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Le Mensonge peut courir un an, la vérité le rattrape en un jour, dit le sage Haoussa .

Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur.










Saturday, July 31, 2010

Bénin : 50 ans d’indépendance… politique

Par Didier Samson
La République du Bénin fête en grande pompe, le 1er août à Porto Novo, la capitale, le cinquantième anniversaire de son accession à l’indépendance. Née Dahomey cette république s’est rebaptisée Bénin, précédé à un moment, du qualificatif populaire pour bien marquer sa période révolutionnaire en rupture avec son passé. Son histoire est un mélange de prestige et de désordre politique qui à l’arrivée ne distinguent pas ce pays, autrefois appelé quartier latin de l’Afrique, des autres Etats africains.
Un contingent féminin de l'armée béninoise défilant sur les Champs-Elysées, à Paris, le 14 juillet 2010.
La fastueuse célébration du cinquantenaire de l’indépendance n’est pas à l’image de la réussite du pays. Constitué autour du royaume du Dahomey (Dan-Homè), ce petit pays n’a jamais pu se défaire de son passé esclavagiste qu’il traîne comme un boulet. Le nouvel ordre colonial français vécu par les citoyens de cet espace comme une échappatoire avait fourni aux bourreaux et aux victimes de bonnes raisons d’occulter le passé en succombant aux sirènes de l’inconnu. L’instruction y a trouvé son compte.
En effet, ce petit pays a fourni à l’administration coloniale la petite main serviable et de nombreux cadres dans tous les pays constituant l’ancienne Afrique occidentale française, AOF. Ils étaient enseignants, fonctionnaires, cadres médicaux… Et, la perspective de l’autonomie des territoires augurait d’un avenir brillant pour ce pays qui faisait de son armée d’intellectuels une force de décollage sans risque. Mais très vite, ce qui apparaissait comme une chance a été une force bruyante et dispersée ; comme dans une cour de récréation avec des enfants qui s’amusent à se faire peur. « Des intellectuels tarés », disait le général président Mathieu Kérékou qui n’était pas lui non plus exempt de tout reproche, lui qui avait installé un pouvoir autoritaire de 17 ans (1972-1989). Une dictature marxiste-léniniste qui a conduit le pays à la ruine.
La refondation
Les militaires qui avaient pris le pouvoir en 1972 voulaient en finir avec l’instabilité politique et les coups d’Etat dont le Dahomey s’était fait une spécialité. Toutes les combinaisons politiques de l’histoire de la République en France ont été testées en moins de douze années d’indépendance. Même si les officiers dahoméens avaient pris exemple sur son coup d’Etat, Napoléon Bonaparte ce serait certainement étonné du montage, qui, à l’inverse de lui, instaurait un Directoire militaire en décembre 1969 au Dahomey. Contrairement au Directoire en France (26 octobre 1795 - 9 novembre 1799) où l’exécutif est exercé par un collège de 5 directeurs et où chaque année le Conseil des anciens désignait un chef, (présidence tournante), le directoire militaire dahoméen, lui, confiait ce fonctionnement aux anciens leaders politiques dans un Conseil présidentiel. L’échec de toutes ces expériences politiques a conduit le Dahomey sur la voie de la révolution, tout à rebrousse poils de l’expérience française.
Dès octobre 1972, le pays s’est engagé dans une refondation totale jusqu’au changement de nom, le Bénin, en 1975, seul héritage politique de cette période que les Forces vives de la nation, appelées à la rescousse en 1989, ont gardé. Le marxisme-léninisme, adopté en 1974, a été jeté aux orties, oublié très vite comme un mauvais rêve. C’est du Bénin qu’est parti le « vent du renouveau démocratique » en Afrique qui a progressivement mis fin aux régimes de parti unique. Les conférences nationales censées mettre fin aux dictatures y ont vu le jour. La petite expérience démocratique de ce pays qui a connu la cohabitation et l’alternance politiques est souvent citée en exemple.
La politique sans l'économie
Aux montages politiques s’étaient adonnés les Béninois au détriment des vraies questions de développement. Producteurs d’huile de palme, par exemple, référencé au début des années 60 en Afrique, le Bénin est tombé dans les abîmes du classement mondial. A titre de comparaison, la Malaisie et l’Indonésie qui n’étaient que de modestes producteurs dans les années 60-70 occupent aujourd’hui les premières places reléguant les pays africains à des distances respectables : plus de 19 millions de tonnes pour l’Indonésie en 2008 contre quelque 910 000 tonnes pour le Nigéria, premier producteur africain. Cet exemple est à l’image de la réussite du secteur industriel.

