Friday, December 18, 2009
An easygoing President
Monday, December 14, 2009
Le dernier tournant pour l'Afrique
L’Afrique peut elle rater un dernier tournant crucial pour son développement ? Ce qui se dessine semble l’indiquer à moins que les pays donateurs ne révisent les termes de l’accord de compensation sur l’environnement. Beaucoup de dirigeants africains salivent déjà à l’idée de l’arrivée de fonds destinés à compenser les préjudices subis par les Africains suite aux abus de l’environnement par les nations industrialisées. Je ne veux pas insister sur le fait que ces nations cherchent à se donner bonne conscience après des années d’abus inconsidérés combinées avec un refus d’admettre les conséquences de leurs actes. Quand la Chine refuse de signer tout protocole contraignant pour préserver une croissance économique à deux chiffres, en oubliant que les conséquences l’affecteront plus que les autres pays vu qu’elle est le pays le plus peuplé au monde. D’aucun auraient cru que la Chine serait aux avant postes de ce combat planétaire mais que nenni. A se demander, qui profiterait de cette belle croissance si la majorité des chinois ne sont plus là, sous les eaux, cancéreux, affamés ou frappés par d’autres pathologies tout aussi meurtrières…mais bon ceci est un autre débat car l’égoïsme de l’homme n’est plus à prouver.
De plus, l’Afrique a enfin réussi à atteindre le chiffre fatidique de un milliard d’habitants et à quel prix ? Combien de vies perdues aux maladies (SIDA, Paludisme, maladies tropicales diverses,…) et toujours ce manque chronique de dirigeants capables pour le continent le plus affligé dans l’histoire de l’humanité.
Revenons-en à nos moutons ou à nos fonds pour ainsi dire car si les donateurs commettent l’erreur de donner un chèque en blanc aux dirigeants africains qui sont soit corrompus ou alors mal entourés, ce serait à mon avis le coup de grâce pour un continent africain déjà à genoux. A l’instar de Mamadou Tandja, le despote en devenir du Niger, la grande majorité des dirigeants africains ne savent pas déjà pas quitter le pouvoir en suivant les formes et autres lois constituantes donc leur faire miroiter un pactole ne devrait guère arranger les choses. Si ces fonds ne sont pas gérés correctement, le continent, surtout au sud du Sahara, risque d’être victimes d’une nouvelle vague de despotes de tout acabit.
Ma suggestion serait que les donateurs verrouillent les fonds de manière à faire les transferts de technologies de manière effective, c’est à dire sur le terrain avec une priorité pour des projets clés en main. La construction d’usines de fabrication de panneaux solaires par exemple pourrait être entreprise avec l’envoi de spécialistes pour encadrer la construction des usines ainsi que la fabrication des panneaux. Sachant que ces projets actuellement ne rapportent rien à l’Afrique vu que tous les éléments sont importés et demeurent toujours insignifiants en volume. La production d’énergie pourrait être liée à des usines de biogaz qui retraiterait la majeure partie des ordures ménagères et marchandes. Vu que la majeure partie des grandes villes africaines font face aux problèmes des ordures, cette technologie serait la bienvenue. Des centres de recyclage régionaux pourraient aussi être mis sur pied et contribuer aux nettoyages des plages africaines qui sont parmi les plus sales et les plus pollués au monde. Voici trois exemples parmi des milliers qui pourraient améliorer la vie et l’environnement en Afrique.
Ce procédé permettrait aux économies africaines de faire coup double en obtenant un réel transfert de technologies tout en formant des techniciens hautement qualifiés, évitant des détournements massifs des fonds investis. Vu que les pays africains, spécialement ceux au sud du Sahara sortent chaque année des milliers de diplômés qui viennent s’ajouter aux bataillons existants de chômeurs. Parmi ces derniers, on pourrait extraire des groupes à former en rapport avec les activités à développer dans le cadre de ces programmes. Un des secteurs sensibles serait le rappel des milliers d’agronomes africains (locaux et expatriés), expatriés qui souvent végètent en Occident et qui pourrait enfin réellement et effectivement servir le continent africain avec leur expertise qui est cruciale.
Voila à mon humble avis une des voies et moyens d’utiliser de façon efficace les fonds débloqués par les « généreux donateurs ».
Saturday, December 12, 2009
Esclavage: Sarkozy et les médias ont la mémoire courte
Du Journal du Dimanche à Libération, en passant par Le Monde, Le Figaro ou le Nouvel Observateur, la plupart des médias ont repris dans leur titre » l'annonce » du président Sarkozy faite le 10 mai, à l'occasion de la Journée de commémoration de l'esclavage :
» Sarkozy : l'esclavage enseigné à l'école » (JDD) [1]
» L'histoire de l'esclavage sera enseignée à l'école primaire » (Le Monde) [2]
» Abolition de l'esclavage : Sarkozy : » cette histoire doit être enseignée à l'école » (TF1) [3]
» L'esclavage enseigné en primaire dès la rentrée » (Nouvel Obs) [4]
» La traite des Noirs enseignée en primaire, annonce Sarkozy » (Libération) [5]
» L'histoire de l'esclavage enseignée en primaire » (Le Figaro) [6]
Et pourtant, derrière ces annonces en fanfare faites au nom de la mémoire… l'oubli.
Oubliés les dizaines de milliers d'enseignants qui enseignent l'esclavage depuis plusieurs années ; niés les programmes de 2002 [7] du primaire, qui eux ont officiellement introduit cette page de notre histoire comme jamais auparavant ; nié l'effort entrepris par les éditeurs des manuels tant du primaire que du secondaire pour transmettre cet épisode à nos élèves ; méprisé le travail de deux années de la commission des programmes du collège qui vient de proposer pour la première fois les traites et l'esclavage comme un thème d'histoire à part entière en classe de 4e.
De l » « immémoire collective »
Comme le rappelait Chris Marker il y a quelques temps déjà, notre époque vit sans cesse de cette « immémoire collective » que l'actualité construit chaque jour. Le président Sarkozy participe activement à cette entreprise en se forgeant l'image du héros national ouvrant une nouvelle page de l'histoire de France…et les médias suivent en cœur cette mascarade, au mépris d'un patient et rigoureux travail mené depuis maintenant plusieurs années.
