirs eux-mêmes qui en sont les principaux prophètes. « Le métissage c'est le futur », « le métissage c'est l'avenir », formules magiques répétées sans la moindre réflexion et surtout sans la moindre logique. Comment, en effet, un peuple peut-il voir son avenir dans sa propre dilution ? Cette rhétorique proche de la schizophrénie est pourtant notre lot quotidien et devrait susciter bien des interrogations quant à l'ampleur de notre aliénation.

Pour beaucoup, le scepticisme est donc de rigueur concernant la crédibilité et l'engagement de certains « Frères » qui, dreadlocks au vent et "Nation nègres et cultures" sous le bras, n'ont que les discours de Malcolm X et de Bob Marley à la bouche, mais préfèrent les blondes… Le plus drôle étant, bien entendu, qu'ils n'y voient aucune contradiction… Ce qui est sûr, c'est que cette méfiance d'une part, et ce besoin d'imposer ses choix de vies aussi paradoxales qu'ils soient de l'autre, ne favorisent pas la cohésion communautaire. Et d'ailleurs, rien dans notre éducation ne la favorise en réalité. Prenons un exemple contemporain : Aujourd'hui les discriminations à l'embauche ralentissent et limitent l'élévation sociale et économique de la population immigrée, en particulier noire. Au lieu d'inciter sa progéniture à se rebeller intelligemment contre cet état de fait, certains parents favorisent la carte « mariage mixte », comme ascenseur social. Ainsi, même l'espoir de progrès passe par une étape de blanchiment, à l'endroit ou la fierté identitaire devrait être le principal moteur.

Qui a jamais entendu un Japonais vanter le métissage ? Qui songerait à dire à un traiteur chinois de proposer des macaronis ou du cassoulet dans ses menus, histoire d'être plus « ouvert » ? Qui ne s'extasie pas devant l'ancestralité préservée de la culturelle indienne ? En France, au nom du "métissage des cultures", les compagnies de danse contemporaines ont obligé des troupes de Hip-Hop à danser en tutu et ballerines, en costume à paillettes de Wonder-woman, pour obtenir des subventions. Qui pourrait commettre le sacrilège de demander à Marie-France Pietragala de danse en boubou sur du raï ? Personne. Car le communautarisme et la spécificité culturelle sont des caractéristiques naturelles, voir admirables lorsqu'elles sont véhiculées par d'autres peuples, mais en aucun cas lorsqu'elles sont prônées par les Noirs. L'injonction au métissage dans la publicité, le marketing, les médias, etc. s'adresse presque exclusivement à ces derniers. Et ça, c'est parce que le contentieux historique qui lie Noirs et Blancs est bien plus oppressant du fait de sa violence, de sa proximité historique et surtout de sa continuité. Toute volonté d'union et de communautarisme est donc perçue comme une menace. Une menace bien facile à neutraliser du fait de la fragilité économique, politique, culturelle et morale des populations noires.

Il est donc impératif de leur imposer des valeurs et des représentations qu'elles n'auront pas les moyens de contester. Leur acceptation dans la société va donc être conditionnée par leur allégeance aux classes dominantes. Et cette allégeance passe par l'assimilation, la mixité et le métissage. Pour reprendre le titre d'un article de l'express* sur la question, c'est : « l'intégration par l'amour »…Que ce soit dans la publicité, les médias, le cinéma et les valeurs de République en général, un Noir n'est représenté de manière positive que dans un rapport de dépendance et de fascination, dans une relation amoureuse, amicale ou fraternelle avec un Blanc ( à ne surtout pas manqué sur France 3, « les Mariés de l'île bourbon », un must du genre…). Alors qu'à contrario toute représentation de Noirs « entre eux » est systématiquement négative (mariages forcés, excision, ghettos, gangs et trafics en tout genre). La seule fois où un couple noir a fait l'objet d'une campagne médiatique dans la presse et à la télévision française, c'était pour une campagne… contre le Sida… Alors que le couple mixte est toujours valorisé, on admire la tolérance, le courage, la modernité de ceux qui osent braver tous les préjugés, et puis c'est tellement beau le métissage… Le message à peine subliminal qui s'en dégage est que : « pour exister, tu dois pactiser ».

L'universalité est une notion louable en soi, mais elle ne doit pas être un leurre, qui occulte le déséquilibre, la domination et l'écrasement d'une identité au profit d'une autre. Tant que les relations entre Noirs et Blancs seront socialement, économiquement et symboliquement inégales, le métissage ne sera autre chose que l'expression de notre reddition, de notre soumission et de notre aliénation, car il en est un des instruments les plus efficaces. Mais avant de le penser en terme de Bien ou de Mal et de se lancer dans une confrontation manichéenne où les accusations de racisme et d'intolérance ne manqueront pas, il serait peut-être temps de se poser les vraies questions. Puisque nous aimons à nous répéter que « Le métissage c'est tellement beau », que « Le métissage est une richesse », que « Le métissage c'est l'avenir », il serait peut-être temps de se demander : Le métissage c'est tellement beau par rapport à quoi ? Par rapport à qui ? Le métissage est une richesse pour qui ? Le métissage est l'avenir de qui ?

Avec l'apologie de métissage, la culture occidentale est passée de l'assimilation de l'autre par la violence à son assimilation par "l'amour". Ce qui la rend encore plus efficace, car on peut se révolter contre la violence, mais on ne peut pas se méfier d'un sentiment aussi noble que "l'amouuuuur"…. Dans les deux cas de figure, le résultat est le même, une assimilation reste une assimilation. L'identité « noire » est malade de plus 5 siècles de domination, et on ne veut surtout pas lui laisser le temps de reprendre ses esprits et encore moins de guérir. Mais elle-même ne semble pas vouloir prendre ses médicaments, pire, elle semble prête à creuser sa propre tombe…

- Fig. 4 Cette toile du peintre brésilien Modesto Brocos y Gomes date de 1895 et illustre le processus du Branqueamento, alors en cours au Brésil. L'oeuvre s'intitule : "A redenção de Can" ou "la rédemption de la canne", ( en référence à l'esclavage dans les plantations de sucre). Elle montre une famille dont la grand-mère noire, ex-esclave, remercie le ciel d'avoir "blanchi" sa descendance en à peine deux générations. En effet, sa fille au centre est une Mulata ou Mulâtresse, dont l'époux , à droite, est un immigrée italien, et leur fille, qui se trouve dans les bras de sa mère, est blanche.

- * Article de l'express : L'intégration par l'amour

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