L'Allemagne s'implante dans ce qui deviendra le Sud-Ouest africain allemand (Namibie) à partir de 1883. Un an plus tard, le gouvernement allemand installe un gouvernorat. Le poste est occupé par un homme que son fils rendra macabrement célèbre, le Dr Goering.*
En janvier 1904, les Héréros, une population locale que les Allemands ont confiné dans des zones tribales -comme le feront les Britanniques et les Sud-Africains par la suite dans leurs territoires-, se révoltent et tuent 123 colons allemands.
La répression est implacable. Elle est menée par le général major Lothar von Trotha qui donne l'ordre de tuer tout héréro, armé ou non, que l'on trouvera sur le territoire. Après la bataille décisive de Waterberg en août 1904, les Héréros se réfugient dans le désert du Kalahari, poursuivis par les Allemands. Ils y meurent de soif.
Selon les historiens, le massacre des Héréros constitue le premier génocide du XXe siècle. 65 000 Héréros aurait été tués entre 1904 et 1908 sur une population totale de 80 000 individus.
C'est aussi dans le Sud-Ouest africain allemand, que le gouvernement allemand a expérimenté ses techniques d'extermination massive. Internés dans les premiers camps de concentration du XXe siècle, ils y meurent par milliers en raison des conditions de vie.
Sur le plan théorique également, tout a commencé dans cette partie de l'Afrique : des crânes héréros et nama ont été envoyés en Allemagne pour que les scientifiques du Reich puissent tenter de prouver la supériorité raciale des Européens. À l'époque, Berlin était un centre important pour les études anthropologiques. Le département anthropologie et race de l'hôpital de la Charité, fondé en 1710, est le principal destinataire de ces crânes. Ce sont une partie des crânes envoyés à cette époque qui vont aujourd'hui prendre le chemin du retour.
« C'est très important pour nous. Ce que nous ressentons, c'est que ces crânes NOUS appartiennent, explique Johanna Ka-A-Jipara, l'une des 73 membres de la délégation namibienne venue les récupérer, Ce sont ceux de nos ancêtres, et nous, nous leurs appartenons, nous sommes leurs descendants... C'est un moment très solennel, un moment de grande douleur, et aussi de réflexion sur ce qui est arrivé à nos ancêtres ».
Berlin, sur les marches de l'hôpital Charité, le 30 septembre 2011. Les membres de la délégation herero et nama de Namibie observent un rituel avant de récupérer une quarantaine de crânes de leurs aïeux exterminés par les Allemands, au début du XXe siècle.
Longtemps oubliés, les crânes ont été redécouverts en 2008 par une journaliste allemande au musée historique médical de l'hôpital de la Charité de Berlin et à l'université de Fribourg. Trois années plus tard, la Namibie obtient d'en récupérer une vingtaine.
Les scientifiques allemands ont passé plusieurs mois à étudier l'origine des crânes et tenter de déterminer l'identité des personnes ou la cause de leur mort. Sans succès. En revanche, il a été possible de préciser leur origine : 11 d'entre eux sont nama et 9 sont héréro. Il s'agit de 4 femmes, 15 hommes et 1 garçon.
Les 20 crânes vont retourner ce 2 octobre 2011 à Windhoek où ils seront accueillis par une série de cérémonies.
300 autres crânes pourraient suivre.
Pour Johanna Ka-A-Jipara, ces crânes ont une valeur à la fois collective et personnelle : « Ma grand-mère a été dans un camp de concentration allemand, avec sa troisième fille. Elles m'on raconté les meurtres des allemands, le génocide... et elles m'ont parlé d'un oncle, dont le crâne est peut-être l'un de ceux qui sont ici en Allemagne ».
L'Allemagne a présenté ses excuses en 2004, et reconnu le génocide, mais refuse toujours de verser une réparation financière.
Lors de la cérémonie de remise des crânes de ce 30 septembre 2011, un groupe de manifestants a hué l'intervention de Cornelia Pieper, ministre allemande déléguée aux Affaires étrangères, réclamant des réparations et une reconnaissance plus large des crimes de l'empire colonial allemand.
Plusieurs milliers de crânes, notamment d'aborigènes d'Australie, seraient encore entreposés en Allemagne.