Avec la loi Taubira de 2001, puis les polémiques de 2005 autour du rôle positif de la colonisation, une véritable réflexion avait été amorcée sur la transmission pédagogique de l'esclavage à l'école. Cette réflexion s'est concrétisée et nourrie au travers de l'écriture des programmes de l'enseignement primaire et secondaire, et des manuels scolaires. De plus en plus de projets abordant cette histoire ont été réalisés dans de nombreuses académies de France, notamment à Nantes, Bordeaux, Rouen. Le monde scolaire dans son ensemble, en particulier justement dans le primaire, a donc commencé à s'emparer de l'histoire des traites, de l'esclavage et de leurs abolitions.
Il faut bien avouer que ce non-événement présidentiel a été facilité par les revendications d'associations militantes qui n'ont pas vu ou voulu voir ce travail effectué par l'école pour sortir l'histoire de l'esclavage des marges de l'enseignement. C'est ainsi que SOS Racisme vient de lancer une pétition intitulée » Appel pour l'enseignement de l'histoire de la colonisation et de l'esclavage » , tendant à faire croire que l'occultation se poursuit. Or, il n'en est rien, et cette méconnaissance de la part de militants engagés pour une juste cause accrédite le geste du » prince » .
A qui sert l'oubli ?
La journée du 10 mai 2008 restera une nouvelle illustration de la fabrique de l'opinion sans mémoire. Les informations du monde inondent notre vie pour s'oublier aussitôt. Les décisions ou déclarations politiques s'appuient de plus en plus sur cet oubli pour mieux s'imposer à nous, à un rythme qui s'accélère. Au terme d'un an de pouvoir, la communication présidentielle s'évertue encore à créer artificiellement des événements fondateurs. Hier avec la mémoire des enfants exterminés pendant la Shoah que devaient endosser les élèves de CM2, aujourd'hui avec l'esclavage au primaire, elle compte sur notre amnésie collective pour brouiller le réel et faire croire que tout commence avec son prestidigitateur.
Links:
[1] http://www.lejdd.fr/cmc/scanner/societe/200819/sarkozy-l-esclavage-enseigne-a-l-ecole_116223.html?popup
[2] http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/05/10/l-histoire-de-l-esclavage-sera-enseignee-au-primaire_1043317_3224.html
[3] http://tf1.lci.fr/infos/france/societe/0,,3845323,00-sarkozy-cette-histoire-doit-etre-enseignee-ecole-.html
[4] http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20080510.OBS3296/lesclavage_et_la_traite_des_noirs_seront_enseignes_en_p.html?idfx=RSS_notr
[5] http://origine2.liberation.fr/actualite/societe/325672.FR.php
[6] http://www.lefigaro.fr/politique/2008/05/10/01002-20080510ARTFIG00273-l-histoire-de-l-esclavage-enseignee-en-primaire.php
[7] http://www.education.gouv.fr/bo/2002/hs1/default.htm
Thursday, December 10, 2009
Obama defends US wars as he accepts peace prize
OSLO – President Barack Obama entered the pantheon of Nobel Peace Prize winners Thursday with humble words, acknowledging his own few accomplishments while delivering a robust defense of war and promising to use the prestigious award to "reach for the world that ought to be."
A wartime president honored for peace, Obama became the first sitting U.S. president in 90 years and the third ever to win the prize — some say prematurely. In this damp, chilly Nordic capital to pick it up, he and his wife, Michelle, whirled through a day filled with Nobel pomp and ceremony.
And yet Obama was staying here only about 24 hours and skipping the traditional second day of festivities. This miffed some in Norway but reflects a White House that sees little value in extra pictures of the president, his poll numbers dropping at home, taking an overseas victory lap while thousands of U.S. troops prepare to go off to war and millions of Americans remain jobless.
Just nine days after ordering 30,000 more U.S. troops into battle in Afghanistan, Obama delivered a Nobel acceptance speech that he saw as a treatise on war's use and prevention. He crafted much of the address himself and the scholarly remarks — at about 4,000 words — were nearly twice as long as his inaugural address.
In them, Obama refused to renounce war for his nation or under his leadership, saying defiantly that "I face the world as it is" and that he is obliged to protect and defend the United States.
"A nonviolent movement could not have halted Hitler's armies. Negotiations cannot convince al-Qaida's leaders to lay down their arms," Obama said. "To say that force is sometimes necessary is not a call to cynicism, it is a recognition of history."
The president laid out the circumstances where war is justified — in self-defense, to come to the aid of an invaded nation and on humanitarian grounds, such as when civilians are slaughtered by their own government or a civil war threatens to engulf an entire region.
"The belief that peace is desirable is rarely enough to achieve it," he said.
He also spoke bluntly of the cost of war, saying of the Afghanistan buildup he just ordered that "some will kill, some will be killed."
"No matter how justified, war promises human tragedy," he said.
But he also stressed the need to fight war according to "rules of conduct" that reject torture and other methods. And he emphasized the need to exhaust alternatives to violence, using diplomatic outreach and sanctions with teeth to confront nations such as Iran or North Korea that defy international demands to halt their nuclear programs or those such as Sudan, Congo or Burma that brutalize their citizens.
"Let us reach for the world that ought to be," Obama said. "We can understand that there will be war, and still strive for peace."
In awarding the prize to Obama, the Nobel panel cited his call for a world free of nuclear weapons, for a more engaged U.S. role in combating global warming, for his support of the United Nations and multilateral diplomacy and for broadly capturing the attention of the world and giving its people "hope."
But the Nobel committee made its announcement in October when he wasn't even nine months on the job, recognizing his aspirations more than his achievements.
Echoing the surprise that seemed the most common reaction to his win, Obama started his 36-minute speech by saying that others who have done more and suffered more may better deserve the honor.
"I am at the beginning, and not the end, of my labors on the world stage," the president said. "Compared to some of the giants of history who have received this prize ... my accomplishments are slight."
The list of Nobel peace laureates over the last 100 years includes transformative figures and giants of the world stage. They include heroes of the president, such as the Rev. Martin Luther King Jr., Nelson Mandela and others he has long admired, like George Marshall, who launched a postwar recovery plan for Europe.
Earlier, Obama had said that the criticism might recede if he advances some of his goals. But, he added, proving doubters wrong is "not really my concern."
"If I'm not successful, then all the praise in the world won't disguise that fact," he said.
The timing of the award ceremonies, coming so soon after Obama's Afghanistan announcement, lent inspiration to peace activists.
The president's motorcade arrived at Oslo's high-rise government complex for Obama's meeting with Norwegian Prime Minister Jens Stoltenberg as a few dozen anti-war protesters gathered behind wire fences nearby. Dressed in black hoods and waving banners, the demonstrators banged drums and chanted anti-war slogans. "The Afghan people are paying the price," some shouted.
