La victoire de Barack Obama influe sur les médias

Amaury de Rochegonde

Au lendemain de l’élection du nouveau président, les grands quotidiens américains ont été contraints de réimprimer en catastrophe leur édition consacrée à la victoire pour faire face à un afflux de lecteurs, tous désireux d’avoir leur exemplaire. Le Chicago Tribune, par exemple, où se pressait une foule d’acheteurs de l’édition spéciale du jour, a dû être réimprimé à 120 000 exemplaires. Quant au New York Times, qui a sorti lui aussi une réimpression de 75 000 copies, il était introuvable dans l’après-midi si bien qu’un petit malin a eu l’idée de proposer son exemplaire à 199 dollars sur le site eBay.

A l’ère du numérique et de l’immatérialité, c’est un peu comme si chacun éprouvait le besoin de toucher du doigt de façon tangible cette victoire qui passait encore pour un rêve inaccessible. C’est vrai aussi qu’un événement historique et symbolique se prête au désir de conservation qui est associé au papier.

Pour autant, l’élection de Barack Obama marque surtout l’avènement total de l’internet participatif. On sait que c’est en recrutant l’un des fondateurs de Facebook, Chris Hugues, que le candidat a fait une bonne partie de sa campagne : c’est grâce à internet, et plus spécialement grâce aux réseaux sociaux que les jeunes générations se sont massivement mobilisées autour de lui. Ses partisans ont d’abord été d’habiles diffuseurs de buzz sur la toile, comme s’il s’agissait d’une marque challenger. Puis, les internautes se sont littéralement emparés de la campagne en créant leurs cercles d’amis militants à partir de sites dédiés où l’on pouvait télécharger un formulaire d’inscription sur les listes électorales.

Mais, le plus innovant, c’est sans doute le concours des internautes au financement de la campagne à travers une multitude de petits dons en ligne qui, mis bout à bout, représente près de la moitié des 600 millions de dollars de l’argent collecté par Obama. On ne s’étonnera donc pas de constater que c’est encore internet qui s’est imposé comme un média de masse à côté de la télévision. Pour preuve, le site de CNN a atteint le chiffre record de 30 millions de visiteurs uniques le jour des élections alors que CNN réalisait son meilleur score depuis 28 ans avec plus de 13 millions de téléspectateurs. Cela a permis a la chaîne de s’imposer face à ses concurrents avec une correspondante de la chaîne à Chicago dont l’hologramme s’est retrouvée sur le plateau, à New York. On n’était pas sur internet mais quand même bien dans le virtuel. Il vaut mieux sans doute pour CNN qui a été critiqué pour son soutien, bien réel, à l’invasion de l’Irak.

par Amaury de Rochegonde

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