mercredi 14 janvier 2009
Telle que la raconte le premier ministre israélien, M. Ehud Olmert (1), l’histoire n’est pas flatteuse pour la Maison Blanche. Elle rappelle presque les diktats coloniaux. Un président qui interrompt son discours pour prendre au téléphone un premier ministre très courroucé. Le premier ministre somme le président de modifier sur le champ une décision que son pays s’apprête à prendre. Le président s’exécute, et puis reprend son discours…
Ainsi donc, apprenant que les Etats-Unis s’apprêtaient à voter la résolution du conseil de sécurité des Nations unies réclamant un cessez-le-feu immédiat à Gaza, M. Olmert aurait appelé le président George W. Bush, appris qu’il prononçait un discours, exigé qu’il l’interrompe, obtenu enfin de lui qu’il désavoue sa secrétaire d’Etat Mme Condoleezza Rice en changeant le vote américain favorable à la résolution des Nations Unies en abstention. Mme Rice fait démentir cette version, humiliante pour elle, M. Bush aussi. Sans convaincre.
Comment en effet de ne pas s’interroger sur la très grande docilité de la superpuissance américaine envers les actions et les exigences de son allié israélien. Au moment de l’incident relaté par M. Olmert, le Congrès votait d’ailleurs une résolution quasiment unanime de soutien à l’armée israélienne (2). A croire que lorsqu’il s’agit de la politique américaine au Proche-Orient, la marge de manœuvre de Tel-Aviv ne connaît aucune limite et qu’il est presque miraculeux que Washington n’ait pas voté contre la résolution de l’ONU...
Comment expliquer une telle mansuétude, un tel aveuglement ? Par les intérêts stratégiques américains dans la région, estiment les uns. Par le poids d’un lobby pro-israélien qui réunit une fraction aussi appréciable que bien organisée de la population juive américaine et nombre de fondamentalistes protestants voyant dans la supériorité d’Israël l’accomplissement d’une prophétie biblique ? Inutile de choisir entre ces deux options ; elles ne sont pas contradictoires. Aux Etats-Unis, le système politique favorise – au-delà des partis, des présidents – les desseins israéliens, quels qu’il soient. M. Olmert n’a commis qu’une maladresse en la matière : le proclamer.
(1) « Olmert Says He Made Rice Change Vote », New York Times, 12 janvier 2009.
(2) La résolution du Sénat « reconnaissant le droit d’Israël à se défendre contre les attaques venues de Gaza et réaffirmant le soutien appuyé (“strong support“) des Etats-Unis à Israël dans sa bataille contre le Hamas et soutenant le processus de pais israélo-palestinien » a été adoptée à l’unanimité. Celle de la Chambre des Représentants « reconnaissant à Israël le droit de se défendre contre les attaques venues de Gaza, réaffirmant le soutien appuyé des Etats-Unis à Israël et soutenant le processus de paix israélo-palestinien » a été adoptée par 390 voix contre 5, avec 22 abstentions.
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