Greenpeace and anti-war activists planned larger demonstrations later that were expected to draw several thousand people. Protesters have plastered posters around the city, featuring an Obama campaign poster altered with skepticism to say, "Change?"
The debate at home over his Afghanistan decision also followed the president here. He told reporters that that the July 2011 date he set for the U.S. withdrawal fromAfghanistan to begin will not slip — but that the pace of the full drawdown will be gradual and conditions-based.
"We're not going to see some sharp cliff, some precipitous drawdown," Obama said.
Obama's first stop in Oslo was the Norwegian Nobel Institute, where the Nobel committee meets to make its decisions. After signing the guest book, Obama told reporters he had penned thanks to the committee and noted the pictures of former winners filling the wall, many of whom gave "voice to the voiceless."
In the evening, Obama is expected to wave to a torchlight procession from his hotel balcony and stroll with Norwegian royalty to a dinner banquet. He will offer comments a second time there and cap his brisk jaunt to Europe.
The president and his wife, Michelle, arrived here in the morning, coming off Air Force One holding hands and smiling. Having left Washington Wednesday night, Obama was due back by midday Friday.
The Nobel honor comes with a $1.4 million prize. The White House says Obama will give that to charities but has not yet decided which ones.
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Associated Press writers Matti Huuhtanen and Ian MacDougall contributed to this report.
Tuesday, December 08, 2009
Union Africaine : Une perte de temps ?
Union Africaine : Une perte de temps ?
L’Afrique semble avoir abdiqué en ce qui concerne les droits de l’homme, la bonne gouvernance et pratiquement tous les autres domaines clés qui font la base du développement. Ce développement devenu plus qu’hypothétique pour l’Afrique. Le premier niveau de défaillance est surement celui des droits de l’homme ou rien ne va plus. La Guinée ou récemment on a massacré et violé des centaines de personnes désarmées et ou règne les prémices du chaos, l’Union Africaine peine à a se faire entendre ou respecter car s’étant décrédibilisé sur de nombreux autres terrains tels que celui du Darfour. Après un silence coupable de nombreuses années, il a fallu une campagne médiatique des Occidentaux comme on les appelle, notamment Américains pour que l’UA ne daigne même réagir sur ce conflit. Et quelle réaction ? S’opposer au Procureur du Tribunal International soit disant qu’il ne s’intéresse qu’aux Africains, mais ou on lieu les crimes contre l’humanité les plus odieux de nos jours sinon en Afrique (Rwanda, Ouganda, Darfour, RDC,…et j’en passe). Alors protéger Omar El Béchir au nom de la solidarité africaine est simplement débile surtout quand l’UA est incapable de mettre sur place sa force d’interposition (AMIS) dont le peu d’effectif sur place se fait tirer comme des lapins par les milices armées par El Béchir Ce même, El Béchir, qui précisons le, à l’instar de nombreux berbères, a une attitude méprisante envers les Africains au sud du Sahara, le silence des leaders Maghrébins à propos de ce conflit en dit long sur ce qu’ils en pensent. Les Africains au travers de l’UA exhibent une solidarité béate qui frôle l’idiotie car s’opposer au Procureur du TPI enlève la seule pression viable contre El Béchir et son régime. Seule l’UA n’a pas remarqué que les seules concessions obtenues d’El Béchir sont advenues après que le Procureur ait lancé sa procédure. La soit disante diplomatie silencieuse de l’UA n’a rien donné comme d’habitude et serait encore au point mort sans la menace du procureur. L’Afrique veut son indépendance et ses pays passent leur temps à clamer leur souveraineté mais il faut les Occidentaux pour obtenir justice sur le continent africain pour des crimes commis par des africains sur d’autres africains. Et pendant ce temps l’UA n’arrive pas à faire plier la Mauritanie, le Zimbabwe, la Guinée et j’en passe…Sur tous les aspects de l’intégration, l’Afrique stagne sinon recule, il n’existe aucune force militaire régionale intégrée qui serait une garantie sérieuse de sécurité et qui aiderait à réduire sinon éliminer les coups d’états et autres coup de force.
L’une des preuves les plus flagrantes de l’échec des tentatives démocratiques à l’Occidentale en Afrique est sans doute la Tunisie. Malgré un régime policier et autocratique, le Président Ben Ali a transformé son pays en améliorant les acquis de l’ère Bourguiba. Son pays est un modèle de réussite économique et sociale et cela aux dépens de la soit disante démocratie dont de nombreux pays parlent mais en ignorent les concepts de base. Qu’a rapporté la démocratie au reste de l’Afrique subsaharienne ou à part de rares exemples (Afrique du Sud, Botswana) il n’y a jamais de combinaison démocratique avec un développement économique. Il est peut être temps d’admettre que la démocratie à l’Occidentale est une utopie en Afrique surtout noire ou les rares pays au semblant démocratiques voient émerger des dizaines voire des centaines de partis politiques sans que cela ne change le contexte économique ou politique des pays. Qu’un illuminé comme le Capitaine Dadis Camara trouve encore des supporters après le carnage du 28 septembre prouve si besoin l’était encore que les élites africaines ont échoués lamentablement en tombant souvent dans un tribalisme socio ethnico religieux. La Cote d’Ivoire est là pour nous rappeler ce que l’ethnocentrisme peut apporter comme catastrophe en tuant la poule aux œufs d’or mais les dirigeants africains ne semblent pas profiter des erreurs de leurs prédécesseurs, au contraire, ils les perpétuent souvent en les aggravant. Pourquoi la RDC expulse des Angolais and vice versa quand on connait l’histoire commune de ces deux pays. Le Nigeria et le Ghana s’étaient adonnés à ce répugnant exercice il y a quelques années et la Lybie le continue de façon sélective et on ose nous parler des états unis d’Afrique. Mais de qui se moque t on ? Est-ce le moyen le plus sur de construire cet unité o combien hypothétique surtout quand on permet aux anciennes puissances colonisatrices ou autres de peser dans la vie politique et économique des pays. L’influence de la France reste cruciale dans son ancien pré carré car les dirigeants préfèrent l’appui de la France à celui de leur voisins d’à coté. Aucune des organisations régionales à l’instar de l’UA ne fonctionne vraiment à l’exception peut être de la SADEC que tire la puissante Afrique du Sud. L’UA ne fonctionnera jamais sans que ces unités régionales ne se mettent à opérer plus ou moins correctement. Pourquoi faut il la France pour régler la crise guinéenne alors que le puissant Nigeria combiné au Ghana et avec la Cote d’Ivoire et dans une moindre mesure le Sénégal pourrait décider de ce règlement soit politique ou au besoin militairement. Tous ces pays ont besoin directement ou indirectement que la Guinée reste stable. La même solution pourrait être appliquée à l’interminable conflit Somalien ou la combinaison entre le Kenya et l’Ethiopie avec l’appui logistique des Américains et ou de l’UE pourrait permettre à ce pays de revivre en se sortant du joug sanglant des milices. Plus que jamais l’Afrique a besoin de cette unité tant réclamée, chantée mais malheureusement les intérêts d’une minorité continue de spolier la majorité des Africains qui le plus souvent vivent sans eau courante, électricité, soins médicaux et j’en passe. Malgré la production des matières premières essentielles et une aptitude certaine pour la production d’énergie renouvelable, l’Afrique reste à la traine à la grande joie des bailleurs de fonds (Banque Mondiale, Fonds Monétaire International, Société Financière Internationale, etc.…) qui continuent d’exister à ces dépends.
