A quoi sert un comité de soutien français à Obama?
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Par Guillemette Faure | Rue89 | 22/04/2008 | 16H47
BHL, Jack Lang, Sonia Rykiel, Pierre Bergé… Du beau linge au comité français de soutien à Barack Obama. Mais dans quel but?
Partisans d'Obama à Durham en mai 2007 (Brian Snyder/Reuters).
BHL, Jack Lang, Sonia Rykiel, Pierre Bergé… Il y a du beau linge au "comité d’honneur" du comité français de soutien à Barack Obama. Dans quel objectif exactement? Gagner les délégués des primaires de la gauche parisienne? Ou pensent-ils sérieusement que leur opinion va peser dans l’élection américaine?
Le comité français en question, c’est surtout une personne, un étudiant en école de commerce de 22 ans. Samuel Solvit a monté un site Internet, arrose les médias de communiqués comme s’ils pouvaient faire basculer le vote de Pennsylvanie.
Outre les noms déjà cités, sa liste comprend aussi, attention l'orthographe, "Frédéric Mittérand", le politologue Olivier Duhamel, le maire de Paris Bertrand Delanoë, le député Charles de Courson…
Un message en France
Ces obamaniaques français ne s'attendent pas à avoir la moindre influence sur la campagne américaine. "Je ne ne suis pas naïf quand même", insiste l’homme d’affaires de gauche Pierre Bergé, mais c’est une "manière d’afficher des convictions". Il soutient "quelqu’un de nouveau qui a un discours nouveau" contre "l’establishment" des Clinton et de "ce que l’on entend depuis des années". Jack Lang dit voir en Obama un homme qui "incarne un idéal qui transcende tous les clivages" et espère que ce qu’il représente "aura une influence chez nous". Olivier Duhamel estime que la candidature, voire l’élection d’un noir à la Maison-Blanche sont des événements "d’une telle portée historique qu’on a envie de s’y associer et de soutenir". Il en attend un peu de "réflexion du monde politique français et des élites françaises sur le retard considérable dans la diversité".
Que l’on se passionne en France pour ces primaires démocrates américaines n’a rien de très surprenant. Ces élections ont bien plus d’écho hors des Etats-Unis que les précédentes, note Chip Seward, démocrate américain à Paris, un des délégués d’Hillary Clinton élu lors des primaires des "démocrates de l’étranger" dont les 23 000 voix se sont réparties aux deux tiers pour Barack Obama et à un tiers pour Hillary Clinton. Sur theworldwantsobama (le monde veut Obama), des non-Américains expliquent pourquoi ils souhaitent qu’Obama soit le prochain président des Etats-Unis.
Pour quel impact? "Ils ne peuvent pas faire grand chose à part apporter un soutien moral", répond Chip Seward. "La loi américaine interdit aux non-citoyens de contribuer financièrement à la campagne." Les figures politiques françaises qui soutiennent Barack Obama ont une autre idée de ce à quoi pourrait servir leur soutien: "crédibiliser l’idée qu’il est reconnu internationalement" répond le député nouveau centre Charles de Courson, qui a le sentiment qu'Hillary Clinton s'attaque d'abord à son manque de stature internationale.
Un effort contre-productif?
Des Français qui voudraient faire campagne pour Barack Obama n'auraient-ils pas d'abord intérêt à se taire? En 2000, le démocrate John Kerry a fait tout ce qu’il pouvait pour faire oublier ses liens familiaux à la France, tenant son cousin Brice Lalonde à distance. Son service de presse demandait aux journalistes français de lui parler en anglais, même si le candidat parlait français. C’était un an après l’entrée en guerre contre l’Irak, la France n’avait pas la côte. John Kerry cherchait aussi à échapper aux accusations d’élitisme. Des connivences françaises auraient eu l’air de le couper de l’Amérique ordinaire.
On n’en est plus là, assure le politologue Olivier Duhamel. "Le regard (américain) sur la France a évolué. On a un président plus pro-américain. Les Américains ont révisé leur jugement sur l’Irak." Pierre Bergé estime qu’Obama est dans une problématique différente et que les soutiens à l’étranger peuvent lui profiter: "il a besoin de tous les petits ruisseaux".
Mais dans une course au centre, qu’aurait à gagner un candidat démocrate à se targuer du soutien de Français? Jack Lang devrait en savoir quelque chose. A l’hiver 2006, il a tenté d’organiser une tournée américaine pour Ségolène Royal au cours de laquelle elle devait rencontrer Barack Obama et Hillary Clinton… Voyage tombé à l’eau. La campagne d’Hillary clinton a nié qu’une telle rencontre n’ait jamais été prévue. Jack Lang assure que si, mais "notre charmante candidate a tout foutu en l’air", en annulant sa tournée.
Plus généralement, l’idée d’être le candidat favori à l’étranger n’est pas forcément un avantage pour Barack Obama, note Slate. Etre le préféré du reste du monde n’a pas empêché Bush père en 1992, Al Gore en 2000 puis John Kerry en 2004 de perdre les élections.
Aux dernières présidentielles, le Guardian avait appelé ses lecteurs britanniques à écrire aux électeurs d’Ohio pour voter pour John Kerry. L’initiative avait été très critiquée aux Etats-Unis (de quoi se mêlent-ils ?) Et quand John Kerry s’était piqué d’être le candidat favori de "dirigeants étrangers", cela s’était retourné contre lui, le vice-président Dick Cheney présentant George W. Bush comme un président "qui ne demanderait pas la permission de l’étranger pour défendre son pays".
Watch: Police officer dressed as the Grinch leads drug raid
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An officer in Peru smashed a suspected drug dealer's door in, while clad as
Dr Seuss' famous character.
1 hour ago
1 comment:
Cher Monsieur,
Plutôt que de reprendre cet article de Rue 89 mal documenté et très orienté, je vous conseille plutôt de vous informer directement auprès du comité.
Je serais ravi de répondre à vos questions et de vous expliquer l’objet de ce comité, qui sont ses créateurs, ses membres... (Samuel Solvit - s.solvit@pour-obama.fr).
Par ailleurs voici quelques informations complémentaires sur les positions du comité :
"Les américains sont évidemment les seuls à pouvoir voter et l’action du comité ne vise pas à s’approprier ces élections. Par contre, compte tenu de l’influence (politique, militaire, économique, diplomatique, culturelle, symbolique...) des Etats-Unis et de l’impact potentiel d’un tel candidat, nous sommes en droit d’en débattre et de nous prononcer.
Je le rappelle, ce comité n’est ni de gauche, ni de droite. Il réunit des personnalités dans son comité d’honneur mais il réunit surtout de nombreux citoyens français qui compte tout autant. De nombreuses personnalités apparentées comme "Gauche caviar" sont citées, mais bizarement toute les personnalités d'autres partis ou non-politisées sont omises (Jean Benguigui, Charles de Courson, Jean-Marc Brûlé, Axel Poniatowski, Françoise Gaillard, Pap Ndiaye, Hélène Faussart, Vladimir Fédorovski...).
Par ailleurs, ce comité n’a pas la prétention ni la possibilité de devenir un acteur majeur de ces élections. Par contre, le comité veut jouer un rôle utile et positif dans la campagne de Barack Obama en apportant l'énergie et le soutien de tout ceux qui s’en préoccupent et comprennent l’importance de cet homme."
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