DOSSIER SPÉCIAL 50 ANS DES INDÉPENDANCES AFRICAINES
© J-B. Pellerin
Même si dans la plupart des pays africains on se réjouit de fêter 50 années d’indépendance, force est de constater qu’en matière de développement, le chantier est encore loin d’être entamé. Les voies de communications laissent encore à désirer. Au Bénin, l’unique chemin de fer censé se prolonger jusqu’au Niger enclavé, ne fonctionne quasiment plus. Il date de l’ère coloniale. Les délestages et autres coupures d’eau font partie du folklore local et en rajoutent aux approximations qui font le lit à la débrouillardise généralisée.
Heureusement que, face au « rien n’est fait » reste une lueur d’espoir pour le « tout est à faire ». Croire en l’avenir est encore ce que les politiques vendent de mieux.

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Du Dahomey au Bénin en quelques dates clé


L'ambassadeur du Dahomey en France, Emile Zinsou (à gauche), serre la main du ministre des Affaires étrangères, Maurice Couve de Murville, au cours d'une cérémonie au Quai d'Orsay le 08 mars 1962 à Paris.
L'ambassadeur du Dahomey en France, Emile Zinsou (à gauche), serre la main du ministre des Affaires étrangères, Maurice Couve de Murville, au cours d'une cérémonie au Quai d'Orsay le 08 mars 1962 à Paris.
AFP
Par Didier Samson
C’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que les contours des institutions politiques africaines se sont dessinés. Le rôle des nouveaux élus locaux a été primordial dans l’édification des régions qui ont accédé plus tard à l’indépendance. L’espace du Dahomey (actuel Bénin), accolé au Togo a été un laboratoire dans l’art de découper un territoire livré aux jeux et alliances politiques, d’où deux républiques verront le jour.



Sourou Migan Apithy.
DR
En 1945, le gouvernement provisoire français avait instauré une représentation à double collège pour les colonies au sein de l’Assemblée nationale : le premier regroupait les citoyens français et le second les sujets de l’empire colonial. C’est à ce titre que Sourou Migan Apithy a été le premier élu, représentant le Dahomey et le Togo à côté du révérend-père Francis Aupiais, en octobre 1945,  
A l’Assemblée nationale française, les députés constituaient des groupes qui allaient marquer le plus souvent une opposition franche entre les représentants « africains » et les « citoyens » français censés tous représenter le même territoire colonial. Toute l’histoire politique du Dahomey devenu Bénin s’est nouée à cette époque. Au palais Bourbon à Paris (siège de l’Assemblée nationale), Sourou Migan Apithy avait rejoint le groupe constitué par la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO), alors que le révérend-père Aupiais était dans le groupe opposé du Mouvement républicain populaire (MRP). 
Le révérend-père Francis Aupiais.
DR
Les courants politiques allaient manifester davantage leur opposition en octobre 1946 lors du congrès fondateur de Rassemblement démocratique africain (RDA) à Bamako. La délégation du Dahomey y a tenu une importante place avec Sourou Migan Apithy élu vice-président, Louis-Ignacio Pinto président de la commission de la politique générale mais Emile Derlin Zinsou a, lui, refusé le poste de secrétaire général reprochant au nouveau RDA son affiliation au Parti communiste français (PCF).
 