Si l’Union Africaine est incapable de se faire respecter au Niger ou un ex militaire a cédé la place à un despote, il y a du souci à se faire. Il semble que seul l’archipel des Comores ait eu à subir les foudres de l’Union Africaine et encore avec le soutien intéressé de la France qui n’avait sans doute pas envie de faire triompher ses soldats sans gloire. En Mauritanie, la France la force à entériner un coup d’état au nom de la lutte contre le terrorisme, pourquoi n’avoir pas permis à la Mauritanie de se sortir de cette crise politique qui aurait permis à cette démocratie bourgeonnante de grandir mais que nenni.
Au final, l’UA exhibe au niveau continental toutes les failles et fissures qui caractérisent les relations entres les pays africains. La CEMAC, le plus mauvais élève de l’intégration régionale est incapable d’instaurer une réelle union douanière sans parler du pillage de la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique Centrale). Que dire de la CEDEAO (Confédération des Etats de qui à part quelques actions discrètes, reste largement incapable de régler des problèmes effectifs (Guinée, Guinée Bissau, Cote d’Ivoire, etc.…). L’UMA (Union du Maghreb Arabe) est essentiellement mort née à cause du différent entre l’Algérie et le Maroc, sans parler de la rivalité sous jacente entre l’Egypte et l’Algérie et j’en passe. Bref, l’Afrique reste un panier à crabes ou aucun problème ne se règle vraiment donc nul ne doit être surpris par l’ineptie qui ronge l’UA. Il est dommage de dire aux Africains qu’il ne faut rien attendre de cette organisation qui est juste un autre de ces organismes « budgétivores » comme on les appelle. L’Afrique a réussi une seule réelle prouesse, faire de René Dumont[1] un prophète. Quel gâchis !!!
E.Davis
[1] Auteur de « L’Afrique noire est mal partie ». 1962
Wednesday, December 02, 2009
Monday, November 30, 2009
Les Suisses se prononcent pour l'interdiction des minarets
Les Suisses ont décidé ce dimanche par référendum, à plus de 57% des votants [1], d'interdire la construction de minarets, selon les résultats définitifs du scrutin.
A la surprise générale, seuls quatre cantons sur les 26 que compte la Confédération ont rejeté la proposition soutenue par l'Union démocratique du centre (UDC), le parti de la droite populiste, et le petit parti chrétien de droite UDF.
Ce vote va entraîner la modification de l'article 72 de la Constitution suisse qui régit les relations entre l'Etat et les religions. L'interdiction de la construction de minarets y sera présentée comme une mesure « propre à maintenir la paix entre les membres des diverses communautés religieuses ».
Selon l'UDC, à l'initiative du référendum, les minarets sont le « symbole apparent d'une revendication politico-religieuse du pouvoir, qui remet en cause les droits fondamentaux ». L'une des affiches utilisée par l'UDC pour la campagne électorale a suscité une vive polémique. Elle représente une femme en burqa noire, entourée de minarets transperçant le drapeau suisse (photo ci-dessus).
Pour les musulmans, « un coup de poing en pleine figure »
Le gouvernement helvétique s'était fermement opposé à l'initiative, la ministre suisse de la Justice Eveline Widmer-Schlumpf soulignant que l'interdiction des minarets serait contraire à la liberté de religion et discriminatoire.
Les Verts vont étudier la possibilité de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme. « Les musulmans de Suisse n'ont pas reçu une claque, mais un coup de poing en pleine figure », estime Ueli Leuenberger, leur président national. C'est le résultat d'« une propagande extrêmement bien faite, qui a joué sur les préjugés ».
Environ 400 000 musulmans vivent en Suisse sur une population totale d'environ 7,6 millions d'habitants, selon une estimation de la Fédération d'organisations islamiques de Suisse (FOIS), sur la base du dernier recensement de la population réalisé en 2000. La population musulmane en provenance d'ex-Yougoslavie a particulièrement augmenté pour représenter plus de la moitié (56,4%) de la population musulmane dans le pays.
Actuellement, la Suisse compte quatre minarets : à Genève, Zurich, Wangen bei Olten (canton de Soleure) et Winterthour (canton de Zurich). Aucun d'entre eux ne sert pour l'appel à la prière.
Photo : Une affiche « Oui à l'interdiction des minarets » à la gare de Zurich le 26 octobre 2009 (Arnd Wiegmann/Reuters).
Links:
[1] http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=200001&sid=11546392
[2] http://www.rue89.com/tribune-vaticinateur/2009/03/06/suisse-cachez-ce-minaret-que-je-ne-saurais-voir
Friday, November 20, 2009
Le soldat Guissé reconnu français au terme d’une embarrassante affaire
La cour d’appel de a reconnu mercredi la nationalité française du soldat Ounoussou Guissé. Une procédure la remettait en cause en même temps que celle de son père, accordée il y a près de 50 ans et aujourd’hui décédé.
On ne peut pas retirer la nationalité d’une famille, près de cinquante ans après l’avoir accordé. C’est ce principe que la cour d’appel de Rouen a confirmé, à propos du cas du Brigadier Ounoussou Guissé, 29 ans, à qui les autorités françaises voulaient retirer la nationalité française.
Imbroglio judicaire
Le ministère public contestait la nationalité française d’Ounoussou Guissé, qu’il avait obtenu de son père, Daouda Guissé. Ce dernier, né au Sénégal mais travaillant en France au moment de l’indépendance était devenu français comme il en avait le droit à l’époque. La nationalité française est donc logiquement accordée à ses fils.
