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E. do REGO

IL EXISTE MILLE MANIERES DE MENTIR, MAIS UNE SEULE DE DIRE LA VERITE.

Le Mensonge peut courir un an, la vérité le rattrape en un jour, dit le sage Haoussa .

Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur.










Friday, January 14, 2011

Algérie : les raisons d’un soulèvement


En 2010, l’Algérie a connu entre 9 000 à 10 000 émeutes. Et l’année 2011 a commencé par une semaine de violentes manifestations d’ampleur nationale : des jeunes en colère ont pris pour cibles les édifices publics et les commerces privés des« protégés de l’Etat », comme les présente Kamel (1), un jeune de Bab el-Oued. Le 5 janvier, c’est justement de ce quartier de la banlieue d’Alger qu’est partie la révolte, à la suite, toujours d’après notre interlocuteur, de l’agression d’un marchand ambulant dont l’étalage a été renversé par des policiers en civil. Les jeunes de Bab el-Oued ont refusé cette énième provocation, eux qui ont cru vainement que leur sort allait s’améliorer quand les autorités locales leur avaient promis l’octroi d’emplacements légaux sur le marché de la ville. La répression a fait quatre morts et des centaines de blessés.

Loi financière catastrophique

La rapide propagation de ces manifestations à tout le pays a été interprétée comme la conséquence de la flambée des prix de l’huile et du sucre (2). En réalité, le coût de ces deux produits de première nécessité n’est pas le seul à avoir connu une hausse vertigineuse (plus de 20 % entre le 31 décembre 2010 et le 1er janvier 2011). Depuis le vote parlementaire de la Loi de finance complémentaire (LFC), le 21 juillet 2009, le portefeuille du citoyen algérien est soumis à un régime drastique (3). A cela s’ajoutent les multiples pénuries comme, ce dernier mois, celles du lait et de la farine.
La LFC 2009 prône le « patriotisme économique » et compte donner la chasse aux « fraudeurs ». L’Etat algérien entend ainsi occuper le terrain qu’il a abandonné depuis plus de vingt ans, ce qui a permis l’explosion du marché informel – qui représente, selon El Watan, 40 % de l’économie du pays. Mais il est passé en force, sans consulter aucun des acteurs économiques et sociaux, et n’a proposé aucune amélioration structurelle pour faciliter la réalisation de son projet. Rappelant qu’en Algérie « le monde du travail n’accapare pas plus de 20 % du PIB [alors que] le pouvoir et ses clientèles s’en attribuent 80 % sans créer de richesses »,M. Athmane Mazouz, chef du groupe parlementaire du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), a voté contre cette loi, car, selon lui, elle ne repose « sur aucune vision à même d’offrir une perspective de développement national ».
Les dirigeants algériens ont oublié que l’Etat avait encouragé le marché informel dans les années 1990 pour résister aux pressions du Fond monétaire international (FMI), ou, dans le cas du marché de l’alcool, pour résister aux islamistes. Le président Abdelaziz Bouteflika et son premier ministre Ahmed Ouyahia ont donc mis en place une batterie de lois pour assurer la traçabilité des transactions financières des importateurs et des commerçants algériens, afin de les imposer. Interrogé sur les effets de cette loi, un « négociant de café vert travaillant avec l’Algérie depuis 1996 »dénonce une « gestion des importations archaïque » assortie d’une« manne pour les banques »  ; pour lui, trop de documents et de garanties sont exigés, avec un coût supplémentaire allant de 500 à 1 000 dollars par dossier… A ses yeux, l’augmentation des prix que connaît actuellement l’Algérie n’est qu’un début, car de moins en moins d’exportateurs veulent travailler avec le pays, ce qui va provoquer une raréfaction des produits. « Il y a trop de risques financiers, le CREDOC (4) n’est plus utilisé nulle part ailleurs dans le monde, et la marchandise peut vous être renvoyée pour un simple problème d’étiquetage en arabe. »