Dès ce premier couac l’histoire politique du Dahomey sera jalonnée d’alliances et de partis qui se font et se défont au gré des intérêts et querelles entre dirigeants.
Peu avant la constitution du RDA, c’est la quatrième République qui naissait en France le 13 octobre 1946. Elle ouvrait la voie à la formation du Conseil général par territoire dont celui du Dahomey vit le jour le 15 novembre 1946. Ses représentants constitueront un Conseil de la République qui siègera au Grand conseil de l’Afrique occidentale française (AOF) et à l’Assemblée de l’Union française. C’est à cette même période qu’on situe la naissance du premier grand parti dahoméen : Union progressiste dahoméenne, UPD avec Sourou Migan Apithy. Un second groupe influent, le Bloc populaire africain (BPA) s’installait aussi sur l’échiquier politique mené par Emile Poisson et Justin Tométin Ahomadégbé, dès le mois de décembre 1946. 

Emile Poisson.
DR
Mais en 1947 au rythme de l’instabilité politique en France, une série d’élections ouvrait la voie à une période d’agitation politique devenue le lot de ce territoire qui préparait fiévreusement son autonomie. Par ailleurs l’éloignement des représentants dahoméens au sein des institutions de la 4e République à Dakar et à Paris va favoriser l’émergence de groupuscules et de nouveaux leaders qui ont développé un discours de terrain avec des préoccupations immédiates. Des scissions apparaîtront au sein de l’UPD et marqueront à jamais la vie politique de ce futur Etat. 
Justin Tométin Ahomadégbé.
DR

 
En mai 1951 les élections à l’Assemblée nationale française révèlaient une profonde rupture. L’UPD implose. Le leader légendaire Apithy est contesté. Il va aux élections avec une liste « Union française ». Les natifs du nord du Dahomey auxquels le comité directeur de l’UPD avait refusé une seconde place sur la liste claquent la porte et fondent le Groupement ethnique du nord du Dahomey (GEND) qui deviendra plus tard le Mouvement démocratique dahoméen (MDD). Son leader, Hubert Maga est élu. Une fois les sièges attribués Apithy crée son parti : le Parti républicain du Dahomey (PRD).
 
Les querelles de personnes créent des courants aux lignes floues au sein des partis au sud du pays, alors que dans le nord Hubert Maga réussit à hisser son mouvement au rang de parti rassembleur et en août 1957 le MDD devient le Rassemblement démocratique dahoméen (RDD), alors qu’au sud une kyrielle de partis enterrent l’historique UPD. En marge de ce bouillonnement politique l’histoire va continuer de s’écrire. En mai 1957 Sourou Migan Apithy est élu vice-président du Conseil de gouvernement du Dahomey, le poste de président étant réservé de droit au gouverneur de la colonie.
 
A Paris, Jacques Foccart, chargé des relations africaines, et Hubert Maga, président du Dahomey.
AFP
Le 28 septembre 1958 le Dahomey dit Oui au référendum instituant la Ve République en France et à la Communauté française. Le 4 décembre 1958 Apithy est tout nouveau président du Conseil de gouvernement. Mais ironie du sort, contrairement à ce qui s’est passé dans la plupart des anciennes colonies accédant à l’indépendance, cette position de président du Conseil de gouvernement ne le portera pas à la tête du nouvel Etat.
 
En Avril 1959 la première Assemblée nationale dahoméenne est élue sans majorité politique distincte. C’est alors un gouvernement d’union nationale qui conduira le pays à l’indépendance. Deux grands groupes politiques se constituent au sud du pays autour de deux leaders, Apithy et Ahomadégbé inconciliables. Cette situation profite à Hubert Maga qui reçoit le soutien de l’Union démocratique dahoméenne (UDD-RDA) de Justin Ahomadégbé. Il est élu premier président du Dahomey, le 26 juillet et proclame l’indépendance du pays le 1er août 1960.
 