___________
* Hermann Goering, ministre de l'Air d'Adolf Hitler. Condamné à mort à Nüremberg en raison de son implication dans les crimes des nazis, il se suicide en prison en octobre 1946.
En janvier 1904, les Héréros, une population locale que les Allemands ont confiné dans des zones tribales -comme le feront les Britanniques et les Sud-Africains par la suite dans leurs territoires-, se révoltent et tuent 123 colons allemands.
La répression est implacable. Elle est menée par le général major Lothar von Trotha qui donne l'ordre de tuer tout héréro, armé ou non, que l'on trouvera sur le territoire. Après la bataille décisive de Waterberg en août 1904, les Héréros se réfugient dans le désert du Kalahari, poursuivis par les Allemands. Ils y meurent de soif.
Selon les historiens, le massacre des Héréros constitue le premier génocide du XXe siècle. 65 000 Héréros aurait été tués entre 1904 et 1908 sur une population totale de 80 000 individus.
Sur le plan théorique également, tout a commencé dans cette partie de l'Afrique : des crânes héréros et nama ont été envoyés en Allemagne pour que les scientifiques du Reich puissent tenter de prouver la supériorité raciale des Européens. À l'époque, Berlin était un centre important pour les études anthropologiques. Le département anthropologie et race de l'hôpital de la Charité, fondé en 1710, est le principal destinataire de ces crânes. Ce sont une partie des crânes envoyés à cette époque qui vont aujourd'hui prendre le chemin du retour.
« C'est très important pour nous. Ce que nous ressentons, c'est que ces crânes NOUS appartiennent, explique Johanna Ka-A-Jipara, l'une des 73 membres de la délégation namibienne venue les récupérer, Ce sont ceux de nos ancêtres, et nous, nous leurs appartenons, nous sommes leurs descendants... C'est un moment très solennel, un moment de grande douleur, et aussi de réflexion sur ce qui est arrivé à nos ancêtres ».
Berlin, sur les marches de l'hôpital Charité, le 30 septembre 2011. Les membres de la délégation herero et nama de Namibie observent un rituel avant de récupérer une quarantaine de crânes de leurs aïeux exterminés par les Allemands, au début du XXe siècle.
Berlin, sur les marches de l'hôpital Charité, le 30 septembre 2011. Les membres de la délégation herero et nama de Namibie observent un rituel avant de récupérer une quarantaine de crânes de leurs aïeux exterminés par les Allemands, au début du XXe siècle.
© Reuters/Tobias Scwharz |
Les scientifiques allemands ont passé plusieurs mois à étudier l'origine des crânes et tenter de déterminer l'identité des personnes ou la cause de leur mort. Sans succès. En revanche, il a été possible de préciser leur origine : 11 d'entre eux sont nama et 9 sont héréro. Il s'agit de 4 femmes, 15 hommes et 1 garçon.
Les 20 crânes vont retourner ce 2 octobre 2011 à Windhoek où ils seront accueillis par une série de cérémonies.
300 autres crânes pourraient suivre.
Pour Johanna Ka-A-Jipara, ces crânes ont une valeur à la fois collective et personnelle : « Ma grand-mère a été dans un camp de concentration allemand, avec sa troisième fille. Elles m'on raconté les meurtres des allemands, le génocide... et elles m'ont parlé d'un oncle, dont le crâne est peut-être l'un de ceux qui sont ici en Allemagne ».
L'Allemagne a présenté ses excuses en 2004, et reconnu le génocide, mais refuse toujours de verser une réparation financière.
Lors de la cérémonie de remise des crânes de ce 30 septembre 2011, un groupe de manifestants a hué l'intervention de Cornelia Pieper, ministre allemande déléguée aux Affaires étrangères, réclamant des réparations et une reconnaissance plus large des crimes de l'empire colonial allemand.
Plusieurs milliers de crânes, notamment d'aborigènes d'Australie, seraient encore entreposés en Allemagne.
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* Hermann Goering, ministre de l'Air d'Adolf Hitler. Condamné à mort à Nüremberg en raison de son implication dans les crimes des nazis, il se suicide en prison en octobre 1946.
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