Ce n’est qu’une fois adulte, et engagé dans l’armée – tout comme son frère Amara, dans une situation similaire – que sa nationalité est contestée par les autorités. Selon elles, Daouda Guissé n’aurait pas dû obtenir la nationalité française car sa famille n’habitait pas en métropole. Conséquence : on devait donc retirer la nationalité à Ounoussou.
Ce raisonnement est invalidé une première fois par la justice en 2008, mais le parquet fait appel.
Soutien du ministère de la Défense
Jean Glavany, le député socialiste des Hautes-Pyrénées (sud-ouest), où stationne le régiment d’Ounoussou Guissé, dénonce alors cette situation devant l’assemblée nationale. Ces procédures sont « saugrenues » et « incongrues » réagit le ministre de la Défense, Hervé Morin.
La qualité de soldat d’Ounoussou (il notamment combattu en Afghanistan) et d’ancien soldat de son frère, ne leur était d’aucun secours devant la justice. Hervé Morin avait dû promettre « une nouvelle procédure »dans le cas où « la justice viendrait à refuser la nationalité française à nos deux soldats ».
Le ministère français de l’immigration, alors contacté par Jeune Afrique, était alors resté ferme : « ce choix se heurte à l’absence de la nationalité française de leur père, qui n’a pas fixé son domicile en France ce qui a empêché de lui reconnaître la nationalité de plein droit ».
La cour d’appel de Rouen, lui a donné tord une deuxième fois : la nationalité accordée à son père il y a plus près de 50 ans ne peut plus être remise en cause, il y a prescription.
Ounoussou Guissé peut maintenant se considérer comme pleinement français, enfin. Et l’issue devrait être la même pour Amara
En finir avec la dépendance à l'aide
Yash Tandon |
L'aide est-elle ce qu'elle prétend être ? C'est un fait bien connu, l'aide contribue aux flux financiers mondiaux. La décrire reste cependant un défi. Elle résonne positivement aux oreilles du public, comme dans les médias, parce qu'elle est associée au « développement », à la « solidarité » et à des causes « humanitaires ». Mais, toute l'aide ne se dirige pas vers de telles causes et beaucoup de ce qui passe pour du développement ou de l'humanitaire ne pourrait guère y prétendre de fait. La question du 0,7 % L'engagement du 0,7 % s'est transformé en promesse permettant d'enchaîner à perpétuité les pays « pauvres » qui dépendent de l'aide aux largesses des pays riches. Ce pourcentage est devenu un mantra tellement répété dans le discours sur le développement qu'il a acquis une aura mystique. Les gouvernements des pays développés se sont engagés à réserver 0,7 % de leur Revenu national brut (RNB) à l'« aide ». Proposé à l'origine, en 1958, à hauteur de 1,0 % du RNB par le Conseil mondial des églises, ce principe fut ensuite adopté par les Nations Unies en octobre 1970. La cible à atteindre fut alors fixée à 0,7 %. Au cours de ces 38 dernières années, dans toutes les résolutions importantes qui furent adoptées au nom du développement et de la croissance économique, l'engagement des 0,7 % a, de façon rituelle, occupé au minimum quelques phrases, si ce n'est des paragraphes entiers. Dans les médias et dans le débat public, le 0,7 % est devenu LA principale référence pour mesurer l'engagement des pays développés en faveur du développement des pays sous-développés. Par exemple, les pays scandinaves sont favorablement notés. Ils sont de ce fait généralement considérés comme les pays développés les plus amicaux. Les plus défaillants sont les Etats-Unis. En 2006, leur Aide publique au développement (APD) était de 22,7 milliards de dollars, ayant accusé une baisse de 20 % en termes réels selon l'OCDE. L'action des pays développés suggère toutefois que, à part une demi-douzaine, aucun d'entre eux n'a de sérieuses intentions de tenir ses engagements. Néanmoins, même non remplies, de telles promesses conservent toute leur utilité politique en relations publiques internes et internationales. Leur non-accomplissement permet aux gouvernements du Sud de se dédouaner - ils peuvent ainsi attribuer l'absence de développement dans leur propre pays au manque d'aide venant des pays du Nord. Et, lorsque les pays développés n'atteignent pas la cible du 0,7 %, cela donne à la société civile du Nord comme du Sud (et aux « Organisations non gouvernementales » ou ONG) un sujet sur lequel se plaindre. Quant aux pays du Nord qui ne respectent pas leurs engagements, ils ont deux possibilités : soit ils ignorent les plaintes et gémissements, tout en refusant d'être mis au pilori ; soit ils fabriquent des aides fantomatiques et font preuve d'imagination conceptuelle et d'astuces comptables pour augmenter les chiffres de l'APD. Dans les faits, ils recourent aux deux stratégies à la fois. Allègements de dettes et échanges de créances, coûts administratifs et transactions gonflés, assistance technique surévaluée, aide à fins politiques et aide militaire, frais internes relatifs aux réfugiés, tout est considéré comme de l'APD. Le 0,7 % est ainsi englué. Les pays en développement et la société civile ne vont pas l'abandonner de peur que le monde développé puisse ainsi se départir de ses engagements. Et, mis à part une demi-douzaine de pays, le monde développé généralement l'ignore ou recourt à des astuces comptables et conceptuelles pour en gonfler le chiffre. En finir avec la dépendance à l'aide Trop cynique que tout cela ? Ce n'est pas l'intention. Notre but est de prendre la mesure de l'importance de l'aide et d'essayer d'en séparer le bon grain de l'ivraie. Il est de comprendre ce qu'est l'aide, dans ses différents aspects, et de la situer dans un contexte politique et historique adéquat. Avant tout, notre but final est de rompre avec l'aide, d'en sortir, même si cela signifie permettre aux pays développés de s'en débarrasser et oblige les pays en développement à prendre en charge leur propre développement. En d'autres termes, malgré sa connotation positive, l'aide n'est, après tout, pas une si bonne chose. Dès lors que vous ajoutez le mot « dépendance » à « aide », cette dernière perd de son lustre. Elle devient un boulet accroché au cou de qui en dépend. Pour les nations pauvres et dépendantes de l'aide, l'engagement