Christophe Soglo.
DR
Mais le 28 octobre 1963 le colonel Christophe Soglo prend le pouvoir ouvrant ainsi le ban des coups d’Etat militaires. En Janvier 1964 il confie les rênes du pouvoir à Sourou Migan Apithy. Ce dernier est vite démis de ses fonctions et remplacé par Justin Ahomadégbé. Mais de nouvelles tensions politiques ramèneront, en décembre 1965, les militaires au pouvoir,  avec le même Christophe Soglo devenu entre temps général.
 
Mais au rythme d’un coup d’Etat militaire tous les 18 mois environ, tous les leaders politiques ont, à un moment ou un autre, été portés à la présidence de la République. En mai 1970, un Conseil présidentiel a été instauré avec Hubert Maga, Justin Tométin Ahomadégbé et Sourou Migan Apithy. Une présidence tournante tous les 2 ans est prévue avant des élections générales. Mais un nouveau coup d’Etat militaire interrompt l’expérience, le 26 octobre 1972. Le commandant Mathieu Kérékou prend la tête d’un gouvernement militaire révolutionnaire qui mettra un terme définitif aux coups d’Etat.

Le président français, François Mitterrand, est accueilli par le président béninois Mathieu Kerekou à Cotonou, au Bénin, le 16 janvier 1983.
AFP
Ce régime transforme la vie politique, sociale et économique du Dahomey. Il décrète le marxisme-léninisme comme doctrine d’Etat le 30 novembre 1974 avant de procéder un an plus tard, le 30 novembre 1975 au changement de nom. La République populaire du Bénin naît avec l’instaurant d’un parti unique, le Parti de la révolution populaire du Bénin (PRPB). Le 30 novembre est décrété fête nationale à la place du 1er août.  
 
Le régime se durcit : nationalisations, réformes agraire, scolaire et universitaire, centralisme démocratique, police politique, tous les ingrédients de la dictature sont réunis. Le pays s’enlise dans une profonde crise sociale et économique poussant le régime à renoncer à l’idéologie du marxisme-léninisme en décembre 1989. Les Forces vives de la nation sont convoquées pour une conférence nationale en février 1990 qui suspendra la constitution en provoquant de fait la fin du régime Kérékou. Il sera tout de même maintenu au pouvoir désormais contrôlé par un Haut conseil de la république avec Nicéphore Soglo comme Premier ministre en mars 1990. Une nouvelle constitution est adoptée en décembre 1990 avec l’instauration du multipartisme. Les premières législatives de l’ère du renouveau démocratique sont organisées en février 1991 et dans la foulée la présidentielle porte Nicéphore Soglo à la magistrature suprême.


Nicéphore Soglo.
AFP

 
Cinq ans plus tard il est battu par Mathieu Kérékou qui se fera réélire pour un deuxième et dernier mandat en 2001. La rénovation de l’Etat se poursuit avec les premières élections municipales et communales en décembre 2002. Un nouveau président de la République, Boni Yayi est élu en avril 2006 confirmant ainsi l’ancrage et le respect des institutions de la République.
 



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Monday, July 19, 2010

Immigration en France 2



Ce documentaire est composé d'images d'archives qui nous montrent comment étaient perçues tout au long du siècle les populations des territoires colonisés par la France, puis essait de comprendre ou d'expliquer l'installation dans les mentalités de certains clichés qui persistent.
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Immigration en France 1



Ce documentaire est composé d'images d'archives qui nous montrent comment étaient perçues tout au long du siècle les populations des territoires colonisés par la France, puis essait de comprendre ou d'expliquer l'installation dans les mentalités de certains clichés qui persistent. 
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Thursday, July 15, 2010

