Alors qu'en décembre le gouvernement avait suspendu pour trois mois l'obligation pour EDF de racheter l'énergie solaire produite par les PME de la filière, la plupart d'entre elles - sinistrées - sont déjà tombées dans l'escarcelle de grands groupes. Une concentration savamment orchestrée par l'Etat, dénonce Philippe de Tilbourg.
Le plus gros casse du XXe siècle pour ce qui regarde le bradage des intérêts publics au profit du secteur privé a été celui des autoroutes, effectué sous la présidence Chirac.
Le record du XXIe siècle dans le domaine du gachis industriel pourrait bien, lui, revenir à Nicolas Sarkozy avec la récente manoeuvre orchestrée depuis l’Élysée pour provoquer un phénomène de concentration dans le secteur de l'énergie verte.
Contrairement à ce que déclare candidement Cécile Duflot, le mouvement n'a nullement pour but de protéger l'électricité nucléaire : le prix de revient réel de l'électricité nucléaire est de toute éternité prohibitif et ne doit son emploi qu'à une volonté technocratique et politique. L'électricité verte ne joue pas dans la même catégorie. Le but de ce moratoire où l'Etat revient sur sa parole a des motivations bien plus compliquées et bien moins avouables.
L'histoire commence en 2000 : EDF a raté le virage vers les technologies propres ; un peu à la manière de France Telecom qui avait confondu le net avec une mode éphémère et travaillait encore sur un minitel couleurs (sic) en 1998...
Surgit alors un personnage providentiel pour EDF : Pâris Mouratoglou qui a créé sa société d'investissement dans l'énergie, en 1990. Seize ans plus tard, après avoir installé des éoliennes jusqu'aux États-unis, ce polytechnicien d'origine grecque pointe à la 58e place dans la liste des plus grandes fortunes de France établie par le magazine Challenges. Son patrimoine est évalué à 683 millions d'euros.
Il propose à l'opérateur historique de devenir son représentant sur les technologies « propres » ; cotée en Bourse, son entreprise prend alors le nom de EDF-Energies nouvelles ; mais si Mouratoglou dirige toujours la société, il n'en détient plus que 25%. Le vrai patron est le géant français de l'électricité nucléaire, entré amicalement au capital en actionnaire majoritaire. Tour à tour, la plupart des PME de l'énergie verte sont tombées dans l'escarcelle des grands groupes.
Mais ce n'est pas encore assez et l'Etat va passer à la vitesse supérieure selon un plan en quatre actes :
1- l'Etat annonce en 2006, sous le gouvernement Villepin, un tarif de rachat de l'électricité verte très attractif qui pousse nombre de sociétés et de collectivités à monter des projets photo-voltaïques
2- toujours avec la complicité de l'Etat, ce tarif de rachat est gelé (moratoire) en trois temps (2010/2011) au moment où les projets entrent pour la plupart dans leur phase de réalisation ;
3- la plupart des projets des communes, des collectivité ou des départements s'effondrent, entraînant dans leur chute les entreprises qui les avait élaboré en investissant des mois d'études ;
4- Il ne reste plus qu'aux grands groupes à racheter à bas prix les jeunes pousses mortellement blessées par ce coup de Jarnac.
Il n'aura d'ailleurs pas fallu attendre longtemps les effets du décret du 01 septembre 2010 annonçant une baisse de 12% des tarifs de rachat de l'électricité d'origine photovoltaïque : le 13 septembre 2010, 3 sociétés du secteur déposaient leur bilan.
La France championne des fusions-acquisitions dans les "cleantech" se réjouit naïvement (?) La Tribune du 15/0711 : « Le baromètre GreenUnivers-La Tribune du 2ème trimestre 2011 recense 67 fusions-acquisitions d'importance, pour un montant de 8,2 milliards d'euros. Au deuxième trimestre 2010, on recensait 120 deals majeurs pour 4,9 milliards d'euros. »
Quant à Pâris Mouratoglou il revend ses 25% avec une confortable plus-value en mars 2011 ; mission accomplie : la filière est sinistrée mais la bande du Fouquet's va pouvoir s'en mettre plein les poches dès le moratoire levé.