du 0,7 % devient une attente qui lie leur sort aux largesses des riches. Une question de responsabilité Quelques questions méritent d'être posées aux gouvernements du Sud dépendant de l'aide. Comment un tel gouvernement, africain ou autre, fait-il pour honorer ses engagements de rendre démocratiquement compte de ses actes devant son peuple, si 25 % (et même parfois 50 %) de son budget national sont financés par l'aide de donateurs ? Quel type de « développement » encourage-t-il si 75 % (et même parfois 100 %) de cette aide dite au développement proviennent de l'étranger ? Lorsqu'un un pays tire argument de sa pauvreté pour rechercher de l'aide à l'étranger, ce pays est-il vraiment pauvre ? En invoquant le besoin d'aide ou de capitaux en provenance des pays riches, ne sous-estime-t-il pas la valeur de son propre peuple, de son intelligence et de son ingéniosité, la valeur du travail de ses ouvriers et paysans, de sa jeunesse comme celle de ses ressources naturelles ? Un gouvernement dépendant de l'aide est-il responsable envers son peuple ou envers les donateurs qui le financent ? Les citoyens et citoyennes d'un tel pays ont-ils l'assurance que leurs intérêts seront sauvegardés et qu'ils ne resteront pas subordonnés aux contrôles que les donateurs exercent sur leur propre gouvernement national ? Pourront-ils jamais échapper à la stigmatisation alors que la valeur de leur application au travail et de leur esprit d'initiative restera à jamais ternie par l'importance de l'aide et la valeur qui lui est accordée ? Le projet national Toutes ces questions et quelques autres méritent d'être posées. Un chemin permettant de sortir de la dépendance à l'aide, en engageant les pays en développement sur le chemin de l'autosuffisance nationale et régionale, sera plus tard décrit dans ce livre sous le titre de « projet national ». S'émanciper de la dépendance à l'aide est un exercice d'économie politique. Il implique d'avoir confiance en la capacité du peuple d'un pays de parvenir par lui-même au développement, par l'utilisation et la gestion judicieuse de ses propres ressources naturelles, le travail de ses ouvriers, de ses paysans et entrepreneurs, l'ingéniosité de sa population. Le développement n'est pas (ne devrait pas être) affaire d'aide et, en tout cas pas, à laisser aux mains des donateurs. Ces derniers n'ont aucune obligation de transférer des ressources vers le Sud sans recevoir quelque chose en retour. Il est important de le comprendre. Même au sein du pays le plus riche de tous - les Etats-Unis - il y a des pauvres qui ont besoin de ses propres ressources. En vérité, les gouvernements du Sud devraient se sentir gênés de recevoir de l'aide de pays comme les Etats-Unis alors que dans ce pays de longues files d'attente se forment aux abords des soupes populaires, que les pauvres n'ont pas accès à des soins médicaux corrects et que l'endettement des ménages dépasse les 100 % de leurs revenus. Les gouvernements d'Afrique ne devraient pas demander de l'aide de pays comme la Chine ou l'Inde, alors que les pauvres de ces pays pourraient bien être encore plus pauvres que ceux d'Afrique. D'autres relations plus honnêtes pourraient être encouragées entre ces pays, comme celles fondées par exemple sur le commerce, les investissements, la technologie ou le tourisme, sans avoir recours à cette aide. Cette monographie se propose de fournir quelques réflexions sur la question de savoir comment les « donateurs » et les « bénéficiaires » pourraient se libérer eux-mêmes de cette dépendance à l'aide. Sortir de l'aide serait bon pour tout le monde. Cela devrait figurer en tête de l'agenda de tous les pays. Extraits de En finir avec la dépendance à l'aide, Yash Tandon (traduction française), préface à l'édition française par Samir Amin, PubliCetim n°34, coédition CETIM, Pambazuka Books, South Centre, Genève, novembre 2009, 224 pages, 978-2-88053-075-4, commande auprès du CETIM (www.cetim.ch), 12 CHF / 8 Euros. |
Monday, November 16, 2009
La question qui tue : « Aimez-vous la France ? »
par Sadri Khiari
La question "êtes-vous fiers d’être français" posée par Besson dans le cadre du pseudo-débat sur l’identité nationale recycle la formule de l’extrême-droite reprise par Sarkozy : « La France, tu l’aimes ou tu la quittes !" Nous en profitons, à notre tour, pour recycler un article paru en janvier 2007 dans le cadre d’un excellent dossier du numéro 3 de notre défunt journal « L’Indigène de la république ». Ci-dessous, la contribution de Sadri Khiari.
« La France, on l’aime ou on la quitte » dit l’autre. Certains, plus polis mais qui n’en pensent pas moins, nous demandent : « Aimez-vous la France ? ». Lorsque les enquêteurs de la police ont demandé aux salariés musulmans de Roissy s’ils aimaient la France, ils en ont révélé le sens. La question serait posée à un Américain qui aurait traversé l’océan pour découvrir le bar où Hemingway ingurgitait des litres d’alcool ; elle s’adresserait à un Japonais venu photographier la tour Effel, on la comprendrait. Et, pour être stupide, elle n’aurait pas plus de conséquences que cela. Mais elle est posée à des gens qui vivent ici, travaillent ici, qui souvent sont nés ici et sont donc français. Ils ont tout de même une particularité qui en fait des gens suspects : ils sont noirs, arabes ou musulmans. Leur origine plonge ses racines dans l’histoire esclavagiste et coloniale de la France. Nombreux parmi nous sont désarçonnés par une telle question. Ils sont français mais, à force d’entendre dire que leur présence ici n’est pas vraiment légitime, ils ont fini par y croire. Ils passent donc leur temps à dire « J’aime la France » et à pleurer de n’être pas aimés en retour. Et, d’une certaine manière, quand nous rappelons le rôle de nos parents dans la « reconstruction » de la France ou dans les guerres, nous nous plions à ce test permanent de loyauté. Prétendre ne pas aimer le manioc ou adorer le salé aux lentilles, c’est la même chose. D’autres, qui considèrent que quand on reçoit une claque sur la joue droite, il faut répondre par un coup de pied aux fesses, préfèrent répondre : « La France est une garce ». Ceux-là ont compris le piège.