1960-2010, 50 ans d’interventions militaires françaises en Afrique


Opération "Bouledogue" : le port de Bizerte, en Tunisie.
Opération "Bouledogue" : le port de Bizerte, en Tunisie.
(CC)
Par Olivier Fourt
Après les indépendances, la France signe une vingtaine d’accords de défense et de coopération avec ses anciennes colonies africaines. En vertu de ses accords, ou afin de venir en aide à ses ressortissants, l’armée française est intervenue à près de quarante reprises sur le sol africainen l’espace d’un demi-siècle. Certaines opérations françaises n’ont duré que quelques jours, d’autres ont donné lieu à des déploiements beaucoup plus longs. Une présence militaire, et des «coups de force», devenus des symboles d’une certaine «France-Afrique en kaki», sur lesquels le président Sarkozy dit vouloir tourner la page.
1961 : Opération «Bouledogue» (transformée en opération «Charrue longue» pour le maintien de la base militaire navale de Bizerte en Tunisie.
1964 : Rétablissement du président Léon M'ba dans ses fonctions après le putsch d’une partie de l’armée au Gabon.
1968-1972 : Opérations «Limousin» et «Bison» contre la rébellion du Tibesti au Tchad. L’armée française enregistre des pertes importantes. 39 tués dans les rangs français durant l’opération «Limousin» ainsi qu’une centaine de blessés.
1977 Opération «Verveine» en soutien au maréchal Mobutu contre la rébellion du Shaba.
1977 : Opération «Lamentin» de l’armée de l’air contre le Front Polisario en Mauritanie, dans le secteur du train minéralier Zouérat-Nouadhibou».
19 mai 1978 : Opération «Léopard» ou «Bonite». Les paras du 2e REP sautent sur Kolwezi au Zaire.
Les bérets verts du 2e REP de Calvi en Corse ont laissé leurs traces en Afrique, tout d’abord en Algérie, contre les maquisards du FLN durant la guerre d’indépendance, puis au Tchad pendant l’opération «Epervier» et sur bien d’autres champs de manœuvres africains. Mais en mai 1978, dans ce qui était alors le Zaïre, les hommes du 2erégiment étranger de parachutistes ont été accueillis comme des héros par les 3 000 civils de Kolwezi délivrés, en quelques heures, des rebelles katangais du FLNC (Front de libération national du Congo) qui faisaient régner la terreur dans la ville minière.

KOLWESI
Tout commence le 13 mai 1978, ce jour là des hommes en tenues camouflées envahissent la ville. Formés par des instructeurs soviétiques et cubains, ils viennent d’Angola. Ce sont de très jeunes soldats, arborant un tigre argenté comme insigne. Equipés de matériel d’origine soviétique, ils parviennent à mettre en déroute la garnison des FAZ (Forces Armées Zairoises) installée à Kolwezi. En France, le président Valéry Giscard d’Estaing décroche son téléphone. À Kinshasa, le président Mobutu est inquiet. Il voudrait bien régler l’affaire tout seul mais il sent bien que la situation risque de lui échapper. Seule une aide occidentale pourrait sauver l’unité de son pays et son pouvoir personnel. À Kolwezi la situation se détériore, les rues sont jonchées de cadavres. On commence à s’en prendre aux expatriés européens dont la plupart travaillent pour la Gécamines qui extrait les richesses du sous-sol katangais. Les Blancs accusés de mercenariat se cachent. Arrestations en masse, exécutions sommaires, il y a urgence, face aux hésitations de la Belgique. La France décide d’intervenir seule pour faire cesser les massacres. Entassés dans des avions cargos français et zaïrois, 500 paras du 2ème REP sautent tout prés du centre-ville. Il faut intervenir vite et frapper fort. L’aéroport aurait été une bonne zone de saut mais il est trop éloigné. Dans les rues, les rebelles «katangais », décrochent, abandonnant armes et matériel. 250 d’entre eux seront tués. La légion compte 5 morts et 20 blessés dans ses rangs. Finalement les paras belges arrivent à leur tour mais c’est presque après la bataille ! On découvre dans les caves des hôtels des dizaines de corps en putréfaction :  beaucoup de fonctionnaires jugés trop proches du régime Mubutu mais aussi des commerçants et des expatriés.
Sous le choc Français et Belges quittent Kolvezi et rentrent chez eux grâce à un pont aérien . Plus d’une centaine de civils européens, hommes, femmes et enfants, auront été tués durant ces jours tragiques de mai 1978 qui auront contribué à écrire la légende des paras de la légion étrangère.

