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Friday, August 05, 2011

France-Afrique: de la politique africaine de Nicolas Sarkozy | La Nouvelle Tribune - Infos




Écrit par Par Olympe BHÊLY-QUENUM


Il faut ressasser certains propos: l’exigence en est l’amnésie des gens ou leur rétivité à sous-estimer les maux et les blessures qui ne sont pas les leurs; le 19 mai 2006, Nicolas Sarkozy se présenta à Cotonou ès qualités candidat de la «rupture»; coutumier des idées fixes à géométrie variable, il déclarera dans son programme: «Je favoriserai le développement des pays pauvres, en cessant d’aider les gouvernements corrompus»
La même année, il pérora à Bamako: «La France, économiquement, n’a pas besoin de l’Afrique. Les flux entre la France et l’Afrique représentent 2% de notre économie».
Son arrogance et son dédain m’ont fait revenir à l’esprit la réflexion du grand philosophe juif Emmanuel Levinas déjà citée dans ma riposte : «Revenir à soi, ce n’est pas s’installer chez soi, fût-on dépouillé de tous acquis ; c’est, comme un étranger, être pourchassé jusqu’à chez soi, contesté dans son identité et dans sa pauvreté même.»
L’insulte ni l’humiliation ne l’empêchaient pas de recourir à la supercherie révélée par La Lettre du Continent: « [….] le candidat de l’UMP cloisonne ses relations avec les dirigeants africains à travers une myriade d’émissaires. C’est ainsi avec son seul directeur de campagne, Claude Guéant, qu’il voit les émirs du golfe de Guinée comme le doyen Omar Bongo ou le président Denis Sassou Nguesso. C’est l’ancien ministre Olivier Stirn qui le représentait, le 3 avril à Dakar à l’investiture du président Abdoulaye Wade. Officiellement les dossiers sont gérés par le conseiller diplomatique David Martinon avec Pierre Régent et un jeune diplomate “africain” Bons Bouton. Parmi les secrétaires nationaux de l’UMP, les ex-ministres .Jacques Godfrain et Hervé de Charrette, ne sont pas avares de notes, de même que Michel Barnier.»
On pourrait y ajouter François Jay de la SEM Coopération 92 ; à son sujet, on a pu lire : « Sarkozy a par ailleurs recruté François Jay, un ancien de Bolloré » dans Lettre du continent n°210) qui souligna: « Bunkérisés dans l’Hexagone […] les candidats à la présidence de la République française n’ont pas vraiment eu l’occasion (ou cherché) de définir ce que seront leurs rapports avec l’Afrique…L’équation Afrique/immigration a totalement pollué toute perspective de nouvelles relations avec un continent dont les extraordinaires potentialités sont aussi fortes que sa capacité de nuisance. »
 
Pas un journal de l’Hexagone ne faisait allusion à l’ambiguïté des méthodes du candidat ; sidéré, j’ai à maintes reprises reproduit les informations ci-dessus dans mes interventions encore présentes à la rubrique Politique de mon site : www.obhelyquenum.com
Le pire étant toujours possible quand on n’a pas la moindre idée du terrain sur lequel on s’avance, élu président de la République française, ex-Mère Patrie de l’Afrique francophone régentée par un cancer dénommé Françafrique, Monsieur Nicolas Sarkozy fit entendre à Dakar, à l’Université Cheikh Anta Diop :
«Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.»
À moins qu’il ne soit dénaturé ou un paria, quel Africain oubliera ce coup de massue, poncif hégélien crânement raciste ? Qu’à cela ne tienne, puisque «l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire», il était légitime, en 2007, de ne faire aucun cas de ce fait historique: «après les accords de Munich, la France affaiblie n’aurait jamais pu se maintenir parmi les grandes puissances, sans ses colonies en tant qu’alliées.»
Depuis l’innommable discours de Dakar, il y a eu en Afrique des élections présidentielles dont certaines, sans être exemplaires, avaient le mérite d’avoir été un tant soit peu démocratiques; mais en 2011, trucages, irrégularités, truanderies ont atteint leur apogée au Bénin par une forfaiture répréhensible dont la conséquence aurait dû être l’annulation d’une telle mascarade; dans le creuset du Vodún court maintenant le bruit que le chef d’Etat failli du pays piégé envisagerait la révision de la Constitution ; le peuple ainsi que les artistes de l’ex-colonie française dont la servilité du Premier magistrat est accablante auront-ils le courage des Sénégalais? Ils ont infligé au président Wade une défaite qu’illustre le savoureux apophtegme de Montaigne selon lequel «plus haut monte le singe, plus il montre son cul».
La déconfiture du projet du grand juriste également homme de culture qu’est Abdoulaye Wade est due, «aussi» m’a écrit un ami, «à la mobilisation des intellectuels et des artistes parmi lesquels le rappeur Didier Awadi rejoint par Youssou N'Dour».
Ne s’étant pas compromis, ils n’en endossaient pas les boubous de compradors; que le projet de Wade s’en soit allé en eau de boudin est une autre preuve que celui qui, depuis Paris, s’impose avec tant d’autorité aux chefs d’Etat de l’Afrique francophone, a précisément l’avantage qu’eux-mêmes lui laissent pour les ridiculiser, voire les détruire; candidat unique de l’UMP à l’élection présidentielle de 2012, il a dû éprouver le camouflet de son soutien rapporté par Le Canard enchaîné; chercher à associer Barack Obama à la politique africaine de la France sous le règne de Nicolas Sarkozy est une démarche dont la stupidité a dû faire pouffer l’African-American de la Maison Blanche.
C’est la perspicacité de Maryvonne, ma femme, qui a attiré mon attention sur l’article du Canard enchaîné dont je conseille la lecture: à visage découvert, la politique africaine de la France est régulée par le cancer Françafrique; grâce aux compromissions des chefs d’Etat, celles aussi, hélas! de certains intellectuels et artistes qui auraient dû se constituer en un contre-pouvoir infaillible, l’Afrique francophone demeure le sempiternel vassal de quelques coteries qui la hongrent.
La Chine s’en amuse, surfe en creusant ses sillons. Quel Africain loyal s’en plaindrait? Çà et là en Grèce, dans une rue, au marché comme dans un grand magasin, je les ai vus s’exprimer en grec avec des Grecs. Combien de Français bon teint résidents en Afrique sauraient en faire autant?


Par Olympe BHÊLY-QUENUM



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