Que signifie « Aimez-vous la France » ? A première vue, il s’agit-là d’une question. En vérité, il s’agit d’une réponse. Même deux réponses. Ou trois. La première d’entre elles, c’est la France : une entité dont l’origine se perd dans la nuit des temps (plus : qui pré-existerait à sa propre existence historique) et destinée à durer éternellement. Cette France est un territoire - un hexagone parfait -, un peuple - merveilleux -, un destin - illuminer l’humanité de ses feux libérateurs. Cette France qui en vérité n’existe pas est amenée à l’existence par cette formule magique : « Aimez-vous la France ? ». Le simple fait de poser cette question ou de dire « J’aime la France » suffit à faire du mythe une réalité. Et de nous en exclure par la même occasion. Paradoxalement, donc, quand on exige de nous d’aimer la France imaginaire, c’est bien la France réelle qu’il nous faudrait accepter sans mot dire. Tout ce qui nous offusque dans la société française telle qu’elle existe pour de vrai ne serait qu’accidents, contingences, réalités extérieures à la France fantasmée et auxquels, dans son essence, elle est censée échapper. On ne peut plus guère nous éjecter à coup de tatanes hors des frontières de la France concrète ; on nous évince alors de cette France idéelle, idéale et pure. Ce qui a pour effet très concret de nous mettre au ban de la France réellement existante. Car, quand on nous demande « Aimez-vous-la France ? », on nous signifie tout d’abord qu’on est « étranger », qu’on n’est pas d’ici. C’est là la deuxième réponse que contient la question.
Si l’on décompose la question en plusieurs sous-questions, on obtient ceci :
1) Aimez-vous l’Etat-nation français (« un et indivisible ») tel que l’ont sacralisé la Révolution de 1789 et la IIIème République ?
2) Aimez-vous les « us et coutumes » des Blancs qui peuplent ce pays et promettez-vous de vous y conformer ?
3) Aimez-vous le passé et le futur de cet Etat quoiqu’il ait pu se passer et quoiqu’il advienne ?
4) Vacillez-vous d’émotion à la pensée que Clovis s’est converti à la chrétienté ? Pleurez-vous Jeanne d’arc ? Etes-vous transportés d’allégresse en pensant aux triomphes de Napoléon ? Maudissez-vous les démons russes qui lui ont fait manger la pâtée en abandonnant leurs villes et villages comme des lâches, contraignant ainsi les pauvres soldats français à mourir de froid ? Vibrez-vous de fierté en pensant à la « prise de la smala d’Abdelkader » ?
5) Etes-vous prêts à soutenir les causes injustes de l’Etat français parce qu’au fond la France ne peut qu’être juste ?
6) Etes-vous prêts à « supporter » (odieux anglicisme) l’équipe de France contre l’équipe d’Algérie ou du Sénégal ?
7) Aimez-vous la France en bloc, y compris, les inégalités raciales qui en structurent la société ?
Toutes ces sous-questions ont l’air d’un bric-à-brac contradictoire. Mais il ne faut pas se fier aux apparences : la France idéale devant laquelle nous devrions nous prosterner, l’œil humide, est une immense brocante ; on y trouve les vieilleries de son histoire monarchique et chrétienne et les « modernités » de sa République laïque. Mixé dans la centrifugeuse nationale, tout cela donne une bouillie présentée dans de la fine porcelaine et au nom très chic d’ « exception française ». « Aimez-vous l’exception française, vous qui êtes des gens très ordinaires ? », voilà encore la question que l’on nous pose. La France imaginaire ne sert qu’à masquer la France concrète, historique, et sa république coloniale et raciste.
Si à cette question fatale, abruptement, nous répondons : « Non, je l’aime pas » ; alors de manière tout aussi fatale nous aurons avoué que nous ne sommes pas d’ici et que nous n’avons pas à nous vouloir citoyens ni à exiger quoique ce soit. Nous n’avons que les droits d’un étranger et qui plus est d’un étranger malpoli et ingrat. Si, au contraire, nous répondons « Oui, j’aime la France », alors, nous avons fait acte d’allégeance, trahi les nôtres et justifié le bannissement de tous ceux qui sont suspects de ne pas aimer cette France. Bref, si nous répondons « oui », on nous a retourné. Ceux qui répondent aimer cette France-là, la France du passé ou la France qui les écarte, ne disent pas « J’aime la France » ; ils disent « Je ne m’aime pas moi-même ». Et c’est ce qu’on attend d’eux. Parce que nous sommes coupables et que le coupable doit demander pardon. Coupables d’être ou de sembler différents. Or, la France qu’on doit aimer n’aime pas, elle, la différence puisque la différence serait la marque de son imperfection. Parfaite, la France est une essence idéale. Donc, par définition, homogène et immuable. Par conséquent, la question « Aimez-vous la France ? » signifie également ceci : « Prouvez-nous que, malgré cette différence qui fait de vous des non-Français à vie, vous êtes bien français. »
La France éternelle a une histoire mythique et, dans le même temps, comme substance, elle n’a pas d’histoire. Or, nous, nous sommes son histoire. L’histoire de l’esclavage, l’histoire de la colonisation, l’histoire de l’immigration néo-coloniale, l’histoire que nous fabriquons au jour le jour maintenant que nous sommes-là, d’ici et plus d’ailleurs. D’où le caractère anachronique de la question « Aimez-vous la France ? ». On ne nous demande pas : « Aimez-vous la France telle que vous l’avez re-créer par votre présence ? » mais « aimez-vous la France telle qu’elle existait avant que vous n’existiez ? ». Ce qui peut se dire d’une autre manière encore : « Nous, qui posons cette question, n’aimons pas cette France-là dont vous êtes malgré nous et autant que nous la chair et le sang ». En bref, la question « Aimez-vous la France » révèle chez ceux qui la posent et sont censés aimer naturellement la France, un manque de confiance dans la France. Ils ont une crise d’identité. Ou, quand il s’agit de politiciens, ils instrumentalisent la crise d’identité des Français blancs dont le « sentiment national » ne trouve plus à quoi s’accrocher. Il paraît que notre présence et la mondialisation y sont pour quelque chose...