Elle est pas belle la vie ?
Philippe de Tilbourg, Consultant politique en technologies de l'information et de la communication
Le record du XXIe siècle dans le domaine du gachis industriel pourrait bien, lui, revenir à Nicolas Sarkozy avec la récente manoeuvre orchestrée depuis l’Élysée pour provoquer un phénomène de concentration dans le secteur de l'énergie verte.
Contrairement à ce que déclare candidement Cécile Duflot, le mouvement n'a nullement pour but de protéger l'électricité nucléaire : le prix de revient réel de l'électricité nucléaire est de toute éternité prohibitif et ne doit son emploi qu'à une volonté technocratique et politique. L'électricité verte ne joue pas dans la même catégorie. Le but de ce moratoire où l'Etat revient sur sa parole a des motivations bien plus compliquées et bien moins avouables.
L'histoire commence en 2000 : EDF a raté le virage vers les technologies propres ; un peu à la manière de France Telecom qui avait confondu le net avec une mode éphémère et travaillait encore sur un minitel couleurs (sic) en 1998...
Surgit alors un personnage providentiel pour EDF : Pâris Mouratoglou qui a créé sa société d'investissement dans l'énergie, en 1990. Seize ans plus tard, après avoir installé des éoliennes jusqu'aux États-unis, ce polytechnicien d'origine grecque pointe à la 58e place dans la liste des plus grandes fortunes de France établie par le magazine Challenges. Son patrimoine est évalué à 683 millions d'euros.
Il propose à l'opérateur historique de devenir son représentant sur les technologies « propres » ; cotée en Bourse, son entreprise prend alors le nom de EDF-Energies nouvelles ; mais si Mouratoglou dirige toujours la société, il n'en détient plus que 25%. Le vrai patron est le géant français de l'électricité nucléaire, entré amicalement au capital en actionnaire majoritaire. Tour à tour, la plupart des PME de l'énergie verte sont tombées dans l'escarcelle des grands groupes.
Mais ce n'est pas encore assez et l'Etat va passer à la vitesse supérieure selon un plan en quatre actes :
1- l'Etat annonce en 2006, sous le gouvernement Villepin, un tarif de rachat de l'électricité verte très attractif qui pousse nombre de sociétés et de collectivités à monter des projets photo-voltaïques
2- toujours avec la complicité de l'Etat, ce tarif de rachat est gelé (moratoire) en trois temps (2010/2011) au moment où les projets entrent pour la plupart dans leur phase de réalisation ;
3- la plupart des projets des communes, des collectivité ou des départements s'effondrent, entraînant dans leur chute les entreprises qui les avait élaboré en investissant des mois d'études ;
4- Il ne reste plus qu'aux grands groupes à racheter à bas prix les jeunes pousses mortellement blessées par ce coup de Jarnac.
Il n'aura d'ailleurs pas fallu attendre longtemps les effets du décret du 01 septembre 2010 annonçant une baisse de 12% des tarifs de rachat de l'électricité d'origine photovoltaïque : le 13 septembre 2010, 3 sociétés du secteur déposaient leur bilan.
La France championne des fusions-acquisitions dans les "cleantech" se réjouit naïvement (?) La Tribune du 15/0711 : « Le baromètre GreenUnivers-La Tribune du 2ème trimestre 2011 recense 67 fusions-acquisitions d'importance, pour un montant de 8,2 milliards d'euros. Au deuxième trimestre 2010, on recensait 120 deals majeurs pour 4,9 milliards d'euros. »
Quant à Pâris Mouratoglou il revend ses 25% avec une confortable plus-value en mars 2011 ; mission accomplie : la filière est sinistrée mais la bande du Fouquet's va pouvoir s'en mettre plein les poches dès le moratoire levé.
Elle est pas belle la vie ?
Philippe de Tilbourg, Consultant politique en technologies de l'information et de la communication
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