A ceux qui s'inquièteraient de voir Hillary Clinton transformer Foggy Bottom [quartier du Département d'Etat, le ministère des Affaires étrangères, à Washington] en une forteresse consacrée à son agenda personnel et à ses propres ambitions, j'ai une réponse en deux mots: James Jones.
Tout ce que le président-élu Barack Obama a dit et fait ces dernières semaines va dans le sens d'une administration conduite à partir de la Maison Blanche. Et le choix de James Jones comme Conseiller national à la sécurité indique que ça sera largement le cas s'agissant de la politique étrangère et des affaires militaires.
Ce général quatre étoiles à la retraite, avec quarante ans d'expérience dans les Marines, a été commandant d'unité au Vietnam, chef d'un corps expéditionnaire chargé de protéger les Kurdes d'Irak après la première guerre du Golfe en 1991, chef d'état-major de la structure chargée d'aider la Bosnie-Herzégovine, et, son dernier poste, chef d'état-major de l'Otan en Europe, le Saceur, jusqu'à sa retraite l'an dernier.
Dans sa vaste expérience, il a été chargé des liaisons du corps des Marines avec le Sénat américain, chef adjoint des opérations et de la planification au quartier général des Marines et conseiller militaire du dernier Secrétaire à la défense de Bill Clinton, Richard Cohen.
En d'autres termes, il connait tous les couloirs, les antichambres et les placards sombres de la sphère de la sécurité nationale américaine.
"La main qui, dans l'ombre, gardera le cap"
Ses anciens collègues utilisent tous les mêmes termes pour le décrire: "Très malin, très organisé, méthodique, volontaire." Il est significatif que Barack Obama ait eu recours récemment aux conseils de deux autres généraux à la retraite qui ont été Conseillers nationaux à la sécurité: Colin Powell et Brent Scowcroft.
Anthony Zinni, un général de Marines à la retraite, qui connait Jones depuis trente ans et a suivi une carrière similaire, m'a dit qu'il voyait en lui un Conseiller à la sécurité du type Scowcroft. C'est-à-dire, a-t-il expliqué:
"Il travaille dur pour établir un consensus, et a beaucoup de patience. Il ne cherche pas la confrontation, mais n'évite pas nécessairement le conflit. Il ne cherche pas les projecteurs, mais sera la main qui, dans l'ombre, gardera le cap."
"Garder le cap", c'est exactement ce que George Bush a été incapable de faire pendant les six premières années de son règne, jusqu'à ce que Robert Gates [confirmé par Barack Obama à son poste à la défense, ndlr] ne remplace Donald Rumsfeld au Pentagone. En conséquence, la politique a dérivé, les informations ont été étouffées, les voix dissonantes ont été bloquées et, parfois, les décisions du Conseil national de sécurité (NSC) étaient tout simplement ignorées ou contredites en douce.
Rumsfeld, en particulier, a pu s'en tirer avec cette attitude -se permettant par exemple d'empêcher toute prise de décision en s'abstenant de venir à trois réunions consécutives du NSC...- parce que Condoleezza Rice, la Conseillère à la sécurité du premier mandat de Bush, était faible. Rumsfeld, un combattant aguerri des luttes intestines, avait ses propres cercles autour de lui, et Bush n'a jamais voulu le rappeler à l'ordre.
Parions que ce type de manipulations et de chaos ne sera pas toléré par le Général Jones.
Sa mission: faire appliquer les décisions du Président
En présentant son équipe de sécurité nationale, lundi, Barack Obama a souligné qu'il aimait être entouré de "fortes personnalités ayant des opinions fortes". Jones en fait assurément partie.
Alors qu'il était encore officier d'active, il a décliné deux propositions de postes importants qui lui étaient faites par le président Bush, car il était en désaccord avec la politique irakienne de l'administration. Mais sa mission principale auprès d'Obama sera de faire en sorte que, une fois les décisions prises, toutes les "fortes personnalités" en question appliqueront les décisions du Président.
Il est peu probable qu'Hillary Clinton soit en désaccord avec ce point de vue -et pas seulement parce qu'elle apprécie la personnalité du Général Jones. Même si elle a d'abord en tête son propre avenir politique, elle a suffisamment lu d'histoire politique pour savoir que les Secrétaires d'Etat les plus réputés sont ceux qui ont été en phase avec leur Président -pas ceux qui ont été en désaccord avec lui.
Si je me trompe, et si elle se laisse aller à des penchants manipulateurs, le principal obstacle sur sa voie sera soit Obama lui-même, soit, certainement, le Général Jones.
En partenariat avechttp://my.barackobama.com/page/dashboard/public/gGWdjc
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