Un petit pansement et on recommence

Face à la colère des Algériens, MM. Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Ouyahia ne se sont pas encore exprimés publiquement. Cependant, une réunion interministérielle s’est tenue trois jours après le début des manifestations pour décider de l’annulation des taxes et des droits de douane sur les huiles et le sucre roux jusqu’au 31 août prochain (5). L’exécutif pose donc un pansement sur le front d’un corps social enfiévré… « On avait espéré que la rue soit écoutée, au lieu de cela 1200 jeunes ont déjà été arrêtés, déplore Mustapha Bouchachi. Beaucoup d’entre eux ont subi des violences policières et sont incarcérés. » Le président de la Ligue algérienne des droits humains (LADDH) craint que les manifestations de ce début d’année ne se reproduisent ; selon lui, le pouvoir doit lever l’état d’urgence instauré en 1992, dont le maintien « ne vise plus les intégristes mais la société civile ».
Au moment où les étudiants, les syndicats et les partis d’opposition s’organisent pour poursuivre le mouvement de manière pacifique, les autorités publiques sont accusées d’empêcher l’accès au réseau social Facebook. A une société assoiffée de liberté, l’Etat n’a que des verrous à offrir…
Ali Chibani
(1) Le prénom a été changé.
(2) Certains politiques, le ministre de l’intérieur Daho Ould Kablia en tête, ont accusé les « lobbies » industriels mécontentés par la Loi de finance complémentaire de 2009. D’autres sources politiques et syndicales nous ont aussi parlé de probables règlements de comptes entre les clans militaires composés de pro et d’anti-Bouteflika.
(3) Ainsi, la hausse des prix à la consommation entre octobre et novembre 2010 a atteint 0,8 % à Alger.
(4) Le Crédit documentaire est l’une des contraintes mises en place par la LFC 2009.
(5) Avec une réserve de change estimée à 155 milliards de dollars, l’Etat algérien estime pouvoir résoudre tous les conflits sociaux par de petites augmentations de salaire sectorielles ou par des décisions « exceptionnelles et limitées » comme les détaxations.


  • « Urbanisme, une autre bataille d’Alger »
    par Allan Popelard et Paul Vannier, décembre 2010.
    Comment comprendre une ville lorsqu’on y déambule ? Entre la Casbah abandonnée et les cités-dortoirs de la périphérie, le destin d’Alger la Blanche traduit le délitement du « pacte » national noué au moment de l’indépendance.
  • « Jours tranquilles en Algérie »
    par Jean-Pierre Séréni, février 2010.
    Dans le pays convalescent, la vie sociale renaît. A Tlemcen, ville distante de 500 kilomètres d’Alger, et ancienne capitale du Maghreb central, le boom de l’immobilier et les grands travaux côtoient le chômage et le marché noir.
  • « Luttes d’influence autour de la Sonatrach »
    par Ahmed Djezairi, La valise diplomatique, 19 janvier 2010.
    Le président-directeur général de la Sonatrach — la plus grande entreprise algérienne, un monopole public qui gère les hydrocarbures et le gaz dans le pays —, a été placé sous contrôle judiciaire le 18 janvier. « Simple » histoire de malversations financières ou affaire politique ?
  • « Le “non-Maghreb” coûte cher au Maghreb »
    par Francis Ghiles, janvier 2010.
    Le conflit du Sahara occidental représente toujours l’un des obstacles majeurs à une coopération entre le Maroc et l’Algérie, freinant les échanges régionaux qui pourraient se développer avec la Tunisie. Une collaboration politique et économique aiderait pourtant à résoudre bien des problèmes de la rive sud de la Méditerranée.
  • « Algérie : l’opposition étouffée avant les élections »
    par Ali Chibani, La valise diplomatique, 7 avril 2009.
    En avril 2009 se tenait une élection présidentielle gagnée avant d’avoir lieu par Abdelaziz Bouteflika. Le président sortant-rentrant était soutenu par une myriade de partis, d’associations et de syndicats officiels hantés par le spectre de l’abstention.
  • « L’Algérie ne croit plus aux promesses » (A. C.), février 2009.
    M. Bouteflika vient de réformer la Constitution pour supprimer la limitation des mandats présidentiels. Il compte se présenter pour la troisième fois en avril 2009, malgré l’aveu de l’« échec » de sa politique. Symptômes du climat de mécontentement, les émeutes se sont multipliées ces dernières années.
  • « Des footballeurs entre Paris et Alger »
    par Dominique Le Guilledoux, août 2008.
    Guerre d’Algérie, immigration, malaise des banlieues, psychose de l’après-11-Septembre : depuis cinquante ans, le football a reflété chaque étape d’une histoire toujours à vif.
  • « Sans valise ni cercueil, les pieds-noirs restés en Algérie »
    par Aurel et Pierre Daum, mai 2008.
    Depuis 45 ans, les rapatriés ont toujours soutenu l’idée qu’ils avaient été « obligés » de quitter l’Algérie au moment de l’indépendance, menacés physiquement par les « Arabes ». Pourtant, à la fin de la guerre, 200 000 ont décidé de demeurer dans le nouvel Etat. Témoignages.
  • « Les régimes arabes modernisent... l’autoritarisme »
    par Hicham Ben Abdallah El Alaoui, avril 2008.
    Depuis la première guerre du Golfe, les pays arabes ont connu une succession de bouleversements qui, partout ailleurs, auraient déstabilisé bien des pouvoirs. Pourtant, la plupart ont réussi à maintenir des structures archaïques que ni la seconde guerre mondiale ni la décolonisation n’avaient fait disparaître.

Toujours disponible

  •  « Le Maghreb colonial »,Manière de voir nº 86, avril-mai 2006.
    La longue histoire de la pénétration française en Afrique du Nord, de la conquête coloniale et des luttes pour l’indépendance.





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