La République du Bénin fête en grande pompe, le 1er août à Porto Novo, la capitale, le cinquantième anniversaire de son accession à l’indépendance. Née Dahomey cette république s’est rebaptisée Bénin, précédé à un moment, du qualificatif populaire pour bien marquer sa période révolutionnaire en rupture avec son passé. Son histoire est un mélange de prestige et de désordre politique qui à l’arrivée ne distinguent pas ce pays, autrefois appelé quartier latin de l’Afrique, des autres Etats africains.
La fastueuse célébration du cinquantenaire de l’indépendance n’est pas à l’image de la réussite du pays. Constitué autour du royaume du Dahomey (Dan-Homè), ce petit pays n’a jamais pu se défaire de son passé esclavagiste qu’il traîne comme un boulet. Le nouvel ordre colonial français vécu par les citoyens de cet espace comme une échappatoire avait fourni aux bourreaux et aux victimes de bonnes raisons d’occulter le passé en succombant aux sirènes de l’inconnu. L’instruction y a trouvé son compte.
En effet, ce petit pays a fourni à l’administration coloniale la petite main serviable et de nombreux cadres dans tous les pays constituant l’ancienne Afrique occidentale française, AOF. Ils étaient enseignants, fonctionnaires, cadres médicaux… Et, la perspective de l’autonomie des territoires augurait d’un avenir brillant pour ce pays qui faisait de son armée d’intellectuels une force de décollage sans risque. Mais très vite, ce qui apparaissait comme une chance a été une force bruyante et dispersée ; comme dans une cour de récréation avec des enfants qui s’amusent à se faire peur. « Des intellectuels tarés », disait le général président Mathieu Kérékou qui n’était pas lui non plus exempt de tout reproche, lui qui avait installé un pouvoir autoritaire de 17 ans (1972-1989). Une dictature marxiste-léniniste qui a conduit le pays à la ruine.
La refondation
Les militaires qui avaient pris le pouvoir en 1972 voulaient en finir avec l’instabilité politique et les coups d’Etat dont le Dahomey s’était fait une spécialité. Toutes les combinaisons politiques de l’histoire de la République en France ont été testées en moins de douze années d’indépendance. Même si les officiers dahoméens avaient pris exemple sur son coup d’Etat, Napoléon Bonaparte ce serait certainement étonné du montage, qui, à l’inverse de lui, instaurait un Directoire militaire en décembre 1969 au Dahomey. Contrairement au Directoire en France (26 octobre 1795 - 9 novembre 1799) où l’exécutif est exercé par un collège de 5 directeurs et où chaque année le Conseil des anciens désignait un chef, (présidence tournante), le directoire militaire dahoméen, lui, confiait ce fonctionnement aux anciens leaders politiques dans un Conseil présidentiel. L’échec de toutes ces expériences politiques a conduit le Dahomey sur la voie de la révolution, tout à rebrousse poils de l’expérience française.
Dès octobre 1972, le pays s’est engagé dans une refondation totale jusqu’au changement de nom, le Bénin, en 1975, seul héritage politique de cette période que les Forces vives de la nation, appelées à la rescousse en 1989, ont gardé. Le marxisme-léninisme, adopté en 1974, a été jeté aux orties, oublié très vite comme un mauvais rêve. C’est du Bénin qu’est parti le « vent du renouveau démocratique » en Afrique qui a progressivement mis fin aux régimes de parti unique. Les conférences nationales censées mettre fin aux dictatures y ont vu le jour. La petite expérience démocratique de ce pays qui a connu la cohabitation et l’alternance politiques est souvent citée en exemple.
La politique sans l'économie
Aux montages politiques s’étaient adonnés les Béninois au détriment des vraies questions de développement. Producteurs d’huile de palme, par exemple, référencé au début des années 60 en Afrique, le Bénin est tombé dans les abîmes du classement mondial. A titre de comparaison, la Malaisie et l’Indonésie qui n’étaient que de modestes producteurs dans les années 60-70 occupent aujourd’hui les premières places reléguant les pays africains à des distances respectables : plus de 19 millions de tonnes pour l’Indonésie en 2008 contre quelque 910 000 tonnes pour le Nigéria, premier producteur africain. Cet exemple est à l’image de la réussite du secteur industriel.
Heureusement que, face au « rien n’est fait » reste une lueur d’espoir pour le « tout est à faire ». Croire en l’avenir est encore ce que les politiques vendent de mieux.
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