par Anne-Cécile Robert, jeudi 29 mars 2012
Très nette et obtenue dans le calme, la victoire de M. Macky Sall à la présidentielle sénégalaise le 25 mars (65,80 % des voix contre 34,20 % au chef de l’Etat sortant Abdoulaye Wade) rassure sur la solidité de la démocratie dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Après un début de campagne chaotique marqué par la répression policière des manifestations, le second tour s’est déroulé dans la sérénité. Le taux de participation a été de 55 %, légèrement supérieur à celui du premier tour du 26 février (51,58 %).
Confirmant la maturité des institutions sénégalaises, le président Wade avait reconnu sa défaite et félicité son adversaire dès dimanche soir, après publication des premiers résultats qui montraient qu’il était largement battu.
La situation politique du Sénégal contraste avec l’instabilité qui règne par exemple au Niger et au Mali où un coup d’Etat a eu lieu en pleine campagne électorale, mercredi 21 mars (1). La tradition démocratique est ancienne au Sénégal. Pendant la colonisation, à la fin du XIXe siècle, l’Assemblée nationale française avait reconnu la citoyenneté aux Sénégalais des quatre communes (Dakar, Saint Louis, Gorée et Rufisque) qui pouvaient voter et se présenter aux élections. Dès les années 1970, alors que la plupart des pays d’Afrique subissaient des régimes de parti unique, le président Leopold Sedar Senghor avait ouvert son pays au multipartisme (quatre formations reconnues). En 2000, après quatre décennies sous la direction du Parti socialiste, le libéral Abdoulaye Wade avait été élu contre Abdou Diouf qui avait reconnu sa défaite avec panache.
Les électeurs sénégalais ont pris l’habitude de se mobiliser lors des consultations électorales, notamment pour éviter les fraudes. Ils se relaient ainsi dans les bureaux de vote afin de signaler, par téléphone mobile, les éventuelles irrégularités aux radios et associations de défense des droits humains.
Après douze ans de présidence Wade, les attentes sont grandes dans la population, sur les questions de pouvoir d’achat et d’emploi en particulier. La situation du pays s’est dégradée au point qu’il est désormais classé parmi les moins avancés. Le nouveau chef de l’Etat aura fort à faire pour de pas décevoir ses concitoyens.
(1) Lire Philippe Leymarie, « Comment le Sahel est devenu une poudrière », Le Monde diplomatique, avril 2012, en kiosques.
La vie politique sénégalaise ressemble à un chaudron de déception et de colère sur fond de crise sociale. Mais le mal dont souffre le pays — en panne de croissance — déborde le cadre des clivages politiciens.
Après avoir longtemps fait figure de référence en Afrique, la démocratie sénégalaise traverse une crise profonde. Le régime mis en œuvre par le parti du président Abdoulaye Wade se trouve aujourd’hui affublé d’un projet dynastique.
La tension politique et sociale grimpe au Sénégal. Le président Abdoulaye Wade a annoncé qu’il rompait les discussions avec l’opposition. La situation politique est critique dans le pays depuis la réélection du chef de l’Etat au premier tour de la présidentielle en mars 2007.
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