Et la façon la plus simple, sinon la meilleure, de résoudre une crise d’identité, ce n’est pas de la questionner, c’est de construire un mur. La question « Aimez-vous la France ? » est donc comme un mur qui sépare en deux la population de ce pays. Il y a ceux qui sont censés naturellement aimer la France, même si au fond ils ne l’aiment pas ou qu’ils s’en contre-fichent - mais, ils ont le privilège d’être blancs, ce qui est synonyme d’aimer la France. Et ceux dont on imagine qu’ils n’ont aucune raison de l’aimer, de toutes façons, leur non-amour se lit dans leur corps et leurs manières de vivre. On ne peut pas aimer la France et la polluer ; or, leurs couleurs, leurs religions, leurs origines, polluent la France. C’est de nous bien sûr, Noirs, Arabes et musulmans qu’il s’agit, coupables par nature d’un grave délit : le non-amour. Comme nul n’est censé ignorer la loi, nul n’est censé ignorer l’amour de la France. Le verdict est contenu dans la question de l’enquêteur. Ainsi, les bagagistes de Roissy se sont vus privés de travail. Mais pour l’ensemble des suspects-coupables la sanction pénale du crime de non-amour supposé est le bannissement symbolique et réel à l’intérieur même des frontières de la France. Quand le tribunal France nous pose cette question, il nous montre du doigt ; il nous assigne aux yeux du reste de la communauté comme étranger à elle et potentiellement malfaisants. Aimer la France devient ainsi une nouvelle condition à la nationalité. Pour ceux qui ne sont pas français, c’est pire : aimer la France, cette France-là abstraite et mythique, est une condition pour simplement y vivre : « Aimez la France ou quittez-la ! »
La lutte pour une véritable citoyenneté de résidence et pour que le droit du sol ne débouche pas sur une nationalité vide ne peut donc se dire dans les seuls termes de l’égalité réelle. Ou plutôt, l’égalité ne sera réelle qu’à la condition de bousculer le mythe national français. Il s’agit en d’autres mots de déplacer le centre de gravité de la communauté politique pour qu’elle corresponde à la réalité présente de la France et plus encore pour qu’elle anticipe la France, région d’un monde sans centre de gravité, non-« gaulois », non-européocentrique, non blanco-centrique. Cette région, on pourra dire « Je l’aime » comme on aime sa rue, son quartier ou un vieux bonnet de nuit.
En attendant, on ne demandera pas à la France de nous aimer. On lui demandera simplement de se regarder dans un miroir. Non pas pour se dire « Je suis la plus belle » mais tout bonnement pour constater que la France est désormais noire, arabe et musulmane. Ce qui est ni moins bien, ni mieux. C’est comme ça, c’est tout.
Sadri Khiari, décembre 2007
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Sunday, November 15, 2009
L'Afrique a franchi le cap du milliard d'habitants
Le choc des chiffres, il est vrai, est rude. Alors qu'en 1950 l'Afrique (225 millions d'habitants) n'accueillait qu'un humain sur dix, le continent abrite aujourd'hui un homme sur sept. Et cette proportion devrait atteindre un sur cinq à l'horizon 2050, lorsque la population africaine aura doublé pour atteindre 2 milliards.
Aujourd'hui, déjà, un enfant sur quatre naît en Afrique, continent qui cumule les records démographiques : la plus forte fécondité (4,6 enfants par femme contre 2,5 de moyenne mondiale) et celui de la jeunesse (43 % des Africains subsahariens ont moins de 15 ans). Le troisième pays de la planète par sa natalité est le Nigeria, pays où naissent, chaque année, plus de bébés (6 millions) que dans l'ensemble de l'Union européenne (5 millions). Quant à l'Ouganda, c'est le pays le plus jeune du monde : 56 % de sa population a moins de 18 ans.
Ces marques de dynamisme se doublent d'indicateurs nettement moins enthousiasmants : la durée moyenne de la vie d'un Africain ne dépasse guère 53 ans en moyenne, soit quinze ans de moins que la moyenne planétaire ; la mortalité infantile y est vingt fois plus élevée qu'en Europe de l'Ouest, et la contraception 2,4 fois moins pratiquée qu'en Europe ou en Asie.
"C'est le moment de l'Afrique", estime néanmoins Gilles Pison, directeur de recherches à l'Institut national d'études démographiques (INED). "On a l'impression que rien ne change, que les Africains ont toujours beaucoup d'enfants. C'est à la fois vrai et faux", nuance le démographe, en soulignant la baisse continue de la natalité sur le continent. A un tableau immuable et catastrophique, il préfère la description d'une réalité contrastée, variant entre les Etats et entre zones rurales et urbaines.
Déjà, en dehors même du Maghreb, en pleine transition démographique (2,3 enfants par femme en Algérie et au Maroc, 1,9 en Tunisie), certaines zones du continent sont marquées par une nette baisse de la fécondité : 5 enfants par femme au Kenya contre 8 voilà trente ans ; 4,5 au Sénégal contre 7 il y a vingt-cinq ans. Même l'espérance de vie a fait de - lents - progrès, en dépit du sida : seize années ont été gagnées depuis 1950, grâce notamment aux campagnes de vaccination.
"La voie qu'empruntera l'Afrique subsaharienne vers la baisse de la fécondité sera probablement différente des autres régions du monde, indique M. Pison. Croire que des obstacles culturels y font irrémédiablement barrage n'est pas forcément juste. Ceux qui expliquaient voici quelques années que les machos sud-américains auraient toujours besoin de faire beaucoup d'enfants pour montrer leur virilité se sont trompés. On sous-estime la capacité de changement des sociétés."
SCOLARISATION
Tout porte à croire que la baisse de la fécondité continuera d'être plus lente en Afrique qu'ailleurs. La polygamie, clé de voûte de la structure familiale, favorise la multiplication des naissances. Mais cette inertie n'est pas à mettre au seul débit des populations. L'un des principaux vecteurs de ce changement est la scolarisation, singulièrement celle des filles, qui retarde les grossesses et facilite l'accès à la contraception. Or, pour l'heure, seuls 30 % des jeunes Africains fréquentent un établissement d'enseignement secondaire, soit la moitié de la moyenne mondiale.
"La contraception peut se diffuser à vive allure dans des campagnes africaines peu favorisées socio-économiquement", écrit Emmanuelle Guyavarch, de l'INED, qui, avec Gilles Pison, suit trois villages sénégalais sur une longue durée. Les freins et les échecs, estime-t-elle, "ne tiennent pas tant à une méconnaissance de la contraception (...) ou à un refus qu'à la difficulté d'y accéder."
Enquête à l'appui, les démographes montrent comment, dans un dispensaire rural, le seul remplacement d'un infirmier actif et convaincu par un autre, plus réticent, peut faire dégringoler la pratique de la contraception. Pointant les effets de "services souvent mal organisés et peu efficaces", ils concluent : "Les femmes et les hommes d'Afrique sont, plus qu'on ne l'imagine, prêts au changement."
Si plusieurs pays - Afrique du Sud, Namibie, Kenya, Zimbabwe - mènent une véritable politique de planning familial, la contraception reste souvent perçue en Afrique comme le produit d'une intervention étrangère. "Certains responsables entonnent un discours politiquement correct, favorable à la limitation des naissances, quand ils s'adressent aux bailleurs de fonds internationaux, constate un observateur africain averti. Mais entre Africains, ils n'en pensent pas un mot." Les influences religieuses encouragent aussi ce double langage, qui revient à présenter la contraception comme une arme des pays riches offensant les traditions locales.
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