1978-1980 : Opération «Tacaud» au Tchad pour contrer l'avancée du Frolinat (Front national de libération du Tchad) de Goukouni Oueddei (Weddeye).
LA CARTE DE L'OPÉRATION "TACAUD" CONTRE LE FROLINAT (1978-1980)

1979-1981 :  Opération «Barracuda» en Centrafrique qui destitue l'empereur/présidentBokassa et replace David Dacko au pouvoir.
1983 : Opération «Manta» au Tchad . 4 000 soldats français mobilisés en soutien au présidentHissène Habré face aux rebelles de Goukouni Oueddei (Weddeye).
Février 1985, les Jaguar bombardent la base aérienne libyenne de Ouadi-Doum (Wadi-Doum). Depuis Juin 2010 ce sont des Mirage qui sont stationnés à N'Djaména dans le cadre de l’opération «Epervier». Mais pour beaucoup de Tchadiens, l’avion le plus emblématique de la présence française dans ce pays reste le Jaguar tant ce chasseur bombardier aura été de «tous les coups en Afrique» durant prés de deux décennies.

LES JAGUARS, SYMBOLES DES INTERVENTIONS FRANÇAISES EN AFRIQUE
En ce début d’année 1985, le Tchad, confronté à de multiples rébellions depuis la fin des années 70,  est coupé en deux.
Au sud du 16e parallèle, le pays est controlé par les forces du président Hissène Habré soutenues par la France, alors qu’au nord de cette ligne, les dissidents du GUNT de Goukouni Oueddei (Weddeye) occupent le terrain avec l’aide de la Libye. Des vols de reconnaissance mettent en évidence des travaux dans une zone désertique au nord-est de Faya-Largeau : l’armée libyenne est en train de construire une base aérienne avancée qui met la capitale N'Djaména à portée des chasseurs-bombardiers libyens.
Les Français prennent l’affaire au sérieux d’autant plus que les photos aériennes laissent apparaître un déploiement important de radars et missiles sol-air d’origine soviétique dans le secteur et des affrontements au sol sont signalés dans l’est du pays. L’armée française décide de redéployer des moyens aériens sur les terrains de Bangui en RCA et de Libreville au Gabon.
Le 16 février, alors qu’il fait encore nuit, 11 avions Jaguar de la 11e escadre de chasse basée habituellement à Toul, décollent de Bangui . Après plusieurs ravitaillements en vol, et alors que le soleil est déjà haut, ils repèrent la base libyenne et attaquent la piste en rase motte avec des bombes anti-pistes. Les défenses ennemies restent muettes. Plusieurs bombent atteignent leur cible coupant la piste libyenne, en plusieurs endroits. Tous les avions français rentrent normalement à leur base.
La réaction du colonel Kadhafi ne se fait pas attendre, dés le lendemain, un bombardier Tupolev à long rayon d’action attaque la base de N'Djamena. Une bombe endommage légèrement la piste, mais ne fait pas de blessés…Les Jaguars reprendront très vite du service, avant de quitter définitivement l’Afrique dans les années 90.

