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Thursday, September 08, 2011

Jacques Chirac, celui qui aura érigé la trahison en éthique politique



Le procès des emplois présumés fictifs de la Ville de Paris a commencé lundi sans son principal prévenu, Jacques Chirac, dispensé d'audiences en raison de son état de santé. Pour Périco Légasse, c'est l'occasion de tirer le bilan d'un personnage qui aura institué la trahison en politique....


Clin d’œil du destin que cette anosognosie de l’ancien président de la République à l’heure de comparaître devant ses juges. Il aurait été cité devant le tribunal de l’histoire qu’une bonne dose de vraie amnésie ne lui aurait pas fait plus de mal. Laissons aux politologues assermentés de la Chiraquie le soin de dresser l’homélie funèbre d’un personnage dont la mort mentale ne fait plus de doute. D’apologies en anathèmes sur celui qui rythma quarante années durant la vie de la République Française avec ses atermoiements, les experts sauront bien conclure qui fut le vrai Chirac. Finalement sauvé de façon assez inattendue par l’hôte actuel de l’Elysée dont le bilan, prouesse parmi les records, pourrait être encore plus calamiteux que celui de son prédécesseur, celui qui fut douze années durant le chef de l’Etat aura marqué beaucoup plus profondément qu’on ne le pense la glaise dans laquelle est inscrit le processus psychologique conduisant au pouvoir suprême.


Une des caractéristiques notoires de Jacques Chirac, c’est d’avoir su trahir. Des trahisons multiples et fulgurantes ayant donné de l’homme public une image de tueur mécanique et impavide, l’analyse politique a retenu le mythe d’un étalon fougueux broyant tout sur son passage pour satisfaire un destin grandiose au service de la France. Une lecture en ayant fasciné plus d’un et ayant valu à l’intéressé certaines indulgences, parfois admiratives, du fait que ces trahisons, paraît-il, intervenaient toujours au nom de l’intérêt supérieur du pays. Des générations de militants UDR, RPR puis UMP virent dans cette dextérité à poignarder ses amis le signe d’une puissance d’âme digne de la virilité avec laquelle la France aime à être gouvernée. Même ses opposants ont vu dans l’art de dégommer l’allié d’hier une dimension de génie visionnaire. Chirac trahissait à bon escient. Pour la France.


Au crépuscule d’un parcours assez cossu et parsemé de gloriettes, le verdict de la morale finale pourrait être tout autre. Non seulement les trahisons de Chirac furent viles et lâches, mais leur retentissement ont généré un style assez vite homologué par la classe politique française.


La spectaculaire trahison ourdie contre Jacques Chaban-Delmas, en pleine campagne présidentielle de 1974, au cours de laquelle Chirac lâcha le candidat officiel du gaullisme pour se rallier à Valéry Giscard d’Estaing avec 43 parlementaires de l’UDR, ne fut en rien guidée par le devoir de sauver une droite menacée par une gauche rassemblée derrière François Mitterrand. Elle obéissait à un simple désir de vengeance des deux mentors d’alors du député de la Corrèze, Pierre Juillet et Marie-France Garaud, qui s’étaient juré de faire la peau de celui qui avait osé leur tenir tête quand ils étaient les conseillers particuliers du président Pompidou à l’Elysée. L’opération fut un succès et, en reconnaissance, Giscard nomma Chirac à Matignon.


La deuxième méga-trahison intervint au printemps 1981 quand Jacques Chirac retourna la machine RPR, dont il était devenu le maître par un tour de force, contre Valéry Giscard d’Estaing. Du dîner secret avec François Mitterrand organisé par Edith Cresson à la veille de l’élection présidentielle découla la célèbre formule « Je laisse mes électeurs du premier tour décider selon leur conscience, je ne puis, pour ma part, que voter pour Valéry Giscard d’Estaing ». Le code était passé et la formule permit à la gauche de l’emporter. On se gaussa de la performance. Décidément, Chirac était un tueur d’Etat, un matador national. Faire voter contre son propre camp, sans aucune divergence idéologique de fonds, pour assouvir une vengeance personnelle, ce n’est peut-être pas exactement ce que le général de Gaulle aurait prôné à ses troupes, mais passons. La haute figure du gaullisme était désormais incarnée par un spécialiste du stylet. On pourrait s’en tenir à cette simple conclusion et clore le constat, mais on ne peut écarter que cette pratique, érigée en éthique, allait vite devenir le comble du chic pour prouver que l’on était forgé dans le même acier. Non pas celui du fier canon, mais de la perfide lame. Toute la vie politique française allait désormais être régentée par le protocole de la trahison. Trahir c’est gagner, aurait-on pu lire dans certains traités électoraux.


