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Friday, May 09, 2008

Obama rattrapé par le spectre de King

Obama rattrapé par le spectre de King, par Sylvie Laurent
LE MONDE | 08.05.08 | 13h36 • Mis à jour le 08.05.08 | 13h36


L'embarras de Barack Obama face aux propos incendiaires de son mentor, pasteur et ami Jeremiah Wright, tient moins à la prétendue surprise du disciple devant le radicalisme "soudain" du maître qu'à la révélation de ses propres contradictions. En le répudiant in extremis, Barack Obama abandonne une "parole afro-américaine" dont il avait jusqu'alors prétendu être l'interprète.

La colère venimeuse de Jeremiah Wright contre l'Amérique blanche est, en effet, la version outrancière d'un topo de l'Eglise noire et de ses prêches enflammés. Elle est au coeur de la Black Liberation Theology, née dans le sillage de Martin Luther King et de Malcolm X, qui, outre le christianisme social, appelle au renouveau de la fierté noire. Le révérend Wright a d'ailleurs emprunté au sujet du 11-Septembre les mots mêmes de Malcolm X au lendemain de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy : "America's chickens are coming home to roost" (Qui sème le vent récolte la tempête).

Ses propos sont donc aussi l'expression d'un Black dissent, dissidence politique fondée sur une conviction partagée par bien des Noirs, opprimés de Chicago ou bourgeois d'Atlanta : l'Amérique est viscéralement raciste. Le thème du complot blanc destiné à perdre la communauté afro-américaine était ainsi récurrent dans la bouche de Malcolm X puis de Louis Farrakhan. Mais il faudrait se garder de croire que seuls les militants extrémistes du Black Power honnissent la nation.

Professeur à Georgetown, Michael Eric Dyson rappelle dans son ouvrage April 4, 1968 (Basic Civitas Books, New York, 2008) que quarante ans après l'assassinat du pasteur Martin Luther King, on a opportunément oublié la violence de son discours et la culture de la dissidence dans laquelle il s'est inscrit.

Or Barack Obama, qui a constellé sa campagne de références au père des droits civiques, a choisi de se réclamer de cette image édulcorée d'un King domestiqué : celui de "I have a dream", l'homme de l'amour du Blanc, du pacifisme moral et de l'unité nationale. Lors d'une cérémonie en mémoire de Martin Luther King en novembre 2007, Barack Obama rendit ainsi hommage à "l'homme appelé par Dieu", "dévoué aux autres" qui "aima son prochain malgré tout".

UNE "NATION MALADE"

Par la voix rancunière de son pasteur, le candidat démocrate se trouve brutalement confronté à l'autre vérité du message de King, qui confiait en 1967 : "Je suis désolé d'avoir à dire que la grande majorité de l'Amérique blanche est raciste, consciemment ou non" et s'interrogeait, un an plus tard, sur l'intérêt pour les Noirs de célébrer le bicentenaire de la naissance de la nation, la Déclaration d'indépendance ne signifiant rien à ses yeux pour "son peuple" opprimé.

Dès ses années de jeunesse, le pasteur de l'Alabama met en cause une "nation malade" dont les trois vices "diaboliques" sont liés : le racisme, l'exploitation économique des pauvres et l'impérialisme. Lecteur critique de Henry David Thoreau et de Marx, il affirmait qu'on ne débarrasserait pas l'Amérique de l'un de ces trois fléaux sans éradiquer les deux autres.

Comme Jeremiah Wright, Martin Luther King maudissait l'Amérique militariste et belliqueuse qui, "née d'un génocide", lui faisait honte au Vietnam. Il conspuait un pays fondé sur un système capitaliste pernicieux et rêvait tout haut à une social-démocratie à la suédoise. Accusé d'antiaméricanisme et de communisme, de trahison et d'extrémisme, méprisé des Blancs et décrédibilisé par les factions noires les plus violentes, il savait dès 1964 que les droits civiques n'étaient qu'une "amélioration de façade" tant que les Noirs seraient maintenus dans la pauvreté.

Dans son essai A Testament of Hope, Martin Luther King affirme que les Africains-Américains n'obtiendront justice que si le modèle de société est radicalement changé. Dans The Audacity of Hope, dont il a pourtant emprunté le titre à son pasteur, le sénateur Obama célèbre la toute-puissance du modèle américain et les bienfaits de son capitalisme. Il affirma même en mars 2007 que "90 % du chemin vers l'égalité raciale" auraient été parcourus. Son irénisme a figé de nombreux auditeurs.

En faisant sien l'héritage du révérend Martin Luther King, Barack Obama a cru être consensuel auprès des Blancs et intègre auprès des Noirs. Mais il a oublié la colère révolutionnaire du martyr de Memphis dont celle du révérend Wright est le médiocre écho.
Sylvie Laurent enseigne l'histoire des Africains-Américains à Sciences Po.

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