1986 : 150 parachutistes français débarquent en renfort au Togo suite à une tentative de coup d'État contre le président Gnassingbé Eyadéma.
1989 : Opération «Oside» aux Comores après l’assassinat du président Ahmed Abdallah et la prise de contrôle du pays par les mercenaires de Bob Denard (extrait du documentaire Bob Denard, profession mercenaire de Thomas Risch. 2005).
1990-1993 : Mission «Noroit» au Rwanda pour protéger le régime du président Juvénal Habyarimana contre une attaque des rebelles du Front patriotique rwandais.
1992-1993 : Opération «Oryx» en Somalie (En mission avec l'ALAT, témoignage de Jean-Luc Brissau, pilote d'hélicoptère). L'opération sera placée ensuite sous le commandement américain de la mission «Restore Hope».
1993 : Opération «Bajoyer» au Zaire. Evacuation des ressortissants français. Kinshasa connaît des émeutes initiées par les militaires. L'ambassadeur de France Philippe Bernard et l'un de ses collaborateurs zaïrois ont été tués.
1993 : Opération «Chimère et Volcan» formation de l’armée rwandaise.
1994 : Opération «Amaryllis». Evacuation des ressortissants européens alors que le président Habyarimana vient d’être assassiné et que débute le génocide. (Témoignage de l'amiral Jacques Lanxade, chef d'état-major des armées de 1991 à1995, Invité Afrique du 7/8/2008)

Juin 1994
, Opération «Turquoise». L’armée française face au génocide rwandais. Enquête, contre-enquête, plaintes contre l’armée française... Seize ans après le génocide rwandais, le rôle de l’armée française au Rwanda est toujours un sujet de controverse : d’une part, car avant le génocide et en vertu des accords de coopération militaire signés avec le Rwanda, la France avait formé, entrainé et équipé une partie de l’armée rwandaise qui se retrouvera au printemps 1994 impliqué dans les massacres de Tutsis et de Hutus modérés, et d’autre part parce que l’intervention française à la demande de l’ONU, n’a débuté que le 22 Juin 1994, soit deux mois et demi après le début des massacres à grande échelle.

"OPÉRATION TURQUOISE"
Le réalisateur Alain Tasma se penche sur les ambiguïtés de l'intervention française au Rwanda en 1994.
C’est la résolution 929 de l’Onu qui lance l’opération «Turquoise». En réalité les Français ne sont pas seuls, puisqu’un demi-millier de soldat africains acceptent de participer à la mission ce qui fait un total d’environ 3000 millitaires : des légionnaires, et des éléments français venus du Gabon, et de Centrafrique. Pour les vols logistiques depuis la France, l’armée française va prendre conscience de la faiblesse de ses moyens de transports stratégiques, puisqu’elle devra louer des gros porteurs Antonov 124. Pour la première fois, des avions géants ukrainiens se posent à Istres dans le sud de la France pour acheminer le matériel nécessaire au cœur de l’Afrique. Sur place, à des milliers de kilomètres de là, les Français décident d’entrer au Rwanda par Gisenyi au nord ouest et Cyangugu au sud-ouest. Objectif affiché: arrêter les massacres et protéger la population.
«Turquoise» n’est pas une force d’interposition, elle doit rester neutre, ne doit pas s’impliquer dans les combats et ne doit pas chercher à désarmer et arrêter les génocidaires hutus. Cette «impartialité» sera rapidement dénoncée par les ONG. Le mandat reste insuffisant pour mettre fin au génocide. Les Français décident d’imposer une zone humanitaire «sûre» afin d’empêcher les combats entre l’armée rwandaise et la rébellion tutsie du FPR.  Le Front patriotique rwandais qui mène l’offensive depuis l’Ouganda, gagne du terrain. Il s’empare finalement du pouvoir, poussant les génocidaires de l’autre côté de la frontière dans l’est du Zaire qui allait bientôt devenir la RDC.
À Bisesero dans la zone centrale de l’opération «Turquoise», l’armée française évacue début Juillet, 600 rescapés Tutsis, mais en 2005, elle est accusée par six survivants rwandais d’avoir tardé à intervenir et de porter la responsabilité de la mort de plusieurs dizaines d’autres Tutsis assassinés par les milices hutues dans cette même zone (voir extrait du film Opération Turquoise, ci-dessus). En France le Tribunal aux armées de Paris (TAP) est en charge de l’affaire.