Chaque parti comptait désormais dans ses rangs celui qui porterait haut et fort la bannière de la félonie. Ce qui était montré du doigt jusqu’alors devenait soudainement la marque d’une grande intelligence stratégique. Quelle belle trahison, quelle classe ! Chirac l’apprit à ses dépends avec Edouard Balladur, «son ami de trente ans », qui n’hésita pas à présenter sa candidature contre le maire de Paris à l’élection présidentielle de 1995 bien qu’ayant solennellement juré qu’il ne le ferait pas. Il fut d’ailleurs suivi par la garde intime et rapprochée de Jacques Chirac au travers de Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy, qui n’hésitèrent pas à lâcher leur mentor au milieu du gué pour se rallier à celui que les sondages avaient scientifiquement installé à l’Elysée. La tactique devenait pratique, voire méthode pragmatique. Même la gauche ne fut pas épargnée, puisque François Mitterrand ne se priva pas de lancer un Bernard Tapie dans les pattes de Michel Rocard, pourtant tête de liste du Parti Socialistes aux élections européennes de 1994, pour lui faire mordre honteusement la poussière (14,49%). On ne saura jamais pour qui le vieux président malade opta l’année suivante entre Jospin et Chirac, mais il dissimula peu les marques d’estime apportées en public à ce dernier et le peu d’affection qu’il montrait à son successeur à la tête du PS. Il faut dire que le parcours du député de la Nièvre n’avait rien d’un serment prêté.


Ce fut ensuite une longue litanie de trahisons diverses et variées à l’intérieur de tous les partis. On fera sans doute remarquer qu’elles ont toujours existé dans cet univers-là, à ceci près qu’elle n’apparaissaient pas au grand jour comme un signe de talent. L’appareil du PS savonna autant qu’il put la candidature de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007. Plutôt Sarko que la quiche du Poitou. Et François Hollande ne fut pas en reste dans le lessivage de planche. Les querelles internes au Parti Socialiste n’opposent d’ailleurs plus les Fauristes aux Blumistes (1938), ni le courant A au courant C, mais Fabius à Strauss-Kahn, puis Valls à Montebourg et Aubry à Hollande, tous les coups étant permis pourvu que le meilleur perde. C’est tout juste si la loyauté ne devient pas ringarde et la fidélité une forme de veulerie réservée aux débiles. Jean-Louis Debré et Brice Hortefeux en savent quelque chose, Pierre Bérégovoy et François de Grossouvre les ont prises trop à cœur.


L’aura de Jacques Chirac fut tel que cette forme de comportement indiquait une largesse d’esprit, une capacité d’adaptation salutaire, une plasticité prouvant l’émancipation du traître vis à vis des clichés. La Ve République prit peu à peu l’habitude de voir le relaps récompensé.


Autant un leader de droite, Jean-Pierre Soisson, intégra-t-il un gouvernement «d’ouverture » suggéré par François Mitterrand en 1988, pour revenir à ses anciennes amours aux élections suivantes, quitte à accepter les voix du Front National pour obtenir la présidence de la région Bourgogne, autant Eric Besson et Bernard Kouchner passèrent-ils en quelques heures, avec armes et bagages, et sans autre consigne, du lit de Ségolène au harem de Nicolas. L’opprobre qu’ils suscitèrent fut sans commune mesure avec l’admiration inspirée aux médias du moment. « Il faut en avoir dans le calbar pour trahir avec un tel aplomb en gardant la tête si haute », aurait dit le mari de Bernie.


Autrefois, un renégat, ça se lynchait. Et bien aujourd’hui, ça se lèche.


Et si l’intelligentsia déteste le sinistre Eric Besson, ce n’est pas tant d’avoir rejoint celui qu’il fustigeait côté gauche avant de s’offrir à lui, que d’avoir tenu des propos faisant honte aux valeurs républicaines.


Tel sera le bilan philosophique de Jacques Chirac. Bilan dont on ne se souviendra pas forcément, mais qui aura conduit une partie de l’élite gouvernante à se prévaloir de la trahison pour plaire. Que voulez vous, ça fait moderne. Aucun de ceux la ne sont pour autant des salauds, ce ne sont que des enfants de Chirac. Il serait temps que la République se remette de cette déviance avant que le peuple ne lui tourne le dos. En effet, l’anosognosie n’a jamais été un bon remède pour la démocratie.
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