PARIS (Reuters) - Droite et gauche s'opposent vivement sur la politique de Nicolas Sarkozy envers la Chine, où le président français est attendu pour la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin au terme d'une visite-éclair destinée à décrisper les relations bilatérales.
Parallèlement, organisations de défense des droits de l'homme et associations de soutien à la cause tibétaine mettaient la dernière main aux manifestations prévues à l'heure de la retransmission télévisée, vendredi.
Accompagné de plusieurs dirigeants de l'UMP, ministres et anciens athlètes, Nicolas Sarkozy devait partir en fin de journée vers Pékin, où il passera une dizaine d'heures vendredi.
Après une visite du village olympique, il doit s'entretenir avec le président chinois Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao.
Il doit ensuite assister en tant que président de l'Union européenne à une cérémonie d'ouverture boudée par les dirigeants des plus grands pays des Vingt-Sept, comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Espagne.
Au nom de l'UE, le président français a fait remettre jeudi aux autorités chinoises une liste de prisonniers et de défenseurs des droits de l'homme, a fait savoir le ministère des Affaires étrangères.
Nicolas Sarkozy avait un temps subordonné sa présence à Pékin à la reprise du dialogue sino-tibétain et laissé entendre qu'il pourrait rencontrer le dalaï-lama, ce qui avait déclenché la colère des autorités chinoises qui y voyaient une ingérence dans leurs affaires intérieures.
L'épouse du chef de l'Etat, Carla Bruni-Sarkozy, assistera en revanche à l'inauguration d'un temple bouddhique par le chef spirituel tibétain fin août, dans l'Hérault.
Dans un communiqué, l'UMP a indiqué qu'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama pourrait avoir lieu "avant la fin de l'année."
L'Elysée n'a souhaité faire "aucun commentaire" à ce sujet mais le représentant du dalaï-lama en France, Wangpo Bashi, a dit espérer une rencontre avant fin 2008.
"Nous travaillons avec les collaborateurs du président de la République pour envisager d'un commun accord une rencontre dès cette année mais à une autre date", a-t-il dit sur France info.
"COURBETTES"
Wangpo Bashi a confirmé que le dalaï-lama n'avait pas souhaité lui-même rencontrer le président lors de son séjour estival en France, du 13 au 23 août.
"Vu la situation entre la France et la Chine et vu la situation aujourd'hui encore très tendue au Tibet, il serait presque pénalisant pour notre cause qu'il y ait cette rencontre", a-t-il estimé.
Sur le plan des droits de l'homme et des relations franco-chinoises, "Nicolas Sarkozy perd aujourd'hui sur tous les tableaux", estime Le Monde dans son éditorial de vendredi.
Les autorités chinoises "savent désormais quel poids il faut accorder aux exigences françaises", écrit le quotidien pour qui "mieux valait s'abstenir de bomber le torse quelques semaines avant d'aller à Canossa".
Jeudi matin, les dirigeants de l'UMP ont défendu les choix présidentiels, saluant une posture de chef d'Etat soucieux de l'équilibre international à long terme.
Interrogé sur RTL, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a assuré que le chef de l'Etat parlerait des droits de l'homme avec les autorités chinoises "droit dans les yeux".
Pour Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, "le président de la République a fait le choix du coeur et de la raison face aux donneurs de leçons qui ne connaissent que l'incantation démagogique".
Dans un communiqué, le Parti socialiste déplore "un renoncement de plus" du président français.
"C'est grotesque de prétendre qu'il va pouvoir, entre deux portes, plaider la cause des dissidents", déclare pour sa part l'ancien secrétaire général de l'Elysée Jean-Louis Bianco.
Nicolas Sarkozy va à Pékin "sans avoir rien obtenu en échange. La France ne s'honore pas d'une telle attitude", juge le député socialiste qui craint qu'un "rideau de fer" tombe sur le Tibet après les JO.
Daniel Cohn-Bendit, qui s'était emporté contre la politique chinoise de Nicolas Sarkozy en juillet au Parlement européen, a dénoncé une "stratégie perdante".
Au final, "c'est donner toujours raison aux Chinois (...) qui ne fonctionnent qu'au chantage", estime le député européen écologiste dans un entretien au site internet Rue89.
Selon Robert Ménard, les "courbettes" françaises ne serviront à rien et surtout pas "à vendre une nouvelle centrale nucléaire, un TGV ou un Airbus".
La politique de Nicolas Sarkozy est une "suite de capitulations et de lâcheté", a déclaré à Reuters TV le secrétaire général de Reporters sans frontière (RSF) qui maintient son appel à un rassemblement près des Champs-Elysées vendredi pour contourner un arrêté préfectoral interdisant les manifestations dans les environs de l'ambassade de Chine.
Laure Bretton, édité par Pascal Liétout
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