Au final, beaucoup de soldats français -et une bonne partie de l'opinion publique- ne garderont en mémoire, qu’une seule image de l’opération : des bulldozers poussant des dizaines de cadavres dans des fosses communes afin d’éviter les épidémies au sein des populations hutues,refugiées au Zaïre. Aujourd’hui encore, certains militaires français, envoyés au Rwanda à cette époque, restent traumatisés par les horreurs qu’ils ont vus dans ce pays. En 2010, le général Lafourcade qui commandait l’opération française, plaide non coupable dans son livre intitulé Rwanda 1994, publié aux éditions Perrin.
1995 : Opération «Azalée» aux Comores. Bob Denard et ses mercenaires ont renversé le président Saïd Mohamed Djohar. L'armée française neutralise Bob Denard, le ramène en France où il est emprisonné. (détails de l'opération «Azalée» en anglais et dans l'historique du patrouilleur français La Boudeuse, en français).
1996-2007 : Opération «Aramis» au Cameroun, soutien de l’armée camerounaise en lutte contre le Nigeria pour le contrôle de la presqu’ile pétrolière de Bakassi.
1997 : Opération «Pélican» au Congo-Brazzaville pour évacuer les ressortissants étrangers durant la guerre civile .
1998 : Opération «Malachite» évacuation des ressortissants français de Kinshasa.
2002 : Début de l'opération «Licorne», force de maintien de la paix, en Cote d’Ivoire suite à unerébellion qui menace le pouvoir du président Laurent Gbagbo. Cette intervention précède les accords de Marcoussis entre les forces politiques ivoiriennes, en janvier 2003.
2003 : Opération européenne «Artemis» dans l’est de la RDC.
2004 : Destruction des aéronefs de l’armée ivoirienne après le bombardement de Bouaké dans lequel 9 soldats de la force Licorne vont trouver le mort et 35 autres sont blessés.  Evacuation des ressortissants français. Les soldats  tirent sur la foule lors de manifestations anti-françaises. L'opération «Licorne» est également entachée par l'affaire  Firmin Mahé.
2006 : Soutien à l’armée tchadienne face aux rebelles (dispositif Epervier). L’aviation française effectue une tir de semonce devant une colonne rebelle à 250 km de N'Djamena.

DOSSIER SPÉCIAL 50 ANS DES INDÉPENDANCES AFRICAINES
© J-B. Pellerin
2008
 : Protection de l’aéroport de N'Djamena et évacuation des ressortissants français au Tchad. Echange de tirs entre l’armée française et les rebelles près de l’aéroport.
2008 : Soutien logistique à l’armée djiboutienne à la frontière érythréenne.
2008 : Début de l’opération européenne de lutte conte la piraterie «Atalante» dans le golfe d’Aden.
 _______________
Source : Que fait l’armée française en Afrique ? Raphael Granvaud aux éditions Agone.
À consulter :
- le Répertoire typologique des opérations extèrieures de l'armée française (jusqu'en 2003). Division Recherche et Retour d'expérience. Armée de terre/Ministère de la Défense.
Powershift and strategic adjustement in French military engagement in Central Africa, article de Anatole Ayissi, dans African Journals (1999).
Question à l'Assemblée nationale française sur le coût des opérations extèrieures (OPEX et missions humanitaires) par Eric Raoult et réponse du ministère le 7/12/2004)
L'armée française sur tous les fronts (article MFI-hebdo du 15/9/2006).
Les opérations d'évacuation des ressortissants (document ECPAD juin 2009). Document technique mais avec de nombreuses photos.
Chronologie des interventions françaises en Afrique établie par le quotidien Le Monde (1983-2006)


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