jeudi 22 septembre 2011
Emprisonné depuis vingt-deux ans en Géorgie, dans le sud-est des Etats-Unis, Troy Davis a été exécuté par injection létale le 21 septembre 2011. Cet Afro-américain des quartiers pauvres de Savannah, condamné pour le meurtre d’un policier blanc en 1989, n’a jamais cessé de clamer son innocence, et ses avocats de pointer les faiblesses de l’accusation : l’arme du crime n’a pas été retrouvée ; aucune empreinte digitale ou ADN n’a été relevée ; sept des neufs témoins sont revenus sur leur déclaration, certains désignant même un autre tireur. Mais Troy Davis « avait la mauvaise couleur de peau, au mauvais endroit, au mauvais moment, avec le mauvais compte en banque et la mauvaise équipe d’avocats », comme l’écrit Dave Zirin, journaliste à l’hebdomadaireThe Nation.
Malgré le soutien de nombreuses personnalités et associations humanitaires et religieuses, qui ont fait de cette affaire le symbole de la lutte contre la peine de mort et du racisme du système pénal américain, les recours en grâce déposés par ses avocats ont été rejetés. M. Barack Obama — qui n’avait pas les moyens légaux de s’opposer à la sentence — est resté, comme à son habitude sur ce sujet, très silencieux, tandis que le gouverneur du Texas James Richard Perry (234 exécutions depuis sa prise de fonction), l’un des principaux prétendants à l’investiture républicaine, a réaffirmé sa confiance dans le système judiciaire du pays.
Troy Davis est le 52e mis à mort en Géorgie depuis le rétablissement de la peine capitale en 1976, la 4e en 2011. En trente-cinq ans, 1 268 personnes ont été exécutées aux Etats-Unis. Seuls la Chine, l’Iran, l’Irak et l’Arabie Saoudite ont fait pire.
Dans « Le Monde diplomatique » :
- « Les lents progrès du mouvement abolitionniste »
par Philippe Rekacewicz, Visions cartographiques, 10 mars 2011.
Le 10 mars 2011, l’Etat de l’Illinois, aux Etats-Unis, a officiellement aboli la peine de mort et commué en détention à vie la condamnation à la peine capitale de quinze prisonniers. Il devient le seizième Etat abolitionniste après le Nouveau Mexique (2009).
- « Aux Etats-Unis, une double peine pour les délinquants sexuels »
par Jérémie Droy, mars 2010.L’enfermement est à la mode. Pour les malades mentaux ou les délinquants ordinaires, c’est en tout cas une option répandue, tant aux Etats-Unis qu’en Europe. L’idéal de réhabilitation a presque partout laissé place à la mise à l’écart pure et simple.
- « Pas de nouveau procès pour Mumia Abu-Jamal »
par Marie-Agnès Combesque, La valise diplomatique, 31 mars 2008.
La décision rendue par la Cour d’appel du troisième circuit de Pennsylvanie ne met pas un terme à la campagne internationale pour sauver Mumia Abu-Jamal.
- « Répression des mineurs : le contre-exemple américain »
La valise diplomatique, 16 juillet 2007.
Au cours des dernières décennies, les Etats-Unis ont jugé un nombre croissant de mineurs comme des adultes, en les enfermant dans les mêmes prisons que ces derniers. Et il est établi que les mineurs noirs ont davantage de « chances » d’être jugés et condamnés.
- « Les contes de Mumia Abu-Jamal »
(M.-A. C.), novembre 2006.
Compte rendu de deux livres récents de Mumia Abu-Jamal, En direct du couloir de la mort et We want freedom— mémoire de maîtrise consacré aux Panthères noires (voir aussi la première recension de ce livre par Schofield Coryell, en octobre 2004).
- « Dans les couloirs de la mort »
par Marina Da Silva, décembre 2005.Incarcéré au Texas à 17 ans, en 1995, puis condamné à mort pour un crime qu’il n’a pas commis, Nanon McKewn Williams a vu sa peine commuée en prison à vie après l’abolition par la Cour suprême des Etats-Unis, le 1er mars 2005, de la peine capitale pour les mineurs au moment des faits. Il revient sur ses dix années passées dans les couloirs de la mort dans son livre, Tenir debout.
- « Les Etats-Unis malades de leurs prisons »
par Megan Comfort, juin 2003.On compte, aux Etats-Unis, près de deux millions de personnes incarcérées — 700 détenus pour 100 000 habitants. Mais cet emprisonnement de masse des pauvres pose plus de problèmes qu’il n’en résout.
- « Sauver Mumia Abu-Jamal »
(M.-A. C.), La valise diplomatique, 27 octobre 1999.
Thomas Ridge, gouverneur de l’Etat de Pennsylvanie, vient de signer un nouvel ordre d’exécution. Si la personnalité du condamné est exceptionnelle, de nombreux procès n’ont, comme le sien, que les apparences de la légalité, et la peine de mort ne fait guère plus débat dans la vie politique américaine.
- « Comment le FBI a liquidé les Panthères noires » et « Un lynchage judiciaire »
(M.-A. C.), août 1995.
Mumia Abu-Jamal devait être exécuté le 17 août 1995 ; il obtint un sursis six jours avant cette date. L’affaire incite aussi à s’interroger sur les procédés employés par les autorités du pays, de 1968 à aujourd’hui, pour liquider les mouvements révolutionnaires américains et leurs militants.Dans notre DVD-ROM d’archives (1968-2010) :
- « Mortelles surenchères électorales aux Etats-Unis »
par Serge Halimi, juillet 1990.
L’Amérique « plus douce et plus tendre » de M. George H. Bush est aussi celle du retour de la peine capitale. Jamais elle n’a été aussi populaire, au point que les hommes politiques en ont fait l’un des thèmes favoris de leurs surenchères électorales.Toujours disponible :
« Demain, l’Amérique... », Manière de voirnº 101, octobre-novembre 2008.
Embourbée dans deux conflits simultanés et confrontée à une crise majeure de l’immobilier et du système financier, l’Amérique réapprendrait l’humilité ?
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